jamais la confidence
de regretter sa vie d’avant.)
Quatre mois. Quatre mois qu’elle avait déserté la congrégation de l’Ombre pour retourner dans sa ville natale. Quatre mois qu’elle tentait de reprendre sa vie là où elle l’avait laissée six ans plus tôt. La tâche n’était pas aisée — Shanghai avait énormément changé depuis son départ, et pas en bien. L’impact de la forte présence européenne et les nombreuses concessions étrangères établies avaient été source de nombreuse révoltes dont la ville souffrait encore aujourd’hui. Plus que les akumas, c’étaient les gangs, ici, qui faisaient la loi — et bien souvent, l’un et l’autre étaient étroitement liés. Quitter l’Ordre Noir n’avait pas suffit à Xin-Yao pour fuir la guerre, la rendait à peine plus libre de ses choix — lorsque son père avait appris son retour, il avait tenu à reprendre le marché lucratif que lui permettait sa fille avant son départ. En échange de quelques yuan, l’Araignée utilisait son Innocence pour soigner des gens venus parfois de toute la Chine.
Aujourd’hui n’était pas différent des autres jours. Assise sous une tente vaguement dressée pour l’occasion, la chinoise s’occupait tour à tour des nombreux clients venus la voir — on lui apportait souvent du bétail, qui demeurait encore la principale source de revenus des familles les plus modestes. Pouvoir sauver une bête blessée par un loup valait bien les quelques pièces demandées par le père Zhu — ce dernier était d’ailleurs présent, posté à l’entrée de la petite habitation ; chargé d’assurer l’ordre dans la longue file d’attente.
Chargé de protéger sa fille, aussi — ils étaient nombreux à convoiter son pouvoir.