Le calme du village lui avait manqué. Elle était rentrée tard et les rues étaient vides, et étrangement, elle se sentait apaisée. Elle rentrait dans son cocon, qu’elle ne voulait quasiment jamais quitté. D’habitude, c’est elle qui reçoit sa famille, le peu d’amis qui lui reste. Même si elle vivait seule, elle ne ressentait aucun froid en rentrant chez elle. L’obscurité y régnait en maître mais elle n’avait aucunement peur. Elle était très bien, ici, loin de la guerre, loin de tout. Et pourtant, elle était loin de s’imaginer que la guerre n’était clairement pas finie pour elle. Parfois, elle y repensait, ça lui arrivait, mais seulement quelques instants, jamais trop longtemps ; elle repensait à Errosia, à sa « famille », à sa vie de soldate. Jamais trop longtemps, pourquoi repenser à un chapitre clos de son histoire ? Il fallait avancer, ne pas regarder derrière soi, à quoi cela servait ? Ses cauchemars étaient déjà présents pour se rappeler des traumatismes qu’elle avait vécu. Elle n’en voulait à personne, c’était juste terminé ; son exorcisme avait été une bénédiction, oui, c’était terminé, il fallait avancer (mais ?)
Depuis peu, Raeliana faisait de plus en plus de cauchemars sur son ancienne vie, sur la guerre sainte, comme si elle ne l’avait quitté ; et ça la terrifiait. Mais ce n’était que des cauchemars, alors le lendemain, elle n’y pensait plus, elle passait à autre chose ; une nouvelle journée, une nouvelle histoire, il ne fallait pas se laisser abattre, mais pourtant ? Elle ressentait quelque chose qu’elle ne saurait décrire, elle n’était pas à l’aise, comme s’il y avait quelque chose ? Non, ce n’était pas possible, quelle idée, pourquoi ? C’était terminé, c’était psychologique, elle se faisait du mal pour rien. Cela faisait un an déjà, que le temps passe vite, non la guerre était terminée pour elle, Raeliana l’avait assez répété (et pourtant ?)
C’était une journée qui semblait calme, les enfants étaient bien sages ; le salon de lecture ? Bien calme également. Une journée comme une autre, tout le monde semblant épuisé, alors tout le monde restait chez soi, empruntait un livre au salon et lisait à la maison. Raeliana se sentait aussi bien apaisée aujourd’hui, pas de cauchemar la veille, elle se sentait bien reposée. Elle s’inquiétait pour rien, pourquoi de toute façon? Il n’y avait rien, son corps se soignait tout seul, les traumatismes partiraient un jour. Il ne fallait pas s’inquiéter. La jeune femme ferma le salon avant d’entamer sa balade, en fin d’après-midi, autour du village. Elle irait bien d’installer au niveau des falaises, un peu plus loin. L’eau semblait également calme, tout le monde semblait si serein ; décidément, une journée bien étrange, comme si rien ne pouvait perturber le village et ses habitants. Et pourtant, tout était bien trop calme pour que ça soit réellement le cas. Raeliana s’installa sur un banc en pierre pour admirer le paysage, comme à son habitude, le soleil allant bientôt se coucher. Une journée bien calme pour ce qui allait se passer. Et la demoiselle ne bougea pas, lorsqu’elle pensa ressentir une présence ; il n’y avait pas qu’elle sur cette île, alors elle ne l’alarma pas ; devrait-elle ?