Et le calme, juste le calme. Elle ne ressentait plus rien. Elle se sentait comme sur un nuage. En train de rêver. En train de cauchemarder. Parce que même si elle ne ressentait plus rien, ses pensées se bousculaient dans sa tête, contrastant avec le calme qu'elle sentait. Et elle fermait les yeux. Elle ne devait pas, mais qu'importe? Elle n'en pouvait plus. C'était dur, de garder les yeux ouverts. Et si elle sentait qu'elle rêvait, au moment où elle fermerait les yeux, c'était le cauchemar qui l'attendait. C'était fou. Si fou. Qu'il ne dure pas longtemps, elle ne le supporterait pas. Elle se sentait pourtant si bien, alors qu'elle se sentait partir. Et c'était avec un sourire aux lèvres qu'elle ferma les yeux. Quelques instants, c'était une promesse. Mais il fallait fermer les yeux. Le temps qu'on vienne la chercher. Si on venait la chercher. Et elle était là. En train de passer en revue sa vie. Et elle était là. Vivant de nouveau chaque instant de sa vie, en l'espace de quelques secondes. Et elle était là. Se rappelant de chaque épreuve qui l'avait menée ici. Et elle était là. À revivre chaque épreuve qu'elle avait dû subir, seule. Et elle était là. A retrouver l'ancien amour de sa vie. Bloquée dans ce cauchemar. Bloquée ce jour là. À attendre. À attendre. Encore, à attendre. Et les invités, qui quittèrent chacun leur tour l'église. Et elle, qui fixait devant elle, pour ne pas se risquer de se retourner. Et elle, qui flanchait, pour la première fois. Et elle, qui voulait crier, pleurer, hurler son désespoir. Et elle, qui ne méritait pas ça. Et puis, de nouveau, le calme. Le calme olympien. Le calme qui régissait sa vie. Ne pas flancher. Même si elle l'avait fait. Se relever, comme elle l'avait toujours fait. Et les larmes, de couler réellement sur ses joues. Et le calme, juste le calme. Et ses larmes, de couler sur la neige. Un ange. Voilà à quoi elle ressemblait. Allongée sur la neige. Mais le cauchemar durait. Et le sang coulait. Mais son sourire, toujours sur ses lèvres. Ce n'était pas grave. Elle accueillait le salut, qu'elle avait si prié, les bras ouverts. La guerre ne finirait pas avec elle. La guerre était interminable. Et elle? Elle n'en pouvait plus. Les blessures laissaient des cicatrices. Et les cicatrices ne disparaissaient pas. Constant rappel de la cruauté de la guerre. Constant rappel de sa faiblesse et des atrocités qu'elle avait commis. Mais elle n'en voulait à personne. Pas au Comte, pas aux Noés. Pas à la Congrégation, pas aux exorcistes. C'était la guerre, c'était comme ça. Elle était tombée au combat, comme d'autres apôtres avant elle. Et ce n'était pas grave, car le souvenir continuerait de vivre après elle. Et c'était ce qui l'avait guidé. La foi. Comme elle savait qu'on viendrait la chercher. Parce qu'elle lui avait dit (viens me chercher (si tu ne me vois pas revenir)). Parce qu'elle avait confiance. Et ce n'était pas grave, s'il venait trop tard. Parce qu'il serait venue tout de même. Et il fallait qu'elle rentre à la maison, pour ses proches. Elle avait bien vécu. Elle avait souffert, mais elle avait bien vécu. Et ce n'était pas grave de clore l'histoire ici. Ce n'était pas grave. D'autres avaient conclu leur histoire avant elle, de la même manière. Et elle était une soldate. C'était comme ça que les histoires de soldats se finissaient. Alors, non, ce n'était pas grave. Elle voulait juste reposer près des siens. C'était son unique souhait égoïste. Alors, elle attendait, tout en ralentissant sa respiration pour gagner du temps. On viendrait la chercher. |
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Les flocons de neige s'échouaient sans cesse sur le sol déjà immaculé de blanc. Avec délicatesse, ils venaient se déposer sur la terre et s'amassaient les uns sur les autres comme les corps tombant à la guerre. Les yeux légèrement plissés et la mine un peu froncée, tu avançais au milieu de tous ces flocons, observant quelques fois Anya et Olga qui gardaient leur truffe à terre, pistant cette odeur que tu leur avais fais renifler – celle qui appartenait à nul autre qu'à l'hôte de la Dégénérescence. Et elles avançaient, cherchant cette femme à qui tu avais assuré que tu viendrais la retrouver si elle ne revenait pas à l'heure prévue. Alors, dès lors que tes yeux bleu-vert avaient constaté que Raeliana n'était pas en train de venir vers toi, tu avais repris la route pour faire ce que tu savais faire le mieux : pister. L'une de tes mains plongée dans ta poche, l'autre tenait ce morceau de tissu sur lequel tu avais demandé à la Noé d'y mettre son odeur, et ta silhouette filait à travers la neige, tes pieds marquant de leurs empreintes tous ces flocons échoués.
Que s'était-il passé ? Tu t'imaginais déjà l'inquiétude de Haku, les questions qu'il pourrait poser en apprenant que quelque chose était arrivé à Raéliana – et alors quelque part au fond de ton cœur tu espérais la retrouver vivante, pourvu que le malheur ne l'ait pas frappée à son tour – et tu abaissas un instant tes yeux vers ce tissu. Il était de ton devoir mais aussi de ton tempérament de ne pas faillir à la tâche et tu relevas tes mirettes pour observer autour de toi, contemplant cette nature qui semblait morte, aucun bruit ne parvenant à tes oreilles. Tu restais sur tes gardes, cependant, et finalement, Anya et Olga relevèrent la tête, aboyant pour te signaler qu'elles avaient trouvé celle que tu cherchais. Ta main libre rencontra le froid, tes phalanges venant caresser le crâne de tes partenaires pour les féliciter de leur travail, et tu t'avanças vers la silhouette allongée sur le sol au milieu de la neige.
« Raeliana ? C'est moi, Kostya. » soufflas-tu d'une voix platonique, avant de poser genoux à terre près d'elle. Elle avait le sourire aux lèvres mais les plaies multiples et la peau pâle – plus pâle qu'à l'ordinaire. Le froid semblait s'être emparé d'elle et les flocons de neige qui finissaient leur course sur son corps se dissipaient, s'imprégnant dans ses vêtements salis par une énième bataille. Elle saignait, elle était fatiguée et tu apposas délicatement le tissu propre sur le filet de sang qui avait coulé de ses lèvres. « Est-ce que tu as quelque chose de cassé ? » demandas-tu dans un premier temps, cette allure toujours désintéressée te collant à la peau, essuyant doucement le sang, faisant légèrement disparaître toute cette hémoglobine avant de ranger l'étoffe dans la poche de ton manteau. Et tu glissas ta main derrière son crâne avant de passer ton bras autour d'elle pour relever son buste. Anya et Olga remuaient la queue, s'approchant de Raeliana pour renifler ses blessures avant de s'écarter légèrement. « Depuis combien de temps es-tu allongée ici ? »
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Tout semblait si lent. Tout semblait si reposant. Comme si le temps n'avait plus aucune emprise sur elle. Comme s'il avait arrêté de s'écouler, juste pour elle. Ou plutôt, comme s'il avait fini par reprendre son cours. Comme si elle se sentait vivre de nouveau, alors que celle-ci était surtout sur le point de la quitter. Mais elle se sentait apaisée. Les flocons de neige tombaient sur elle, comme pour la recouvrir, comme pour lui offrir un semblant de couverture, comme pour lui offrir un nid où s'endormir. C'était terminé. Elle le savait très bien. Elle le sentait. L'Apôtre, qu'elle était, n'était plus. La Dégénérescence s'était endormie, de nouveau, en attendant que son heure sonne de nouveau, qu'elle se soit réincarnée dans un autre corps. L'histoire de Raeliana, l'Apôtre, semblait toucher à sa fin (mais si elle savait (le souvenir était endormi (pour combien de temps, vraiment?))). Et une voix s'adressa à elle. Et si elle avait eu du mal à la reconnaitre à cause de son état, son interlocuteur lui avait donné son nom. Et elle respira doucement. Il était déjà cette heure-ci? L'heure à laquelle Kostya devait la chercher? Elle n'était pas rentrée. Et il venait la chercher, comme elle lui avait demandé. Et sa poitrine se souleva, une nouvelle fois, très lentement, comme si respirer lui faisait mal. Elle était dans un mauvais état, c'était clair. Mais elle n'en voulait à personne. Et pas à l'exorciste qu'elle avait combattu. C'était un premier pas pour sa libération, pour sa salvation. Elle avait réussi à guérir le plus important, elle n'allait pas mourir ici. Mais le moindre effort lui faisait si mal ; alors ne pas bouger semblait la meilleure solution. Elle sentit un tissu contre sa peau. Ses yeux se posèrent pour la première fois sur Kostya. Et son sourire ne faiblissait pas. Si elle avait souri parce qu'elle sentait qu'il s'agissait de la fin, elle souriait à présent pour montrer à Kostya qu'elle allait bien, qu'elle irait bien. Et elle ouvrit la bouche pour pouvoir lui répondre, mais aucun son ne sortit. Comme si quelque chose l'empêchait de parler. Peut-être ses lèvres glacées, peut-être son état, peut-être la fatigue. Elle ne saurait pas. Raeliana bougea très légèrement la tête pour lui dire qu'elle n'avait rien de cassé. Et elle ferma les yeux, le temps d'un instant, son visage grimaçant alors que le brooker releva le haut de son corps. Le moindre effort semblait lui coûter et elle était restée dans la même position tellement longtemps qu'elle s'était comme figée dans la neige. Et elle mit un petit temps à lui répondre. Elle reprit sa respiration, doucement mais sûrement, sentant l'air glacé lui brûler les poumons. Mais c'était le premier jour d'une nouvelle vie pour elle. Alors ce n'était pas grave. Un pas après l'autre. Et rassurer Kostya, après avoir repris sa respiration, était un de ses premiers pas. Et après un petit moment, elle sut relever la tête vers le brooker. Parler semblait plus facile maintenant. — Je ne sais pas vraiment... Mais je vais bien, ça ira. Juste épuisée, ça ira. Et ça ira vraiment. Kostya était venue la chercher, l'Apôtre n'était plus. Ça ira vraiment. — Je te remercie, Kostya. D'être venu. Et elle le savait. Qu'il lui dirait qu'elle lui avait demandé de venir. Et elle se doutait. Qu'il avait peut-être fait ça pour qu'Haku ne s'inquiète pas. Mais il était venu. Et elle ira mieux. Et elle sentit ses yeux se mouiller. Et elle sentit les premières larmes monter. Etait-ce parce que l'Apôtre n'était plus? Etait-ce parce qu'elle était soulagée? Elle ne savait pas. Mais les larmes finirent par couler sur ses joues. Et il fallait qu'elle le dise à Kostya, qu'elle le dise à quelqu'un. — La guerre... Elle s'arrête ici pour moi. Et elle n'aurait jamais cru dire ça un jour. Mais la guerre était réellement terminée pour elle. Pour l'instant. |
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Le sourire qu'elle semblait adresser au Monde perdura sur ses lèvres lorsqu'elle détourna les yeux vers toi, tes mirettes bleu-vert contemplant cet air fatigué avant d'essuyer ce sang et de la redresser lorsqu'elle te signala qu'elle n'avait rien de cassé. Le froid avait trop longtemps enveloppé son corps et ses sens, semblant rendre difficile chacun de ses mouvements, bloquant ses paroles, laissant sa voix mourir dans sa gorge avant même qu'elle n'ait pu prononcer quoique ce soit. Mais Raeliana était là, vivante malgré les traces de la guerre apparentes sur son épiderme, et elle finit par parler, relevant la tête vers toi alors que tu l'écoutais avec attention, les flocons de neige venant s'échouer sur ta chevelure de jais. « Bien. » soufflas-tu d'un air calme, avant que ton cœur ne tressaille aux mots de l'hôte de la Dégénérescence qui te remercia. Je te remercie, Kostya. D'être venu. Tu secouas doucement la tête, détournant ton regard du sien pour le poser sur ces plaies qui ornaient son visage. « Tu me l'as demandé. » dis-tu d'un ton aussi désintéressé que ton allure le laissait penser, comme si tu n'avais fais cela que parce qu'elle te l'avait dit. Et pourtant.
Et pourtant, si l'on creusait par-delà cette amertume que tu portais pour le monde et le fait que tu laissais les jours s'écouler les uns après les autres sans plus aucune ambition à combler, tu étais un homme au cœur battant, humain et qui, même si tu ne l'avouerais probablement pas ainsi, ne voyait pas la présence de Haku ou de cette femme comme désagréable et dérangeante – bien que celui qui t'avait recruté te désespérait souvent. Alors, même si Raeliana ne t'avait pas demandé de venir la chercher, il y avait, au fond de toi, cette part qui t'aurait intimé de le faire et qui t'aurait amené à ne pas la laisser au milieu de la neige, au milieu du froid – seule. Tu l'aurais cherché, encore et encore – que tu y vois quelque chose ou non, qu'il pleuve ou qu'il vente. Mais la voilà qui était face à toi – sauve malgré les plaies sur son corps – et alors que tu constatais les dégâts de la bataille, ton regard se posa sur la perle se mêlant à la neige, coulant le long de la joue de la jeune femme.
Une larme. Raeliana pleurait, comme ces nuages qui faisaient pleuvoir tous ces flocons et tu les laissas d'abord finir leur course, écoutant avec intérêt les paroles de l'hôte de la Dégénérescence qui t'avoua une bataille définitivement derrière elle. Le Souvenir qu'elle avait abrité s'était envolé et n'était plus qu'une réminiscence – une conscience disparue qui faisait naître les larmes dans ces yeux si sombres. Tes mirettes légèrement écarquillées par la surprise, tu la laissas un instant évacuer ce que son cœur avait ressassé pendant ce long silence dans lequel elle s'était retrouvée seule au milieu de la neige, puis tu entrepris de sortir un mouchoir de ta poche et le lui tendit, séchant d'abord de ta propre initative une nouvelle larme naissante. « Es-tu triste de l'avoir perdu, ou de ne plus pouvoir participer à la guerre ? » demandas-tu calmement, avant de reprendre. « Tu es vivante, Raeliana. N'est ce pas le principal ? » ajoutas-tu, gardant ta posture soutenante envers cette femme qui comptait pour Haku – et qui, sans doute au fond de ton cœur, avait fini par compter pour toi aussi. Anya et Olga se rapprochèrent un peu plus de celle qui n'était désormais plus Noé mais simple humaine – comme toi, petit prince devenu oiseau de malheur – et tu lui fis un petit signe de la tête. Relève toi. Rentrons.
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Et une larme, la sienne, se mêlait à la neige qui tomba sur elle, une enveloppe particulière que la neige mais pourquoi pas, après tout. C'était l'aube d'une nouvelle vie, d'une nouvelle ère, peu importe ce qu'il arrivait. Kostya était patient, semblait-il ; il la laissait parler, la laissait libre court à ses délires et à ce qu'elle disait, il l'écoutait. Il était toujours si calme, cet oiseau. Elle était beaucoup moins bruyante que son frère, peut-être était-ce pour cela qu'il était patient avec elle. Ce n'était pas très compliqué d'être moins bruyant qu'Haku, ni un effort exceptionnel, le soleil était toujours aussi présent dans leurs coeurs ; il brillait. L'oiseau sécha ses larmes (de bonheur), son sourire ne faiblissait pas ; à aucun moment. J'ai perdu un ami aujourd'hui, mais je ne suis pas triste. Elle était heureuse, épuisée mais heureuse. Elle s'aida de Kostya pour se relever, doucement, lentement ; chaque mouvement lui faisait tellement mal, le froid n'ayant arrangé. Elle prit un moment pour prendre une grande bouffée d'air frais, qui lui brûla les poumons avant de prendre un temps pour regarder Anya et Olga, d'un regard tendre. Oui, c'est le principal, tu as raison, était-ce seulement possible de sourire autant? Raeliana ne s'en pensait pas capable. Elle était libre et elle partageait cette nouvelle réalité avec Kostya, Anya et Olga. Est-ce mal de penser que je suis... libre ? Et sa voix craqua à la fin ; si bizarre de le dire, et les larmes de revenir. Elle était libre, elle l'avait dit, soldate épuisée, soldate décédée. Est-ce mal de me réjouir de perdre mon ami ? Elle n'entendait plus sa voix, ses pensées devenues si calmes, son coeur apaisée ; ô elle aimait tant cet ami, compagnon de la soldate, mais il était parti, vers quelqu'un d'autre, vers un nouveau compagnon, une nouvelle amitié ; elle n'entendait plus de voix.
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Les larmes n'étaient plus, remplacées par un sourire qui irradiait le visage de Raeliana, la neige se perdant pourtant toujours autant sur ce faciès fatigué sur lequel tu avais repéré les plaies et le sang – vestige d'une dernière bataille. Après quelques efforts et ton appui, l'hôte de la Dégénérescence était désormais debout et tu calas correctement ton bras autour de sa taille pour l'empêcher de faillir, Olga et Anya reniflant doucement ces tâches d'hémoglobines imprégnées dans les vêtements de la Noé désormais dépourvue de Souvenirs. Mais elle était vivante, malgré tout et Raeliana hocha la tête à tes propos, tes yeux ne quittant pas ce visage bien plus expressif que le tiens – tu avais même l'impression de pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert et alors tu n'étais pas certain que les nuages gris avaient laissé place au beau temps, car si son sourire était vrai, peut-être son cœur était-il semblable à ce ciel cotonneux qui surplombaient vos têtes, où les nuages réservaient leur pluie pour un autre instant.
Et, sans attendre finalement plus longtemps, tu entendis sa voix se tordre et tu vis de nouveau les larmes s'inviter au creux des yeux de cette femme qui s'était invitée dans ton cœur au fur et à mesure du temps. « Raeliana. » soufflas-tu d'un air calme, ton allure contrastant avec la sienne, son corps tout entier dévoilant l'état dans lequel elle était, ses questions résonnant jusqu'à toi. Tu avais le sentiment qu'il te fallait la rassurer, trouver un moyen de calmer cette explosion d'émotions qui dévoraient son cœur comme le tiens avait été enseveli par la colère, l'amertume et les superstitions après que ta couronne t'ait été dérobée. « Je ne sais pas. Si tu te sens libre, c'est peut-être mieux comme ça, non ? » dis-tu finalement, abaissant ton regard vers tes fidèles compagnons, leurs yeux rencontrant les tiens.
Tu ne pouvais comprendre le lien qui unissait un Souvenir à son hôte, mais si Raeliana avait considéré la Dégénérescence comme ami et partenaire, tu pouvais imaginer l'étrangeté de ce qui la parcourait en ce moment. Après tout, elle s'était habitué à sa présence et faire face à l'absence soudaine d'un être cher n'était pas une mince affaire. « Que comptes-tu faire, maintenant ? »