Seule dans les rues silencieuse de ta ville, où le brouillard est venu étendre son grand manteau gris, tu regardes ta petite maison au loin. En vérité, il n’y a que ses fenêtres éclairées qui sont visibles — le reste se perd dans le noir de la nuit — ce qui lui donne des airs de bateau fantôme. C’est étrange, mais observer ta maison-bateau t’apaise et vient taire l’angoisse qui s’était logée dans tes entrailles — une angoisse comme celles qui parsèment tes jours blancs (pourtant aujourd’hui n’était pas blanc (aujourd’hui était comme tous les autres aujourd’hui (à la différence que aujourd’hui tu avais eu une mauvais pressentiment qui ne t’avait pas quitté (et une angoisse blanche))). La fumée de ton souffle, blanche elle aussi, quitte tes lèvres et vient se mêler à l’épais brouillard qui t’entoure. Un peu plus et tu pourrais t’en enrouler, te constituant ainsi un grand manteau gris dans lequel cacher toutes tes hontes, tous tes mensonges, tous ces fantômes, et échapper à la grande peur qui se cache sous ton lit et dans les ombres de ton plafond. Tu pourrais même devenir brouillard toi-même — ne l’es tu pas déjà ? On marche derrière toi et, aux aguets, tu te retournes cherchant des yeux l’imprudent venu troubler ton absence. Si tu n’aperçois d’abord qu’une silhouette, les traits qui finissent par se dessiner à la lumière tremblotante et faiblarde du réverbère te font froncer des sourcils et pester dans ton col. « Vous n’êtes pas d’ici, qu’est-ce qui vous amène ? » La politesse sera pour une autre fois. Tu jettes des coups d’oeil alentours, aux fenêtres éteintes et les regards indiscrets qu’elles cachent « Vous devriez passer votre chemin ou vous faire discret si vous n’êtes que de passage. » souffles tu finalement.L’Omble a des angoisses Blanches mais sa colère est Noire — et alors la Grise est. |
GASMASK |
Contre-Temps (let me teach you) || Lunam
Re: Contre-Temps (let me teach you) || Lunam
As-tu réussi Lunam ?
Que devais-je réussir ? Observer, étudier, attendre, noter, mémoriser, écouter. Tuer. Obéir, encore. Oui, c’était ce que je devais réussir. Cette fois encore, comme les autres fois et les fois futures. Réussir car c’est ce qui m’est demandé, parce que c’est ce qu’on attend de moi. Parce que c’est ainsi que mon chemin fut tracé, se trace et continuera. J’ai obéis, j’ai fais ce qui m’était demandé.
Il y a du rouge Lunam. Pourquoi autant ? Ta vue ne se brouille t’elle pas ? Regarde le sol...il est rouge.
Je ne...comprend pas….Réussi…
Alors regarde toi Lunam, regarde tes mains. Regarde ton flancs. Regarde, sent et ressent. Ce filet de sang qui coule de ta bouche. Regarde et ressent. Regarde et écoute. Tu le sais. Il n’y a pas de hasard.
Pas de hasard, jamais de hasard. Blessé...je le suis. J’ai perdu. Cette fois. J’ai tué mais j’ai perdu.
Que cherches-tu Lunam ? Lève les yeux et regarde. Regarde cette maison fantôme au loin, tu le sais, tu le sens. Regarde la, cette jeune femme que tu suis. Parle Lunam. Parle ou tu ne reverras pas l’aube.
Je te vois sans te voir. C’est flou. Trop flou. Je dois te dire, je dois te parler.
“Central...blessé...je…..soins….”
Misérable.
Re: Contre-Temps (let me teach you) || Lunam
L’homme titube et tu n’apprécies guère ce que tu vois — car déjà, avant même qu’il n’ait eu besoin de dire quoi que ce soit, tu sais (tu sais que, une fois encore, la guerre est venue se perdre dans ta ville (tu sais que, une fois encore, tu vas devoir ouvrir ta porte mais garder les lumières éteintes (tu sais que, une fois encore, tu vas te mettre en danger, parce qu’il le faut))) — avant de prendre la parole, d’une voix éteinte où résonne l’urgence. « Central...blessé...je…..soins… »Sans un mot, sans un bruit — ils attireraient les charognards — tu enlèves ton grand manteau noir (frissons le long de ton dos) pour l’en envelopper et cacher, autant que faire se peut, son identité. Puis tu passes un bras autour de sa taille et l’emmènes à ta suite, lui soufflant simplement de ne pas s’inquiéter. Tu sais qu’il ne peut aller vite mais ignores cette information et presses le pas, tant que vous êtes dehors vous êtes tous les deux en danger. Ce n’est qu’après avoir passé ta lourde porte que tu te détends, un temps. Lâchant le jeune homme, tu te remets déjà en mouvement, courant dans tous les sens à la recherche de quoi le soigner correctement. « Allongez vous sur le sofa et déshabillez vous. » ordonnes tu, grave, alors que tu mets la main sur une bouteille d’alcool et une boîte d’allumettes et reviens vers lui « Montrez moi. » conclues tu, te faisant plus douce. |
GASMASK |
Re: Contre-Temps (let me teach you) || Lunam
Une aide providentielle sur ton chemin Lunam. Une chance aussi insolente alors que tu ne mériterais que de mourir là, sur le sol. Seul. Pour avoir laissé tes pensées partir où elles ne devaient pas aller. Pour avoir, une énième fois, pensé à lui, instant d’inattention qui te coûte maintenant.
Il ne quitte pas pensée. Je ne peux pas le faire partir ou je me perd moi-même.
Tu es déjà perdu Lunam. Dans ce labyrinthe que l’on appelle les sentiments. Dans ce dédale que porte un nom que tu as encore bien du mal à assimiler, tellement contraire et inconnu sur ta route.
Mais tu es en vie Lunam, tu respire encore et tu viens de tomber sur une partisante. Une aide sous cette pluie glaciale. Alors tu te laisses faire. Une femme. Oui, c’est une femme mais pourtant tu n’as aucune énergie pour aller contre elle. Tu ne ressent rien, pas même l’envie de la repousser.
Tu es vide Lunam. A cet instant. Simple poupée de chiffon sans volonté. Ton regard d’ailleurs est déjà perdu bien que tu comprennes le sens des paroles qui te sont adressées. C’est donc avec lenteur, à cause de tes nombreuses blessures, que tu obéis et retires jusqu’à ta chemise, laissant la dame faire son travail.
Si vous y parvenez. Les lames ont tranchées dans le vif, nombreuses. Bras, je le sens, torse aussi et dos, surtout le dos. Trop.
Oh oui, le dos. Attaque en traitre. Lame qui lacère ta chaire dans sa longueur, le long de la colonne. Si nombreuses et qui t'emmènent aux portes de la mort. Et tu murmures Lunam.
”Merci...votre..nom…?"
Re: Contre-Temps (let me teach you) || Lunam
Le jeune homme ne résiste pas, obéissant à tes ordres sans même sourciller — et effaçant par là même toute la gêne qu’il aurait pu y avoir entre vous — la seule lenteur de ses gestes étant due à ses blessures. Interpellée par ces dernières, tu suspends tes gestes et les observes, oubliant jusqu’à la semi-nudité de l’homme. Tout ce qui compte pour l’instant, ce sont ces profonds sillons dans sa peau et le liquide rougeâtre qui en sort. C'est bien plus graves que ce que tu pensais et tu crains un instant de n’être à la hauteur — avant de balayer ces doutes d’un revers de la main, dans un juron silencieux. « Merci...votre..nom…?Puis, sans plus de cérémonie, voilà que tu te badigeonnes les mains d’alcool et viens les enflammer — techniques certes impressionnante mais efficace pour éradiquer les germes (ou du moins, c’est ce qu’on t’a appris) — avant d’en faire de même avec ton aiguille. « Tenez, le reste est pour vous » lui souffles tu, en indiquant la bouteille d’un geste du menton, avant d’attaquer à le recoudre.Ton cœur bat la chamade et l’angoisse noue tes entrailles tant et tant que tu pourrais vider ton estomac dans la seconde, mais, pourtant, ta main est ferme et ton geste est assuré. Tu es habituée aux travaux de précision et, si recoudre n’est pas ta tâche favorite, tu essaies de considérer l’homme comme l’un de ces nombreux instruments que tu as fabriqués auparavant. « Vous vous êtes battu contre un ours de Sibérie pour avoir de telles plaies ? » tentes tu, avec une pointe d’humour, espérant le détourner de l’instant présent et de ces coups d’aiguilles que tu assènes dans sa chaire, encore et encore. |
GASMASK |
Re: Contre-Temps (let me teach you) || Lunam
Tu entends bien que ton esprit commence son voyages. Et pourtant tu luttes, tu refuses de partir. Alors tu t'accroches à cette voix, à cette femme qui est là. Peut-être pas de gaité de coeur, mais là. Et elle te soignes.
Aidé...par..une femme..Ne sont-elles pas toutes imbues d'elles-mêmes ?
Tu te sens étranges Lunam, Sans t'en rendre forcément compte, l'affirmation de la polonaise t'attriste.
Je ne dois pas avoir ce sentiment. Ce n'est pas dans mon travail.
Pourtant Lunam….tu as déjà commencé à marcher sur un autre chemin. Et c'est ta voix affaiblie qui tranche.
”...Lu….Lunam ou.Nyx, comme vous préférez..Ne vous en fait..pas...je...je..tiens...habitude.."
Tu ne veux pas donner ton autre surnom, plutôt réservé à tes victimes.
Sanguis. Ce que je suis.
À jamais. D'ailleurs les cicatrices sur toi peuvent attester de ton chemin peu reposant. Puis tu ne dis rien, ton regard un peu vitreux essayant de suivre les mouvements de Magda. Tu aurais souri si ta tête n'était pas pleine de questions, tes iris rubis restent malgré tout happées par la technique de stérilisation assez impressionnante, tu dois l'avouer.
Que dois je faire ?
Puis la bouteille d'alcool t'es offerte. Du moins le fond. Tu hésites puis au final vide d'un trait, cul sec, tout ce qui restait. Et ça te monte à la tête.
Il fait très chaud..si chaud mais j'ai froid, si froid. Et le sol tangue.
Et tu laisses un rire s'échapper quand Magda parle l'ours. Tu te sens étranges Lulu. Tout cotonneux. Tu ne sens même pas la douleur alors que ton dos se fait recoudre. Et tu te sens….joyeux ?
”On peut dire...oui...un...un ours...grand. Ils sont...sont..grands les bonhommes par...ici...une mauvaise...manip...l'ours..par der…. derrière….c'est..c'est quoi..cet...alcool... ça... ça..cogne….et tourne..."
Ça tourne beaucoup même, surtout pour quelqu'un qui d'ordinaire ne boit pas autre chose que du chocolat. Alors oui Lunam, tu ne tiens pas l'alcool mais au moins il a le mérites de te faire sortir un peu de ta réserve et de ta condition de plume noire.