Novembre - Mars
Chaque action a des conséquences, quel qu’elles soient. C’est ce qu’a appris à ses dépends l’Ordre Noir après la mission dans les Bermudes. Mission. Est-ce seulement le mot ? Non seulement les pertes furent énormes mais l’innocence s’est enfuie et les troupes sont rentrées bredouilles. Ce fut un coup dur pour les membres et malgré les efforts des dirigeants, le souvenir de ce combat est encore bien ancré dans les mémoires et les cauchemars.
Mais les conséquences ne furent pas qu’internes. Malgré les précautions et la discrétion de la Congrégation, la population locale s’est bien évidemment retrouvée impliquée. Les habitants des villes voisines ont eu vent des évènements. Bien sûr, ce n’étaient que de simples rumeurs, bien en dessous de la réalité des faits. Mais petit à petit, ces rumeurs ont gonflé et la peur a gagné les cœurs.
Les pêcheurs ont refusé de reprendre la mer, certains parlant de monstres marins, d’autres clamant avoir vu les âmes des disparus errer à la surface de l’océan. Si les plus vieux d’entre eux sont restés, attendant que tout reviennent à la normale ; les plus jeunes, eux, ont décidé de rejoindre les villes. Ils ont des familles à nourrir et ne peuvent se permettre de rester coincés au port trop longtemps.
Surpris par ces arrivées soudaines, les citadins se sont vite acclimatés aux premiers migrants. Après tout, ils n’étaient que quelques uns et il y avait bien de la place dans les usines pour les accueillir. Mais, encore une fois, tout ne devait pas se passer correctement. Car bientôt, les familles arrivèrent aussi. Puis, ce furent les commerçants : les villages se vidant, ils se sont retrouvés obligés de fermer boutique.
On ne sait combien de temps cette situation durera, combien de temps il faudra aux marins pour oublier et à la peur pour disparaître, mais il faut espérer que ce sera sous peu. Car les citadins sont las de ces paysans sans manières qui sont ivres du matin au soir et viennent grossir les tas de mendiants dans les rues.
De tout cela, l’Ordre Noir n’en a jamais eu vent. Après tout, ça ne les concernait pas. Mais un jour, une nouvelle lettre arriva. Elle était un peu en retard, la faute à l’océan atlantique et ses dangers croissants. Une lettre arriva, donc, portant un message peu rassurant. Dans les rumeurs populaires et les histoires de ceux qui jurent avoir assisté au combat, on ne parle que d’une seule chose : les uniformes de la congrégation et la rosace en argent sur leurs poitrines.
Et ces uniformes, les pêcheurs et villageois les détestent. C’est uniquement de leur faute si tout ceci est arrivé. De leur faute si les bateaux partis les accompagner ne sont jamais revenus, si les mers sont hantées et les pêches infructueuses. Ils ont maudit les environs, c’est certain.
Résumé : Après l’intrigue des Bermudes, les villageois et pêcheurs ont pris peur. Plusieurs rumeurs ont commencé à se répandre, et les habitants ont peu à peu quitter les côtes pour rejoindre les villes. Ces dernières, non préparées à les recevoir commencent à saturer et certaines tensions peuvent apparaître entre citadins et immigrés. Enfin, les exorcistes ont marqué les esprits et sont tenus responsables des malheurs arrivés depuis le combat.
Février - Mars
L’Homme pense avoir dompté la forêt amazonienne et ses habitants. Il pense avoir exploré chaque parcelle de terre et tout connaître. Mais l’Homme, comme souvent, se trompe. Il ne sait rien de cette immensité verte à côté de laquelle il habite. Il ne connaît ni sa faune ni sa flore et encore moins les mystérieuses tribus qui vivent en son sein. En réalité, il s’en moque un peu, l’Homme, de toute savoir. Il est ancré dans son quotidien et se contente d’articles scientifiques ici et là.
Mais aujourd’hui, l’Homme est bien obligé de s’y intéresser de nouveaux. Car l’Homme est en train de disparaître, petit à petit, mangé par la forêt. Des habitants des villes les plus proches de la jungle ou encore des explorateurs voulant se faire un nom ont disparu. Personne ne sait ce qu’il leur est arrivé, aucun reste n’ayant été retrouvé.
L’Ordre Noir et l’Arche se sont penchés sur la question, mais aucunes innocences ou créatures démoniaques ne semblent être liées à ce mystère. Ils s’en sont donc détournés, laissant les autorités locales faire leur travail. Sauf que ces dernières ne savent quoi faire. Elles n’osent plus envoyer de troupes, de peur de les perdre comme elles ont perdu tant d’hommes jusque là. Quant aux gouvernements, ils n’ont pas de temps à consacrer à des peurs ridicules et des disparations qui, bien que tragiques, n’ont rien d’extraordinaires non plus.
Tout ce qu’il reste à l’Homme, maintenant, c’est une peur et une colère grandissantes. Une colère contre l’Autre. Bientôt, on n’accuse plus la nature mais celui vivant à nos côtés. Celui un peu différent, celle qui serait une sorcière ou simplement ceux ne parlant pas notre langue. Les tensions sont encore tacites mais elles ne sauraient tarder à exploser.
Résumé : Des disparitions ont lieu dans les villes et villages entourant la forêt amazonienne, auxquelles s’ajoutent les disparition des expéditions envoyées au cœur de la jungle. Il ne s’agit ni d’une innocence, ni d’un akuma et la raison de ces disparitions reste inconnue de tous. Les populations, effrayées, cherchent un coupable. Les ethnies étant diverses dans cette région, cette peur risque d’accroître significativement le racisme.