Long time no see [ft LIly]

« Bonsoir » murmures tu presque en entrant dans la boutique. Tu as l’impression qu’il y a une éternité maintenant que tu n’as plus mis les pieds ici, et ça te ferait presque du bien d’être enfin de retour. Les choses reprennent leur cours. « Bonsoir Monsieur Ming, comment allez vous depuis la dernière fois ? »

« Bonsoir Miss Pennyworth. Je vais bien et vous ?
Bien également, merci » Ce n’est pas beau de mentir, te souffle Ars.
« Il y a longtemps, que je ne vous ai pas vu dans la boutique. Que puis-je faire pour vous ce soir ? »

« Les deux, sans aucun doute. » réponds tu doucement, comme à ton habitude. « Je cherche une belle horloge ou une jolie montre, pour offrir à un ami. Et je ne dis jamais non à une conversation agréable vous savez. »

« Vous savez que la conversation ne me dérange pas, les visites se font bien rares à une heure aussi tardive. Sélectionnons ce que vous souhaitez offrir à votre ami. Si vous trouvez votre bonheur pourrais je vous offrir une tasse de thé?
Tout est absolument magnifique, c’est difficile de choisir vous savez » réponds tu en souriant, sincèrement amusée. Ses montres et horloges sont incroyables et, encore une fois, tu les voudrais toutes. Mais il faut faire un choix. « Hm … Je pense que je vais vous prendre celle-ci, avec les gravures de fleurs. » Le pauvre Léon finit toujours avec une couronne de fleurs lorsqu’il croise ta route, alors comme ça il saura que ça vient de toi. « Quant au thé, j’accepte avec plaisir, merci beaucoup. Mais je vais vous aider à le servir, ne le faites pas tout seul. »

« ça fait bien longtemps que je n’ai pas fait une telle chose » glisses tu dans un soupir, avant de reprendre avec un peu plus d’entrain « Alors dites moi, quelles histoires incroyables sont arrivées jusque vos oreilles ? Je refuse de croire que tous ces objets magnifiques n’aient aucun passé et encore plus d’imaginer qu’il puisse vous être inconnu. »

« Je dois bien avoir quelque chose d'intéressant à vous raconter Miss. Commençons par l’horloge que vous avez choisie. » Tout doucement, tu lèves les yeux de ton papier pour les porter sur l’horloge qu’il indique « L’objet est en ma possession depuis quelques années déjà, je suis ravi qu’il vous ait attiré. J’ose espérer que son futur propriétaire apprécie sa valeur. Selon ce qu’on a pu me dire, le mécanisme en lui-même serait de fabrication suisse. Il est précis, mais doit être remonté assez souvent. Le bois à naturellement cette teinte rosée, si mes souvenirs sont bons, cette essence est appelée Alisier.
Oh je connais cet arbre, je me rappelle avoir lu quelque chose sur lui dans l’un des livres de m- » de ta mère. « Enfin peu importe, c’est une jolie plante, voilà tout. Et ne vous en faites pas, mon ami était lui-même horloger, il saura prendre soin d’un si bel objet, je n’en doute pas. Mais c’est touchant, vous savez, l’importance que vous portez à chacun des objets ici. Quand on y réfléchit, ils sont votre trésor, en quelque sorte. Ce qui fait de vous un dragon. »

« Mais un joli dragon. Noble. » De ceux très anciens remplis de sagesse et de bienveillance – ce dont le commerçant ne manque visiblement pas ce soir.  « De ceux qu’on oublie souvent dans les histoire » termines tu, tout en mettant un point final à ton croquis – un dragon, lui aussi.

« Je ne prends aucune offense à la comparaison, mais je ne suis pas digne d’une telle comparaison.
Sûrement parce que Londres n’a jamais connu de sécheresse » réponds tu simplement, un sourire doux aux lèvres. « Je n’ai jamais été en Chine, ni même dans aucun pays d’Asie en vérité. » continues tu comme si de rien n’était, tout en ajoutant un peu d’orangé sur ton dessin. « Je m’étais mise en tête de faire le tour du monde vous savez, c’est pour ça que je suis partie à l’origine. Mais, au final, je me suis arrêtée en Allemagne. »

« Et voilà. » Satisfaite du résultat, tu poses enfin ton carnet sur la table et enroules tes mains autour de ta tasse. « Et vous, monsieur Ming, avez vous déjà eu l’envie de quitter cette ville et de parcourir le globe ? »

« Un tour du monde est un bien beau rêve Miss. Pourquoi vous être arrêté là-bas ?
J’ai croisé un petit garçon qui avait besoin de moi et, maintenant qu’il m’a apprivoisée, je n’ai pas le coeur à repartir » réponds tu sans l’once d’une hésitation, un sourire attendri dessiné sur les lèvres, comme à chaque fois que tu parles de ton bout d’homme.

« Mais… Peut-être qu’un jour mes pas me mèneront de nouveau en Chine.
Je vous le souhaite. Sincèrement. Et si vous avez besoin, je serais ravie de tenir votre boutique en votre absence. Oh, je ne suis pas bien sûre d’être aussi bonne vendeuse que vous ... » tu marques une pause, sourcils légèrement froncés et regard perdu dans le vide, avant de reprendre « Non, je suis même convaincue d’être une piètre vendeuse, en vérité. Mais je mettrais du cœur à l’ouvrage et je prendrais soin de votre trésor » termines tu dans un sourire.

« Enfin, pas que je souhaite vous voir partir bien sûr ! » rajoutes tu d’un seul coup, te rendant compte de tes mots « Je suis toujours heureuse de passer un peu de temps en votre compagnie et vous me manqueriez si vous partiez. » Voilà que tu brasses l’air d’une main embarrassée, avant de conclure avec maladresse « Enfin. »