« A girl should be two things: who and what she wants. » ; feat Emily

Chat

" Chat timide fait souris effrontée. "

Quoi qu'on en dise, l'Oiseau en Cage n'aimait pas qu'on dise de mauvaises choses sur le dos de son grand frère. Lui ? Insupportable ? Lui ? Un abruti qui n'apportait rien de bon à son entourage et au monde ? N'importe quoi, n'importe quoi. De colère, l'enfant-machine avait alors balancé ses pieds sous la chaise, tout en lançant un regard du je-te-maudis-dix-fois à Ophelia. Y avait pas idée à critiquer ainsi son ami.

" Ça c'est toi qui le dit ! " grommela l'enfant.

***

Heureusement, la conversation s'était à nouveau détournée vers quelque chose de plus joyeux, et qui risquait moins de mettre l'Akuma en colère. C'était mieux, pour une humaine protégée par un Noé, que de ne pas être exterminée par une machine du Comte ; mieux pour l'un comme pour l'autre d'ailleurs. Les deux seraient perdant dans cette affaire.

" Bien entendu, je te préparerai tout un sac … Je dois glisser des romans bisou bisou, miss Emily. "
" Elliot, continue à m'appeler Elliot. Parce que sinon un jour ta langue va fourcher et j'ai pas envie que les autres savent ça. "

Cela pouvait ne pas se passer, comme elle pouvait très bien l'appeler Emily devant d'autres Akumas ou des descendant de Noé ; la honte ! Déjà qu'il avait une fois du porter une robe à cause d'une fichue potion alors si en plus on savait qu'il avait l'âme d'une fillette.. sa réputation serait fichue ! Comment ça, quelle réputation ?

" Je suis bookwoman, cela n’a pas vraiment d’importance pour moi. "
" Toi, tu es encore une bookwoman ? " lui demanda-t-il avec un soupçon de taquinerie dans la voix, " Vraiment ? "

L'oiseau était revenu chat pour taquiner le chaperon rouge.

Vie

" Prends ce que tu peux, mais ne te laisse jamais prendre ne s'appartenir qu'à soi-même, être son propre maître, voici tout le secret de la vie, me dit-il un jour. "

Oh, visiblement, l'enfant-machine avait mouche avec sa question. Si la blonde avait perdu ses sourires et sa bonne humeur, son interlocuteur, lui, continua d'afficher cette même mimique, presque provocatrice. Comme un gosse qui jouerait avec le jeu pour voir jusqu'à où il peut aller avant de se brûler. Et, aie, Elliot avait été brûlé d'un coup ; ou plutôt, on lui avait pincé le nez. Cela faisait presque tout aussi mal, et il ne put s'empêcher de grimacer, tandis que la galloise se mettait à débarrasser la table tout en clamant qu'elle était toujours une archiviste, envers et contre tout. Elle était un livre avec une ouverture différente, mais, au moins, elle restait la même.

" De la même manière que derrière ton apparence d’Elliot, il y a Emily. "

Un peu prit de court par une telle phrase, l'américain ne put s'empêcher de rire avant de se relever en s'étirant. Sans doute s'était-il joué des films, et qu'au fond Ophelia était toujours Rayn ; il n'était pas dans sa tête de toutes manières, il ne pouvait pas savoir.

" Tu as peut-être raison. " souffla-t-il alors, " Malgré tout, t'es toujours la miss roman bisou-bisou que j'ai rencontré à Paris. "

Un nouveau petit rire, avant que le blondinet ne grimpe sur la table pour s'y asseoir sans aucune retenue. Il se sentait mieux ainsi perché ; Christopher aimait regarder les gens de haut.

" Qu'est-ce que ta vie serait devenue si l'autre n'avait pas tenté de te tuer ? "

Cette fois-ci, pas de provocation ni de malice ; c'était une vraie question.

Liberté

" La liberté ne peut être que toute la liberté ; un morceau de liberté n'est pas la liberté. "

Au fond, Elliot restait un sale petit merdeux à poil rat qui ressemblait à un petit crétin, et cette pensée le fit rire une nouvelle fois ; écho au premier qu'il avait laissé s'échapper de ses lèvres, ainsi qu'au sourire de la galloise. Toutefois, suite à ça, il ne put s'empêcher de poser sans doute la question de trop - c'est qu'il en avait soufflé des tas aujourd'hui, bien plus qu'à son habitude ! - en demandant à son ainée ce qu'elle aurait fait si l'autre n'avait pas tenté de le tuer. Aurait-elle adopté une vie plus mouvementée, plus conforme à son rang de bookwoman ? D'après ses propos, oui, c'est ce qu'elle aurait fait : un apprenti bien à elle, des voyages à travers le monde, et le tout loin de son ancien mentor. Une vie presque normale pour quelqu'un comme elle, au final.

" C’est chouette d’être pourrie gâtée, mais ma liberté me manque. " souffla-t-elle finalement d'un ton presque triste.

Interloqué par cette dernière phrase, l'enfant-machine ne put s'empêcher de pencher la tête de côté ; un peu comme l'aurait fait un chien ou bien un oisillon qui ne comprenait pas. Pourquoi ne partait-elle tout simplement pas ? Avait-elle juste peur de mourir sous les coups du semi-Akuma ? Non, sans doute pas.. surtout pas si ce dernier continuait à penser que Rayn était morte.

" Pourquoi est-ce que tu ne pars pas d'ici alors ? " avait-il demandé presque du tac-au-tac, " Je veux dire, c'est pas comme si tu étais quelqu'un de dépendant ! Je te vois vraiment mal croupir très longtemps dans ce genre d'endroit, en fait. "

Un rire s'échappa alors de ses lèvres, tandis qu'il se redressait et affichait un air malicieux sur sa drôle de petite frimousse trop pâle pour être humaine.

" Tu devrais plutôt être dans les mauvais quartiers d'une ville à faire la justicière masquée et à terrasser les méchants, comme tu l'as toujours fait. "

Comme cette journée-là à Paris.

Erreur

" Sauf erreur, je ne me trompe jamais. "

Elliot ? Se tromper et confondre la blonde avec une autre ? Jamais de la vie ! Il n'était pas comme le turc qui n'avait même pas été capable de voir que son apprentie n'était pas morte ; bon, ok, il avait été dupé, mais quand même. Non, l'américain, lui, savait qu'une héroïne se cachait derrière cet étrange bout de femme et ça, quoi que cette dernière puisse dire. Après tout, si elle ne pouvait supporter bien longtemps l'enfermement, c'était bien pour repartir arpenter les rues à la recherche de sales brigands ? N'importe quoi. C'était bien une idée d'enfant ça. Christopher non plus n'aimait pas rester enfermé, et il n'avait rien d'un héro. Dommage.

" Disons que je suis persuadée que, à l’heure d’aujourd’hui, Percy lui a déjà soufflé que j’étais vivante, alors je préfère attendre, que le temps se tasse pour pouvoir agir. Est-ce que tu comprends ? " finit-elle par souffler.

Est-ce que le québecois avait dit la vérité à Ilknur ? Non, impossible, il n'avait pas le droit ! C'était l'idée du blondinet de faire ce tour au semi-akuma, et si ce dernier l'apprenait.. l'enfant-machine allait être dévoré. Percy n'aurait pas pu lui faire ça, pas vrai ?

" Je comprends. " fit-il tout en levant les yeux vers cette main toujours glissée dans ses cheveux, " Mais tu n'as pas à t'inquiéter pour Percy, je suis certain - certaine - qu'il n'a rien dit à l'autre monstre ! C'est que ça me mettrait en danger s'il le faisait et.. les grands frères ne font pas ça. "

Il ne peut alors s'empêcher de sourire, tout en se disant que si le blanc l'a trahi, il devrait sans doute le dévorer lui aussi. Dommage.

Maîtresse

" La nécessité est maîtresse et tutrice de la nature. "

Bien évidemment, l'enfant avait une confiance aveugle en son grand frère ; et sachant qu'il n'avait qu'un seul œil, c'était encore plus flagrant. Le revers de la médaille risquerait de faire mal lorsqu'il finirait par apprendre la vérité. Oh, mieux valait qu'il ne l'apprenne jamais ! La vie du québecois en dépendait. Elliot était bien gentil, mais il ne fallait pas lui mentir ni même se moquer de lui, sinon..

" Tu vas bientôt retourner voir ta maîtresse ? " lui demanda-t-elle finalement tout en sortant l'enfant-machine de ses pensées, " Un jour il faudra véritablement que tu me conduises à elle … Que je la rencontre et que je lui dise à quel point tu es infernale, fillette ! "

Offusqué une nouvelle fois, l'américain ne put s'empêcher de gonfler les joues. Il fallait qu'elle arrête de le comparer à une fillette ! Là, physiquement, il avait tout d'un petit garçon tout de même ! Elliot n'était pas des plus virils avec ses joues rondes et sa voix qui n'avait jamais mué mais.. quand même quoi ! Toutefois, il ne releva pas.

" J'y retournerais dans l'après-midi, lorsque ce sera l'heure du déjeuner chez nous ! " lui répondit-il avec un énième sourire, " Je lui parlerai de toi si tu veux, pour voir si elle veut venir ici un jour. C'est une écrivaine et elle lit beaucoup de choses, je suis certain que vous avez de nombreuses choses en commun ! "

Oui, les deux jeunes femmes ne pouvaient qu'être amies.