Back from hell

La Norvège. C'est beau. Même s'il y fait un peu trop froid à mon goût. Mais c'est beau quand même. Même si le ciel est un peu trop gris à mon goût. Mais c'est beau quand même. Même si les gens sont un peu trop pâlots comme des culs à mon goût. Mais c'est beau quand même.
Ouais en fait, dès que j'arrive dans un nouveau pays, je trouve ça beau de toute façon. Et puis bon, je ne mens pas ! C'est beau. Mais chaque chose a ses défauts -heureusement, la perfection c'est un peu ennuyant.
La Norvège, je n'y suis jamais allé. Même en mission, même en vadrouille, il restait une punaise sur mon planisphère à mettre quelque part. Alors la Norvège ! Et hop, c'est parti m'y voilà !

J'apprécie cette nouvelles liberté qu'on m'offre. Ouais j'avais presque oublié ce que c'était, la liberté. Aller où mes ailes me portent, sans avoir un couillon qui me rappelle dès que je m'éloigne un peu trop pour lui. Depuis que je suis chez Cassidy, ma nouvelle "Mam's" je suis bien plus libre qu'avant, et je n'ai plus à supporter l'harcèlememt du pervers. Je lui serai éternellement reconnaissante pour ça... Jamais je n'aurai cru rencontrer une Noé aussi géniale qu'elle, c'est la meilleure. Si je ne l'avais jamais rencontrée... Je ne serais pas en train de vadrouiller ou je veux à l'heure qu'il est. Oh non, et la Norvège me serait passée sous le nez.
Il faut que j'apporte un petit souvenir à Cassidy d'ailleurs ! Elle doit surement être encore trop occupée avec ses devoirs de Duchesse et de Noé, tout ce gros bordel là. Même plus le temps de respirer et en plus de ça elle a des invités qui foutent le bordel dans la maison. La misère, moi je vous le dis.

Regonflée à bloc, je parcourais les rues totalement inconnues de la ville. Je crois que je suis à la capitale. Ca s'appelle Oslo il me semble. Tout le monde parle une langue que je ne connais pas et je ne sais rien lire du tout.
Mais c'est génial ! J'ai franchement l'impression d'être une vagabonde, une aventurière plongée en milieu inconnu, l'adaptation, l'observation, l'apprentissage, tout ça, ça fait partie du métier ! Alors je me fonds dans la foule, bien trop entousiaste. Je sens que ça va être une journée splendide !

Et ça l'est ! Enfin, elle n'est pas terminée. Mais j'ai une envie étrange d'un coup. Enfin pas si étrange, moi je la trouve normale.
J'ai envie de brûler quelque chose. Sentir cette délicate odeur de fumée, voir les flammes danser, brûler, dévorer ! Le feu, magnifique, créateur et destructeur dans toute sa splendeur !
Mais je n'qi pas envie que ça fasse des dégâts. Je suis là pour profiter, ok ? Je ne suis plus une akuma qui ne pense qu'à tuer. Après tout, je suis la fille de la Révolte.
Alors je repère exactement ce qu'il me faut. Une petite ruelle sombre, vide à part des poubelles. Bingo !
J'utilise le briquet de mon père pour mettre feu à ce qu'il y a à l'intérieur -je préfère quand le feu n'est pas provoqué par ma matière noire, ça le rend encore plus naturel. Immédiatement, les détritus prennent feu, et les flammes, d'un rouge hypnotisant, s'élèvent, grandissent. Et moi, je suis là, devant, à observer ce magnifique feu prendre vie, à sentir cette délicate odeur de brûlé. Je le fixe, mes yeux ne se détachent pas de leurs flammes, qui étrangement réussissent à m'apaiser complètement l'esprit. Et je souris. Et je ris.
La pyromane dans toute sa splendeur.

Brule brule brule ! C’est ça haha ! Vas-y, laisse les flammes tout dévorer, grandir, grandir, cette odeur de brûlé te chatouiller les narines, observer les flammes danser rien que pour toi, et...

-Francesca ?

Je sursaute en entendant l'interpellation. Mais surtout, le prénom.
Francesca.
Francesca, c'est cette amie qui restera toujours dans mon cœur -a côté de Mary- et dont je ne pourrai jamais oublier le visage. Imprimé sur moi, comme pour me rappeler pour toujours la malédiction qui nous lie.
Akuma.
Voilà ce que nous sommes devenues. Akumas, machines mécaniques, une âme dans un corps qui ne lui appartient pas, obligée d'expier ses fautes pour avoir tué l'être qui lui tenait le plus à cœur.
Un monstre. Je suis un monstre... Hein, Francesca ?
Qu'est-ce qu'un monstre fait aussi loin de chez lui ?

Je me retourne donc pour voir qui est la personne qui m'a -l'a- interpellée.
Et, malgré les années passées, malgré les kilomètres qui nous ont séparées, malgré la vie qui nous a brisées, je la reconnais tout de suite.

-HILDA !!!

Je commence à me précipiter vers elle, trop contente de la voir, parce que je pensais ne plus jamais la revoir en fait, mon amie d'enfance, celle qui a toujours été là pour me soutenir, toujours là pour se débrouiller pour me voir à l'hôpital psychiatrique, même à ma mort elle n'a jamais cru en eux...
A...
Ma Mort.
Je suis morte.
Morte a ses yeux.

Je me stoppe brutalement, le regard toujours grand écarquillé.
"Francesca". Et pas "Phoenix". Mais oui bien sur je...
Pendant un instant j'aurai presque oublié que je suis un monstre...
Je reste donc immobile, ne sachant que faire. Il y a un gros bug dans mon cerveau. Je... Je suis tellement contente de la revoir. Je veux lui demander un tas de trucs, qu’est ce qu'elle devient, depuis toutes ses années, ou est ce qu'elle a voyagé, quelles missions elle a rempli...
Et pourtant. Je sais que je ne peux pas. Je ne veux pas qu'elle sache que... Que je suis devenue une arme mécanique. Alors je...
Je vais être Francesca.
Parce que je veux la protéger de tout ça.
Et... parce que je ne veux pas qu'elle me déteste.

-Hilda... Ça alors ça fait si longtemps !

Je ne dois pas être Phoenix. Je dois être Francesca.
Mes yeux deviennent humides. Mais je ravale les larmes.

-Je ne m'attendais pas à te croiser ici, mmh... Alors dis-moi qu'est-ce que tu deviens depuis le temps ?

Et le feu derrière moi, qui brule toujours.
Moi ? Une pyromane.