if you’re looking for me, you can find me at the wrong place at the wrong time ✩ (kal)

Si ta malédiction t’a appris une chose, Kaleva, après toutes ces années — c’est que personne, personne ne vient involontairement te voir. On ne tombe pas sur toi par hasard, on te cherche, et quand on te trouve — cela n’augure jamais rien de bon pour toi (or anyone else, for that matter). Règlements de compte, vengeances, ou l’Ordre Noir à tes débuts en tant qu’exorciste exilé — tu ne provoques pas seulement les ennuis Kal, tu les attires aussi.

Alors quand tu vois cette jeune femme — qui n’a décidément pas l’air d’un marin, ni de quelqu’un travaillant sur les quais — s’approcher résolument de toi, tu jettes un bref un coup d’œil tout autour, dans l’espoir qu’elle ne vienne pas pour toi. Mais ton regard ne te renvoie qu’à ta propre solitude, et si le constat te blesse un peu, il confirme également tes craintes.

Tu essayes de garder ton calme et tu poses la lourde corde que tu portes à tes pieds. Si ton visage reste neutre — tu es bien trop entraîné désormais — ton esprit passe en revue toutes les raisons qui pourraient pousser la demoiselle à venir à ta rencontre. Est-ce un piège ? Il est vrai que tu dois un peu d’argent à droite et à gauche, mais tu t’es toujours assuré de ne pas tremper dans de sombres histoires. Pour tout ce que tu es, Kaleva, tu n’es pas quelqu’un de malhonnête — malheureusement, cela ne t’a jamais empêché de te retrouver mêlé à des affaires qui te dépassent bien souvent.

Ce mariage que tu as gâché ? Non, cela fait trop longtemps. Le commerçant dont l’épicerie a pris feu à cause de toi ? Impossible, c’était il y a des années — et tu as travaillé pendant deux ans d’arrache-pied pour rembourser les dégâts occasionnés. Cette église dont une partie du plafond s’est effondrée sur des dizaines de fidèles ? Ton cœur s’accélère à ce souvenir. Ce n’était pas dans cette ville.

Dans le bateau le plus proche de toi, une caisse se renverse subitement, poussée par une bourrasque qui n’a pas sa place dans un ciel bleu. Tu inspires profondément, et expires au même moment que l’inconnue arrive à ton niveau.

Elle tend la main vers toi avant de se reprendre — c’est assez pour que la grue de chargement à tes côtés oscille dangereusement. Tu déglutis, nerveux.

« Um, hello,

Tu as conscience de la dévisager, mais tu ne peux t’empêcher de chercher sur ses traits délicats quelque chose qui raviverait un souvenir, n’importe lequel pourvu que tu puisses mieux te préparer.

Tu ne la connais pas.

— Can I… help you ? Or, r-rather — sorry, I can’t help you. Surely you’ve… heard of my… condition..? »

Tu es peut-être un peu parano, c’est vrai. Mais à choisir, tu préfères te ridiculiser, ou passer pour quelqu’un de peu aimable plutôt que de risquer la vie d’une innocente.

Et pour garder le contrôle de tes émotions, tu te concentres sur ses drôles de cheveux. Même du temps où tu vivais à la congrégation, tu n’en a jamais vu d’aussi originaux.