one way or another, i'm gonna find you
i'm gonna get you
(Il te faut un distraction.)
(Vite, penser à autre chose.)
(Voir autre chose, peut-être.)
Il te faut voir autre chose. Les murs immaculés de l’Arche se font trop répétitifs, les discussions avec tes frères et sœurs tournent toujours autour des mêmes sujets ; la pluie et le beau temps, votre haine commune envers l’humanité et l’Innocence. Rien de nouveau sous le soleil, en somme. Tu aurais pu te rendre sur les terres finlandaises qui t’ont vue naître, voir ce que ta ville natale devient. Néanmoins tu crains que cela ne réveille encore de vieux souvenirs que tu préfères laisser enfouis au fond de ton inconscient. Où aller ? Où fuir cette mauvaise humeur dont tu ne sais que faire ? Qui t’est si peu caractéristique ? Tu ne sais pas trop. Tu demandes conseil à ta moitié, mais celle-ci ne sait que dire, que faire pour alléger ton tourment. Niilo te regarde avec cette lueur triste au fond de son regard – tu sais qu’il veut t’aider, tu le vois tout au fond de son être et ça te réchauffe le coeur – et hausse nonchalamment des épaules. Je ne sais pas, Frej, te dit-il sans un mot. Un baiser tout en tendresse déposé sur sa joue, un soupir un peu las qui s’échappe d’entre tes lèvres et tu le laisses vaquer à ses occupations. Ne t’en fais pas, Nii, tout va bien, que tu lui réponds, toi aussi muette. Tu finis par t’en remettre au hasard, arpentant les couloirs de l’Arche pour aller jusqu’aux portails ouverts par Road. Ton regard se perd sur ceux-ci quelques instants, tu hésites et … ouf, voilà, tu sautes le pas. Au hasard ! Comme ça ! T’enfuir de l’Arche est un véritable jeu d’enfant. Tes pieds atterrisent sur un sol poussiéreux et qu’ils n’ont pas l’habitude de fouler. Tu regardes autour de toi, tu sens le soleil qui vient tout de suite frapper ta peau pâle. Oh, une destination du sud. Tes lèvres se pincent et tu hésites encore une fois … Mais voilà, tu as besoin d’être distraite, de voir autre chose. Alors pourquoi pas ?
(C’est vrai ça, pourquoi pas ? Pourquoi ?)
(Le sable va rentrer dans tes bottines et, une fois rentrée, tu n’auras aucun scrupule à t’en plaindre.)
(Mais voilà, tu as terriblement besoin de cette distraction.)
Tu marches et tu marches, les grains de sable crissent sous tes semelles épaisses. Tu dois être dans un pays d’Afrique, mais tu ne sais pas lequel. Il commence à faire chaud, sous ta robe à manches longues. C’est là tout l’inconvénient de se remettre au hasard. Tu persévères cependant, observant le petit village que tu distingues au loin, marchant sans réellement savoir où tu veux aller dans ce presque désert. Peut-être rejoindras-tu la ville, pour observer ce qu’il s’y passe. La vie sous le soleil est-elle terriblement différente que celle qui se passe dans le nord ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. L’humanité n’est pas aussi splendide et surprenante que ce qu’elle veut bien laisser paraître. Tu avances lentement. Puis, là, pas si loin de toi … Une silhouette. Tu plisses les yeux et, curieuse, tu prends un autre chemin. Plus tu t’approches, plus un sentiment de familiarité t’envahit. Et là, soudainement, ta vision s’éclaircit. Tu éclates d’un rire sonore que la femme ne peut pas manquer à moins d’être sourde. Tu t’approches un peu plus, mais pas trop non plus. « Oh, Acanit. » Tu prends un ton faussement enjôleur, te parant de ta naïveté mensongère. Tu lui adresses un sourire avec bien trop de dents, un regard luisant d’une lueur malicieuse. Le bleu se change en doré, tu lui adresses un geste de main comme si tu saluais une vieille amie. Ce n’est pas le froid que tu accueilles, à présent. Juste une bête sauvage que tu as croisé bien trop souvent. « Ça fait un bail, dis … Qu’est-ce que tu deviens ? » Et sous tes mèches sombres comme la plus profonde des nuits, les stigmates se dessinent déjà, Komos réclame déjà que coule le sang de l’ennemi. Oh, Acanit, indeed.
À trop vouloir fuir la familiarité d’une existence amère, voilà que celle-ci te rattrape.