that's me in the corner |
La boutique te fait faire un détour (et ça aussi, ça t’agace (il y a beaucoup de choses qui t’agacent ces temps-ci (plus que d’habitude))), mais tu ne peux décemment pas rester avec une chaussure dans un tel état. C’est un soupir de soulagement qui quitte tes lèvres alors que tu aperçois la boutique décrite par la jeune femme, tu accélères le pas pour y arriver un peu plus vite. Une fois à l’intérieur, tu fais vite ton affaire. Tu te débarrasses de tes vieilles chaussures pour enfiler ta nouvelle paire de bottines (qui sont un tout petit peu trop grandes (mais tu sauras t’en accommoder)) et tu paies son dû à l’artisan (c’est un petit peu cher (tu n’es cependant vraiment pas en position de faire la fine bouche)). Tu n’as donc pas de raisons de t’attarder davantage en ces lieux et tu retrouves très facilement la porte de sortie, t’engouffrant de nouveau dans les entrailles de Vienne. Tu connais un peu la ville (mais pas tant que ça, dans le fond), Isidor ayant déjà eu l’occasion de s’y rendre lorsque tu étais plus jeune. Ton mentor t’avait, à l’époque, guidée au travers des rues de la ville avec une main posée sur ton épaule (comme s’il craignait que tu ne prennes la poudre d’escampette) et tu l’avais suivi sans rechigner. Dans la ville, il y a un bar. Un bar que les bookmen aiment fréquenter (un QG qui n’en est pas vraiment un (juste un endroit où se retrouver en cas de pépin)). Isidor t’y a déjà amenée. Tu sais où il se trouve, il faut juste que tu fouilles dans ta mémoire. Tu continues ton chemin et tu penses reconnaître le chemin. Tu ne te trompes pas car, au loin, tu reconnais l’établissement.
Tu ouvres la porte en grand pour entrer dans le bar, ton sac hissé sur ton épaule gauche, le bras droit retombant mollement le long de ton corps. Tu entres à pas mesurés, tu sondes la pièce de ton regard (à la recherche de quelques villages familiers (en vain)). Tu n’aperçois aucun des collègues qu’Isidor avait pu te présenter, tu ne reconnais aucun bookman que tu as pu croiser au cours de ton long (interminable) périple. Tu retiens de justesse un nouveau soupir, tu le ravales en déglutissant difficilement. Tu es déçue, Cassandre. Très déçue. Tu comptais bien trouver quelques collègues d’Isidor (et donc, par extension, des collègues à toi) pour t’aider à percer le mystère de la disparition de celui-ci. Mais tu ne reconnais personne et tu te sens (irrémédiablement) seule face à cette sombre situation. Pour autant, tu ne tournes pas les talons (il en faut bien plus pour te faire fuir) et tu t’en vas donc t’installer à une table. Tu laisses tomber ton sac à tes pieds et tu interpelles une des serveuses en demandant une bière, n’importe laquelle fera l’affaire. Tu croises les bras sur la table, tu joues distraitement avec tes mèches roses en attendant que le temps passe.