N’étaient-ils pas censés se bouger, se disperser un peu partout dans la ville à la recherche d’indices? Ha, ces faignants ne savaient décidément pas ce qu’était le travail!
Sans doute avaient-ils oublié ce qu’était être un brooker. Qu’ils étaient censés fouiner partout à la recherche d’indices à transmettre au Comte Millénaire. Car bien sûr, les informations n’allaient pas venir à eux.
Après tout, ces enfants des rues n’avaient pas d’autre choix. Si la plupart devenaient brooker pour mettre du beurre dans les épinards, eux n’avaient aucune autre ressource. Enfants abandonnés ou non désirés, après avoir perdu leur orphelinat, leur «maison», ils s’étaient retrouvés à la rue. Et bien sûr, personne ne voulait de gosses n’ayant aucun autre talent que le vol et l’espionnage. A part le Comte Millénaire.
C’est ainsi que Cristal avait traîné avec elle toute une bande de gamins même pas plus âgés qu’elle. Car bien sûr, toute cette petite entreprise avait été organisée par la petite blonde. Les orphelins Gomez avaient suivi Cristal presque aveuglement, déjà parce que elle était la plus âgée d’entre eux, mais surtout elle était de loin la plus débrouillarde d’entre eux. Après tout, eux n’étaient encore que des enfants qui ne savaient rien faire de leurs dix doigts, qu’il fallait prendre par la main. Ils avaient toujours connu l’orphelinat, et lorsqu’il avait été détruit, c’était comme si le monde s’était écroulé autour d’eux.
Alors naturellement, Cristal avait pris les choses en main. Elle qui avait presque toujours vécu dans les rues de Tolède, elle était déjà habituée à ce mode de vie.
Mais si elle avait aidé ses petits camarades, c’était uniquement par intérêt personnel. Eux l’aidaient à récolter des informations en tant que brooker, et elle les aidait et les guidait en retour. En fait, c’était presque comme s’ils s’utilisaient mutuellement. Ce que ces enfants pouvaient être égoïstes...
Et pourtant, la fillette trouvait qu’il y avait quelque chose d’amusant dans tout ça. Après tout, elle était à la tête d’un groupe d’enfants un peu moins âgés qu’elle. Elle était comme le chef d’une petite bande. Oui, Cristal adorait commander.
Et pourtant, cette fois ci, ces idiots étaient de vraies larves. Assis au soleil, certains d’entre eux bronzaient tranquillement. Inutile d’essayer, Cristal savait quelle ne tirerait rien d’eux aujourd’hui.
Agacée, la petite chef se détourna d’eux. Elle ne supportait pas toute cette paresse, elle ne pouvait pas rester inactive, il fallait qu’elle se bouge. Ce n’était pas en restant immobiles qu’ils allaient trouve quoi que ce soit.
En voyant Cristal s’éloigner, l’une de ses camarades se leva d’un coup.
-Ou tu vas, Cristal?
La demoiselle serra les poings. Bien sûr, il fallait toujours qu’elle bouge d’abord pour que les autres se réveillent... Décidément ils ne savaient rien faire tout seuls.
-Je vais en ville. Vous pouvez rester si vous voulez.
Elle n’avait pas besoin d’eux, surtout pas maintenant, ils ne feraient que la ralentir.
La petite blonde quitta alors ses petits camarades, et s’engagea sur la grande rue qui la mènerait au centre ville.
C’est souvent en se promenant un peu au hasard qu’on peut entendre des choses intéressantes. C’est pourquoi Cristal se baladait dans la ville, sans but précis.
La demoiselle prenait soin d’emprunter les rares coins d’ombre. Cristal n’avait jamais pu supporté le soleil -comble pour quelqu’un qui vivant dans une région ensoleillée.
Et finalement, ses efforts allaient être récompensés.
Devant elle, une jeune femme atypique se dressait. Avec son teint de porcelaine et son air perdu, on pouvait facilement deviner qu’elle n’était pas d’ici.
Cristal s’approcha de l’inconnue, la fixant de ses yeux mis clos.
-Hola señorita. Tu n’es pas d’ici, n’est ce pas?
Une petite fille qui vient aider son aînée, si ce n’est pas mignon.
Ah, si seulement elle savait, Cristal ne s’était intéressée à cette femme seulement parce que les étrangers étaient plus susceptibles de transmettre des informations intéressantes. Et dans le cas contraire, elle ne serait d’aucune utilité.