and your heart, yeah, it hurts
Le monde autour de toi s'était soudain effrité, davantage depuis que l'amant de ta mère avait pris place dans votre demeure. Voir son faciès tous les jours te mettait de mauvaise humeur, davantage lorsque tu le voyais entourer de ses bras ta génitrice qui ne parvenait plus à prendre parti pour toi comme elle l'avait toujours fait auparavant. Les choses avaient changées, tes relations s'étaient dégradées avec chaque personne vivant entre ces murs et le petit prince que tu étais redoutais jour après jour l'avenir. Après tout, tu avais perdu ton père, et tes amis t'avaient tournés le dos, pensant que tu portais malheur. Ta mère n'osait rien dire à cet homme dont les remarques à ton égard étaient piquantes, celui-ci dévoilant sans discrétion son refus de te voir reprendre les affaires des Staklar, et pour finir, cette cousine que tu avais toujours méprisé ne t'apporterait jamais aucun soutien – comme toi tu ne lui en avais jamais offert un. Alors, lors d'une énième dispute au cours du repas, tu avais lancé une dernière réplique à ce bougre, le toisant d'un regard que tu voulais méprisant et noir, et tu avais quitté la table, te dirigeant dans la véranda vitrée de ta demeure avant de prendre place sur l'un des confortables fauteuils.
Un sentiment d'humiliation pulsait dans tes veines, tes sourcils froncés venant tirer les traits de ton visage. « S'il pense pouvoir seulement me détrôner ainsi, il se met le doigt dans l’œil. » soufflas-tu d'un air agacé, avant de ricaner, moqueur, tes doigts titillant l'un des boutons de ta veste respirant la richesse – comme tout ce qu'il y avait autour de toi. Tu étais l'héritier des Staklar et lui, ce moins que rien, osait te tenir tête et tenter de te voler ta couronne – c'était impensable (et pourtant déjà le trône que tu avais tant espéré atteindre te filait entre les doigts, ton cœur trop ambitieux refusant d'y croire). Tu secouas doucement la tête, essayant de penser à autre chose, la frustration grandissant dans ta poitrine. Madame Staklar, née Vassilieva, n'avait pas daigné prendre ta défense et inciter son nouveau compagnon à se taire et cela te faisait mal. Toi qui avais toujours été un trésor à ses yeux, toi qui avais toujours été au devant de la scène, tu sentais que les choses n'étaient plus tout à fait pareil et c'était ta place, ton héritage, ta couronne qui étaient remis en question.
Mais alors que tu gardais les yeux rivés vers l'extérieur, la neige tombant à gros flocons dans le jardin, tu vis dans le reflet du verre une silhouette venir à ta rencontre – ta cousine, Raisa. « Qu'est-ce que tu veux ? On t'envoie pour me dire de revenir à table ? Il manquait plus que ça. » dis-tu d'un air méprisant, ne daignant pas même détourner ton regard de la vitre pour la regarder dans les yeux. Tu n'aimais pas ta cousine – ou du moins t'en étais tu convaincu durant tout ce temps, la regardant de haut, lançant ces piques que tu espérais blessantes pour que jamais elle n'ose te piquer ta couronne (et tout cela t'était monté à la tête mais bientôt, petit prince, tu connaîtrais la réalité d'un monde dans lequel on ne te ferait plus de cadeaux.).