feat. D. O'Connor, N. Lockwood
Les yeux noirs du corbeau fixait la jeune femme. Elle était son ennemi, elle qui avait choisi de fuir l'Ordre, de fuir cette responsabilité qu'on lui avait donné. Elle avait été choisie ! Nora Lockwood avait très probablement de bonnes raisons de faire ça. Mais Gregory en avait aussi ! Une excellente raison ; celle qui portait le nom de la jeune femme qu'il aimait. Cela faisait des années qu'il tentait de l'oublier, et jamais, pas un seul jour, il ne le pu. Neratzo. Il pourrait tout quitter pour elle. Tout ; pourtant, il avait d'autres idées. D'autres plans. Cela n'était malheureusement pas possible. Il l'avait quitté il y a peu. Et déjà elle lui manquait, terriblement. Pourtant, il luttait. Rien luttait de tout son être. De tout son cœur et de toute sa tête. Rien n'y faisait, évidemment ; elle était toujours là, dans son cœur, sa tête, et ses veines. Gregory avait cette fille dans la peau, et le fait que ce soit réciproque ne l'aidait pas. Comment pourrait-il obéir aux ordres et toujours être cette Elite qu'il était s'il était parfaitement humain ?
Lui devait refouler. Tandis qu'elle pouvait céder à aller voir qui elle voulait. Elle était Libre. Lui, était prisonnier de ses responsabilités. Oh comme il aurait voulu les abandonner. Et se laisser aller. Aller au bonheur et plaisir engendré par l'amour. Profiter à chaque instant de la présence de Neratzo, et ne plus jamais la quitter. Ne plus jamais repartir. C'était une Utopie, à cause de cette fichue guerre sainte. Celle qui ravachait la terre entière ; tout ça parce qu'une personne prenait ses désirs pour une possibilité. L'humain lutterait jusqu'au bout. Gregory en était la preuve. Il lutterait, jusqu'à ce que le Comte Millénaire ne soit plus. Ainsi, sa mort lui ouvrirait les bras de Neratzo dans lesquels il pourra plonger et y siéger. Y rester. Y mourir.
Nora fut tout particulièrement ferme lorsqu'elle lui demanda de se taire. Il sourit, tout simplement. Et malheureusement pour lui, la jeune femme ne rentrait pas dans son jeu. Qui le ferait réellement ? Si ce n'est quelqu'un de réellement tordu. Malgré tout, elle lui répondit ; « Ne te moque pas de moi... » Cela semblait l'agacer, doucement, toutes ces remarques cyniques. Tout cette provocation. Puis elle regarda le bébé s'enfuir. Gregory n'était pas après lui ; mais bien entendu, il aurait un rapport sur son dos. Ils devaient connaître ses lacunes et sa piètre performance d'aujourd'hui.
« Je suppose qu'il ne me reste plus beaucoup de temps. » fit-elle. Dépitée. Si elle était pressée, elle allait être servie. D'ailleurs ; Rien l'attaqua de toutes ses forces. Le Corbeau toucha une côte qui craqua sous sa force. Un sourire – masqué – se dessina sur le visage de la demi-portion. Finalement, elle n'était peut-être pas si douée que ça. La jeune femme frappa le sol de sa paume, éloignant Gregory et se propulsant dans les airs afin de reculer, de créer une véritable distance. En tout cas, elle n'était pas néophyte quand il était question de stratégie.
L'heure ne fut bientôt plus au combat, mais bien à la discussion. Elle le complimenta. Mais visiblement, la jeune femme s'interrogeait quant aux motivations de Gregory. Pourquoi combattait-il ? Elle voulait savoir ce qui le poussait à la poursuivre. Car elle continuait à défendre la cause de Dieu. Mais elle ne voulait pas retourner là-bas, elle ne voulait plus de mort sur la conscience. Si elle se sentait coupable ; il y avait un psychologue à disposition dans la Congrégation, et il n'était pas là pour simple décoration. Elle avait le droit de prendre rendez-vous, et … De parler. De lui dire ce qui ne va pas.
« Je suis les ordres que l'on me donne. J'ai mes propres valeurs et je les respecte aussi. On ne quitte pas l'Ordre impunément, Exilée. » N'était-ce donc que maintenant qu'elle le comprenait ? Central ou qui que ce soit, en cette époque, ne lançait des menaces dans le vide. De toutes façons, il fallait bien que quelqu'un fasse le sale boulot, non ? En vérité, Gregory fut surprit de sa question, et sa réponse ne lui convenait pas. Bien entendu que ce n'était pas sincère ; la jeune femme qu'il aimait n'était plus à Central et il voulait en partir. Désormais, elle était une cible et à chaque seconde il mourrait d'angoisse pour elle. Central le gardait pieds et poings liés et c'était insupportable.
Gregory voulait partir. Mais il ne pouvait pas.
« Vous savez, Central ne vous laisse pas le choix. Ils viennent vous cueillir à 10 ans, vous n'avez rien, vous n'avez qu'eux, et si vous leur convenez, ils vous emmènent avec eux, et vous transforment. Ils vous retirent toute votre humanité et font de vous des soldats. Si vous voulez survivre, il faut leur convenir. » Cette fois-ci, c'était sincère. Même si c'était lui qui les avait harcelé pour y rentrer. Il n'avait aucune famille. Rien. Et se faisait tabasser dans les ruelles, et sur le quai d'Amsterdam. Que voulait-elle qu'il fasse ? Qu'il en meurt ?
Non.
« Leurs idéaux sont devenus les miens, à peu de choses près. » Tandis qu'il parlait, Gregory marchait. Il fut bientôt à quelques mètres de la jeune femme. Comme auparavant. C'était le moment.
Rapidement, il apposa une rune sur la paume de sa main et une gerbe de feu jaillit sur Nora.
« Secret Art ; Black-Winged Flame Spirit. » murmura-t-il.