Un sourire immense sur les lèvres — depuis combien de temps, Magdalena — tu savoures le jeu des vagues contre tes mollets, le sable qui s’immisce entre tes orteils et les rafales de vent à l’odeur iodée qui désordonnent ta tignasse aquarelle. Tu es heureuse, jolie Grise, tout simplement heureuse d’être ici, dans ce pays que tu as si longtemps rêvé de parcourir, ici au bord de cet océan dont le nom te rappelle aux histoires de marins et autres légendes de sirènes, ici les pieds dans l’eau et le cœur en fête, riant devant la beauté du soleil levant et de ses reflets sur les vagues. Que tu es heureuse, Ombeline, comme libérée du fardeau qui pesait sur tes épaules, de ces dettes qui te nouent l’estomac et de ces souvenirs qui te broient le cœur. C’est temporaire, tu le sais bien, au fond de toi, ce n’est qu’un voyage comme un autre, parsemé de missions qu’il te fallait remplir et, bientôt, tu rentreras dans ton pays morne et froid, dans ta ville avare et pourrie jusque la moelle, mais c’est dans longtemps ça, dans plusieurs jours au moins, et tu préfères oublier ce futur terrible pour savourer (enfin (après tous ces malheurs (tous ces sacrifices (et ce cœur brisé tant de fois)))) le moment présent et le jeu des vagues, du sable, du soleil et du vent. Avec toute l’inélégance dont tu sais faire preuve, tu as lancé tes bottines au loin et remonté les pans de ta robe — oui, la Grise en possède quelques unes (et elle ne pouvait faire mauvaise impression pour son arrivée en France) — avant de courir jusque l’écume, de tourner sur toi-même et de savourer ces nouvelles sensations, ces nouveaux souvenirs qui se gravent dans ta mémoire, milliers de petits trésors qui illumineront de leur douce lueur tes soirées polonaises. Toi qui découvres l’océan pour la première fois, tu as l’impression d’en avoir toujours fait partie, à l’aise comme un (omble) dans l’eau. Une pensée vole jusque ton paternel qui, sans doute, t’observe caché derrière ces nuages orangés, son sourire fatigué entouré de milles rides ancré sur son visage, fier du chemin que tu as parcouru pour te retrouver ici, fier de te voir sourire au soleil et aux vagues, toi qui ne souris plus depuis si longtemps. Une pensée, aussi, pour cette mère inconnue, cette Mort qui, tu l’espères, se rappelle de toi de temps en temps, lorsqu’elle le peut. On marche derrière toi, et tu te retournes prestement, une colère soudaine dans le regard, comme prise en flagrant délit de joie alors que tu fais de ton mieux, sans cesse, pour te montrer intimidante et renfermée. Colère, aussi, à l’idée qu’on puisse briser la magie de ce moment pour te ramener à la laideur des hommes et de la raison de ta présence ici (la guerre, toujours (comme si tu pouvais l’oublier un jour (la guerre (et les hommes (et leur monstruosité qui te donne envie de vomir (à quoi bon)))))). Mais ce n’est qu’un inconnu, un homme qui — tu le sais malgré toi — n’a rien fait pour mériter ton courroux, alors tu adoucis ton regard et ton cœur et retrouves cet air calme qui t’accompagne la plupart du temps. À regrets, tu quittes l’eau et rabaisses les pans de ta robe — avec une pudeur exagéré et très mal simulée — puis avances en sa direction, attrapant tes bottines et ton sac au passage. « Vous êtes Monsieur Stalkar, n’est-ce pas ? » celui censé t’accompagner aujourd’hui car on ne peut laisser une femme seule, comprenez vous. « Je suis Magdalena. Enfin Ombeline. Peu importe. Enchantée. » tu lui tends une main amicale malgré le froid au fond de ta pupille encore vie — celle éteinte ne saurait reflété la moindre émotion « S’il est ponctuel, le capitaine de notre embarcation ne saurait tarder à arriver. » Tu indiques d’un mouvement du menton le ponton non loin et le bateau au nom inconnu (un bateau et un bateau, pourquoi faire tant de manières) qui se trouve à côté. « On vous a expliqué de quoi il s’agit ? » |
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Paradis (Are you cursed too ?) || Kostya
Re: Paradis (Are you cursed too ?) || Kostya
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paradis (are you cursed too ?)
Tes cheveux étaient soufflés par le vent marin, fouettant ton visage et laissant l'odeur du sel te titiller les narines et s'imprégner dans ta chevelure sombre. Ta silhouette se promenait le long du chemin menant vers la plage, et tu percevais déjà sans mal le bruit des vagues s'échouant sur le sable, les cris amusés de quelques enfants dont les parents incitait parfois à la prudence – comme si la vie continuait de s'écouler et que les habitants tentaient de ne pas s'enfoncer dans une psychose face à cette affaire de disparition qui s'était doucement ébruitée au sein de la population de Belle-Île-en-Mer. De ce que tu savais, le corps d'une femme avait été retrouvé au large de l'île et il n'y avait aucune piste. Par un intérêt de la part du camp que tu servais, l'on t'avait envoyé foulé les terres de cet archipel pour jeter un œil à cette affaire mais tu n'étais pas seul : Magdalena Morawski avait été assignée à cette mission également et tu devais la rejoindre, tes yeux bleu-vert se perdant sur l'étendue de sable doré. Les plis de ton t-shirt se tordaient dans tous les sens face au vent, et tu te rappelas la description que l'on t'avait faite de ta partenaire. Des brûlures sur le visage, des cheveux d'une couleur particulière comme un mélange de couleurs et courts.
Époussetant dans ta marche ton pantalon noir où les poils de Olga et Anya s'étaient accrochés – tu les avais confiées à Haku avant de partir mais il y avait toujours un souvenir d'elles qui traînait avec toi –, ton regard finit par s'élever à nouveau vers la mer et tu repéras une silhouette qui semblait être la bonne parmi les quelques autres qui s'y trouvaient. Ta stature toujours aussi rigide et disciplinée se fraya un chemin sur le sable, tes chaussures s'enfonçant dans l'élément chauffé par les rayons du soleil. Au fur et à mesure que tu avançais, tu voyais la Grise courir vers la mer et plongé ses pieds dans l'eau, les pans de sa robe légèrement relevés. Elle avait tout l'air d'un enfant émerveillé par l'océan qui s'étendait à perte de vue, contrastant avec ton air blasé ancré sur les traits de ton visage et plutôt que d'observer ses pas dans l'eau, ton regard se figea sur sa chevelure incroyablement atypique et belle. Rapidement, cependant, la silhouette se tourna vers toi et ton regard rencontra le sien, détaillant les brûlures sur son visage et le fait qu'elle avait un œil aveugle. Une certaine animosité se dégageait de sa pupille valide mais tu n'en fis rien, ton regard se faisant simplement un peu plus méprisant à son égard : vous étiez là pour travailler ensembles et tu ne voulais pas perdre de temps à subir le courroux de cette femme. Cependant, la lueur hostile s'adoucît finalement et tu repris ton attitude habituelle, laissant Magdalena s'avancer hors de l'eau avant de venir serrer délicatement la main qu'elle te tendait. « C'est bien ça. Je m'appelle Kostya, enchanté. » dis-tu avant de libérer ta main et de détourner ton attention vers le ponton que désignait Ombeline.
Sans attendre, tu te dirigeas vers celui-ci, le vent continuant de souffler et de répandre la chaleur du soleil dans chacun des pores de ta peau, ton regard plongeant à nouveau dans ceux de Magdalena lorsque sa voix cassée et mélodieuse résonna jusqu'à tes tympans. « Une femme a été retrouvée au large, mais il n'y a aucune piste et des renforts ont été demandés. D'autres se sont volatilisés. Vous avez entendu des gens en parler à votre venue ? » demandas-tu d'une voix neutre, ton regard désintéressé s'égarant sur le ponton qui approchait à chaque pas que tu faisais. Le bateau n'allait probablement pas tarder, un bruit de moteur se faisant entendre au loin.
Re: Paradis (Are you cursed too ?) || Kostya
Vous vous mettez en marche en direction du ponton et de votre embarcation, le jeune homme avec calme, toi luttant contre ces mèches qui n’en font qu’à leur tête, encouragées par le vent, et que tu as bien du mal à garder hors de ta vue. Il faudrait que tu les attaches mais avec tes bottines en main, cela s’annonce plus compliqué que tu ne le voudrais — tu le feras une fois sur le ponton, tant pis, de toute façon ce n’est qu’une question de mètres à peine. Kostya reprend la parole, répondant à ta précédente question, et te sort de tes pensées. Vos regards se croisent alors, lui parlant et toi l’écoutant attentivement. « Une femme a été retrouvée au large, mais il n'y a aucune piste et des renforts ont été demandés. D'autres se sont volatilisés. Vous avez entendu des gens en parler à votre venue ?Un frisson parcourt ton dos et, malgré toi, tu ramènes tes bras contre ta poitrine, inquiète à l’idée de te retrouver face à une telle maladie. Une innocence caractérielle ou un akuma, ça tu t’en sens capable, mais une saloperie aussi dangereuse que le choléra, c’est une autre histoire — tu te rappelles les descriptions que tu avais trouvées dans les archives de la ville, lorsque celle-ci avait été frappée de plein fouet (non, vraiment, tu ne le souhaiterais pas même à ton pire ennemi). Une pensée, cependant, te vient, et tu ne tardes à reprendre la parole. « Cependant, je ne crois pas qu’il y avait de marques particulières sur le corps de la victime. On pourra toujours demander à notre capitaine ! »Vous voilà arrivés d’ailleurs mais, qu’importe où se pose votre regard, votre guide n’est pas encore ici. Tu vérifies l’heure et, si tu ne dis un mot, c’est d’un roulement des yeux que tu réagis, faisant comprendre à quiconque te regarde que l’homme est en retard — et si tu as bien des défauts, Ombeline, tu essaies d’être toujours ponctuelle (tu en attends donc de même de la part des autres). « Est-ce que la cigarette vous dérange ? » demandes tu alors, tout en sortant ton paquet et un briquet de ton sac, avant d’en mettre une entre tes dents et de l’allumer. Puis, te rendant compte que tu es toujours pieds nus, tu commences à remettre tes chaussures — numéro d’équilibriste peu digne d’une femme de l’époque, mais peu importe — avant de reprendre la parole (tu n’es pourtant pas bavarde, Grise, mais c’est plus fort que toi, les missions t’inquiètent toujours (alors tu parles pour les oublier)), tout en t’attachant enfin les cheveux « Kostya ce n’est pas du coin, n’est-ce pas ? » |
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Re: Paradis (Are you cursed too ?) || Kostya
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paradis (are you cursed too ?)
Le bruit des vagues venait accompagner le bruit de tes semelles s'enfonçant dans les grains de sable à chaque enjambée que tu faisais en direction du ponton. Le vent soufflait fort en bord de mer et si tes cheveux – longs malgré tout – ne venaient pas t'importuner, la Grise avait des mèches virevoltant sans cesse – ces mèches aux couleurs diverses qui se mariaient sans mal les unes avec les autres – et son rire résonna doucement suite à ses propos qui te firent détourner le visage vers l'étendue de mer et de sable devant toi. Pas de confessions à cette étrangère qu'ils semblaient avoir regardé de travers à cause de ces cheveux qui dansaient au vent – et si toi tu les trouvais joliment curieux, la chance ne vous avait pas souri et si c'était un premier échec tu étais persévérant. Les informations vous viendraient petit à petit – tu finissais toujours par les cueillir une par une – et alors aucune frustration ni déception ne se dessina sur tes traits. Tu hochas simplement la tête, écoutant à nouveau les paroles d'Ombeline qui parla de malédiction des anciens. Cela avait-il un rapport avec une épidémie, comme le suspectait la jeune femme ? « Si cela avait un lien avec la maladie, je ne pense pas que nous aurions été amenés à venir ici. » soufflas-tu d'un air neutre, ton faciès toujours aussi marqué par cette attitude désinvolte, blasée, avant de hocher de nouveau la tête face à la proposition de la Grise.
L'air marin se fit toujours plus présent alors que tu parvins finalement au ponton, repoussant une mèche de cheveux qui était, au bout du compte, venue entacher ta vue sur cet océan immense. Cette étendue paisible et gardant en son sein sans doute quelques secrets – et peut-être certains liés aux circonstances de la mort de cette jeune femme – mais tu gardais tes réflexions pour toi (le petit prince avait arrêté de s'afficher en public, à déblatérer des paroles à voix haute pour attirer les regards) et ton regard se porta sur la jeune femme. « Je n'aime pas l'odeur. » dis-tu en l'observant remettre ses chaussures, après avoir malgré tout allumer la cigarette, le vent empêchant cependant la fumée qui se dégageait de venir trop agressivement vers toi. Tu gardais les mains dans les poches de ton pantalon, ton haut continuant de se tordre dans tous les sens alors que le bruit des vagues rythmait désormais l'attente du capitaine. Et puis, comme si le son de l'eau s'échouant sur la plage ne suffisait plus à Magdalena, sa question résonna jusqu'à toi. Curieuse. Ou ne supportait-elle pas le silence qui s'était installé entre vous ?
Kostya ce n'est pas du coin, n'est-ce pas ? Tu secouas doucement la tête de gauche à droite, tes pensées dévorantes toujours ancrées quelque part dans ce passé qui ne te quittait jamais (était-ce vraiment ta faute ?). Kostya c'était une partie de toi, une partie de ta vie – celle à qui tu avais tourné le dos malgré toi, la couronne envolée et le goût amer toujours en bouche – et c'était ce prénom qui te suivrait jusqu'à la fin de tes jours, décidé par père et mère que tu avais toujours aimé. « C'est un nom qui vient tout droit de la Russie. Et vous ? Magdalena, ou Ombeline ? » soufflas-tu en plongeant ton regard dans le sien, comme si tu cherchais toi-même à obtenir les réponses sans qu'elle te les donne. Tu n'étais pas véritablement intéressé par la chose – ton monde s'était terni et tu te laissais porter par le temps désormais, le cœur mélancolique et buté sur cette question à laquelle tu ne parvenais toujours pas à trouver de réponse. Etait-ce vraiment ta faute ?