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Tu peux me prendre dans tes bras une dernière fois ?
Tu tends les bras vers ta sœur — oh, comme sa voix t’avait manqué — mais une lancinante douleur thoracique t’arrache son image, te propulsant malgré toi dans le monde des vivants. C’est la première réflexion que tu te fais lorsque tu ouvres les yeux, le corps engourdi et les paupières encore lourdes. Puis tu te reprends intérieurement — pas des vivants non, seulement des éveillés. Ta soeur est vivante. Elle va bien. N’est-ce pas ?
Depuis combien de temps ne t’a-t-elle pas écrit ?
« Neza… »
Tu glisses instinctivement tes doigts autour de la gourmette que tu portes à ton oreille gauche, soulagé de voir que tu ne l’as pas perdue lors de ta dernière mission.
Mission..?
Ah.
Tout te revient à présent — un peu trop vite, un peu trop brusquement, dans le désordre. Plus qu’une succession d’images c’est d’abord des voix — des cris, des soupirs, ses murmures — puis des odeurs — la chair morte, le sable, le sang (le sang (le sang (le sang)))) — et enfin quelques sensations qui te parcourent l’échine de la tête au creux de ton ventre (tu es sûr que si tu avais mangé depuis ton retour, tu aurais vomi le contenu de ton estomac sur le champ).
Tu te rappelles les apôtres, et ce pressentiment qui ne voulait pas te lâcher, sans que tu ne puisses l’expliquer — pourquoi semblaient-ils tous aussi surpris que vous ? Something felt off, et avant que l’un d’entre vous ne puisse mettre des mots sur cette boule d’angoisse et d’incertitude qui vous nouait la gorge, il était apparu. N’ayant d’Innocence que le nom — si tant est qu’il avait assez de conscience propre pour partager votre cause — il avait causé à lui seul plus de dégâts que tous les descendants de Noé réunis. Le reste des événements est flou — tu te souviens avoir atteint la limite de ton Innocence. Tu te souviens avoir frôlé la mort. Tu te souviens de la voix de la Maréchale Richards, même si tu es incapable de te rappeler les mots qu’elle a prononcé. Tu te souviens du corps ensanglanté de Psyché, même si tu ne sais plus où elle a été blessée.
Tu te souviens de Persephone.
De la peur dans sa voix, de la confiance dans ses yeux.
De tout son corps qui lui hurlait d’agir, d’aller au chevet de sa sœur — mais de sa main résolument dans la tienne, gage de la confiance qu’elle avait décidé de t’accorder, en dépit de tout.
Tu caresses distraitement ton annulaire gauche, et les anti-douleurs sont probablement responsables, mais — tu es sûr de sentir le fantôme d’une alliance, juste là, autour de ton doigt.
Oh, tu as tellement de choses à lui dire…
à commencer par lui demander pardon.