Presque drug, sex and Rock'n'Roll [PV Elliot]

Fuite

" Le travail, c'est un alibi, une fuite. "

Avec son éloquence habituelle, le petit monstre n'eut pas besoin de dire des choses bien savantes pour que la foule ne se tourne vers lui. Ainsi, l'américain eut l'impression d'être un président s'adressant à son peuple ; ou alors d'être un dresseur d'animaux devant une meute de lions, ou de moutons. Oh, que c'était drôle ! Ils l'écoutaient tous, même s'ils ne comprenaient pas ce qu'il disait. Ahah ! Quelle drôle de scène ! Le blondinet était brillant dans ce qu'il faisait, il était un véritable aventurier et un merveilleux représentant de son pays ! Grâce à lui, Sebastian allait réussir à voler cette fichue vache et ensembles, ils allaient pouvoir partir avec leur du ! Partir ? Ah non ! Ils devraient aller manger chez quelqu'un et se séparer de leur très chère amie. Cela allait être un peu triste, mais c'était ce qu'il fallait faire.

Et puis là, au loin, le petit homme vit que son camarade avait enfin réussi à kidnapper l'animal. Ah, il était l'heure de mettre fin à cet entretien et de filer à l'anglaise ; ou bien à l'américaine du coup. Filer à l'américaine, c'était beaucoup plus classe que de filer comme l'un de ces bloody britanniques.

" BYE SUCKERS ! " s'écria-t-il de sa voix jouasse.

Ceci dit, l'enfant-machine s'en alla en sautant de sa caisse. Bon, ce n'était pas très sympathique comme message d'adieu mais ; ils n'allaient sans doute pas le comprendre de toutes manières. Et puis, si c'était le cas, ce ne serait pas grave car ce n'était qu'un peuple colonisé ! Le seul truc important maintenant, c'était de courir jusqu'à Sebastian et - quelques minutes plus tard, une fois que ceci fut fait, Christopher n'hésita pas à sauter sur le dos de la vache pour la chevaucher comme un noble destrier.

" Cours cours cours ! " lui lança-t-il avec hâte.

Derrière eux, les gardiens de l'animal sacré s'étaient déjà rendus compte du vol ; et les cris de la foule en colère retentissaient. A moins qu'ils ne soient juste énervés d'avoir été insultés par un foutu gosse de treize ans.

Tout se passe bien. Tout se passe très bien. Tu as presque atteint une petite ruelle qui te permettra de filer à l’anglaise, sans que personne ne te remarque. Tout se passe trop bien. Et – comme tu t’y attendais – il faut que ça foire quelque part.

Voilà qu’Elliot crie et part en courant en ta direction, attirant donc l’attention de tout le monde sur toi et la vache volée. Mais quel idiot. MAIS QUEL IDIOT BORDEL.  Tu ressers l’étreinte sur le licol et presses le pas alors que l’Enfant Machine te rejoint. Derrière vous, ça crie et ça insulte.

« Cours cours cours ! » Tu n’as pas besoin qu’il te le dise pour le faire, forçant l’animal à accélérer « Tu fais chier bordel, tout allait bien ! » Pestes tu entre tes dents.

Pour gagner du temps, tu balances derrière toi à peu près tout ce qui te passe sous la main, y compris de pauvres personnes qui n’avaient rien demandé. Parce que merde à la fin, on ne peut pas faire une telle mission et épargner tout le monde. Et puis, on ne va pas se mentir, ça te fait du bien de laisser ta colère s’exprimer, quel qu’en soit la façon.

Après ce qui te paraît être une éternité, vous réussissez à semer la foule. Oh, tout n’est pas gagné pour autant. La vache est toujours parfaitement reconnaissable avec toutes ses décorations, et il est peu probable que les locaux aient déjà oublié le visage des deux colons qui ont volé un animal sacré.

« Bon, on a la vache » dis-tu, en enlevant le plus de décorations possible « On fait quoi maintenant ? »

Bruit

" On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence. "

Sebastian arrête donc de râler et de pester tout le temps ! Est-ce qu'il avait peur de quelques peuples inférieurs en colère après eux ? Bien sûr que non ! Un badaboum, et l'histoire serait réglée sans soucis. Il n'y avait tout de même pas de quoi en faire un samosas.

" Fais confiance en mon plan, tout est prévu depuis le début ! "

Vraiment ? Pas le moins du monde. Mais en tant que bon américain, Elliot aimait à croire - et à faire croire surtout - qu'il était toujours maître de la situation. Est-ce qu'il avait prévu ce matin de se faire poursuivre par une foule en colère tandis qu'il chevauchait une vache au milieu d'une fêtes des couleurs ? Bien sûr, bien sûr ! Voyons, qu'est-ce que vous croyez ? Christopher avait même prévu qu'ils parviendraient à échapper à leurs poursuivants, et qu'ils parviendraient à se remettre de leur émotions sans problèmes.. tout du moins pendant un temps.

" Bon, on a la vache. On fait quoi maintenant ? " demanda l'anglais une fois la foule semée et le calme partiellement retrouvé.

Encore maintenu en haleine - pour pas grand chose, après tout, Christopher était resté sur le dos de l'animal tout ce temps - le petit homme ne tarda pas à se coucher tout du long sur leur nouvelle amie, avant de commencer à lui caresser la tête avec un sourire béat. Quelle aventure ils avaient eu tous les trois ! Cette vache était un héroïne elle aussi.

" Je crois qu'on devrait rentrer à la maison. " fit-il le plus naturellement du monde, " Notre amie a l'air d'être fatiguée après la longue course qu'on vient de faire ! Il faut qu'on lui donne à manger et à boire, tu ne crois pas ? "

Si les nerfs se Sebastian n'avaient pas encore lâché, eh bien avec ça, Elliot venait sans doute de les achever. Rest in Peace my friends.

Elliot s’allonge sur la vache, alors que tu n’as pas fini de te battre avec les décorations. Ce qui te fatigue un peu. Mais bon, pour cette fois-ci tu préfères ne rien dire. Après tout, vous êtes en « sécurité » ici, alors vous pouvez bien souffler un peu. Et puis, si tu t’énerves pour chaque geste de l’Enfant, tu vas vraiment y laisser la vie, Sebastian.

« Je crois qu'on devrait rentrer à la maison. Notre amie a l'air d'être fatiguée après la longue course qu'on vient de faire ! Il faut qu'on lui donne à manger et à boire, tu ne crois pas ? »

Et bah voilà. Tu es mort.

Sebastian Abbott
3 mai 18XX – 20 septembre 18XX.
Petit Ange parti trop tôt.

Livide, les yeux perdus dans le vague et les bras le long du corps, tu as presque cessé de respirer. Ton cerveau ne fonctionne plus, et c’est le silence radio là-dedans. Il n’y a que les mots d’Elliot, qui continuent de résonner, comme un écho macabre. « Je crois qu'on devrait rentrer à la maison. Je crois qu'on devrait rentrer à la maison. Je crois qu'on devrait rentrer à la maison. » Et puis d’un coup, tout se remet en marche et tu exploses.

« MAIS C’EST UNE BLAGUE ?? ON A FAIT TOUT CE CIRQUE POUR RIEN ?? » Tu hurles à pleins poumons, te foutant bien d’effrayer l’animal ou d’attirer vos poursuivants « JE CROYAIS QUE TU VOULAIS MANGER, PASSER DU TEMPS ICI. MAIS BORDEL DE M – »

Et d’un coup tu t’arrêtes. Les gardiens de la vache vous ont retrouvés et semblent prêts à vous casser les genoux – et plus si affinité. Sans chercher à comprendre, tu reprends le licol à pleine main et te remets à courir.

« Accroche toi Elliot ! »

Au final, on dirait que vous allez bel et bien rentrer à l’Arche. Ce n’est pas comme si vous aviez d’autre choix.

Alors que tu te mets à courir, le licol de l’animal dans les mains, tu entends Elliot te suggérer une idée. Et pas n’importe quelle idée, mais plutôt une du genre que tu refuserais à peine l’avoir entendue – spoiler alerte, c’est ce qu'il va se passer.

« Vite Sebastian, grimpe sur le dos d'Épices ! La porte de l'arche n'est pas très loin, on va pouvoir s'enfuir facilement avec elle !
C’est hors de - »

Tu n’as pas le temps de dire grand-chose de plus, bien trop concentré sur la route devant vous. C’est que trimballer une vache à ses côtés, ça n’est pas bien pratique. Encore plus quand l’animal est tant convoité. Décidément, c’était une belle idée bien stupide comme on les aime.

Comme celle que tu t’apprêtes à appliquer. Devant bien reconnaître ta lenteur comparé à la bête – et par extension, au Petit Américain sur son dos – tu envisages de faire ce que ce dernier t’a ordonné. Non. C’est vraiment hors de question. Et pourtant, as tu vraiment un autre choix ? Non plus. C’est pourquoi, en désespoir de cause, tu grimpes sur des caisses et enfourches l’animal.

S’ensuit alors la course poursuite la plus ridicule. Elliot et toi sur le dos d’Epices – quand a t’elle été baptisée ? - et les hommes en colère à votre poursuite. Il ne vous reste qu’une dizaine de mètres à parcourir mais ils te donnent l’impression d’être aussi long que trois vies mises bout à bout. Arriverez-vous à atteindre la porte ? Mais surtout, comment ferez vous pour empêcher ce flot d’humains d’entrer l’Arche ? Pas sûr que le Comte vous pardonne un tel pêché.