Une mission qui tourne au vinaigre ? - Ft. Ayden Hyde

UNE MISSION QUI TOURNE AU VINAIGRE ?
Ft. Ayden Hyde

Je soufflais de la buée en regardant vers le ciel. Entre la lumière des lampadaires qui se balançait et moi-même, des dizaines de bestioles se cognent entre elles dans une danse folle, grillées par la chaleur de ces lampes à huile. Je soufflais de la vapeur à chaque pas que je faisais, rythmés par le bruit de ma canne qui frappait le pavé de ce petit village italien. “tap, tap, tap”. Rapidement, mon regard se détourna des lépidoptères pour revenir à ma mission principale.

Je soupire longuement, avant de fixer le grand parc qui se trouvait face à moi.

Celui-ci n’était pas très grand, et l’hiver avait emporté les fleurs et les feuillages avec lui, laissant la nature en sommeil. Néanmoins, il était réputé par sa vue sur la mer, et les gens s'empressaient d’y venir pour profiter des magnifiques couchers du soleil, du moins c’était le cas jusqu’à récemment.

Pourtant, c’était une douce soirée d’hiver au pays et je regrettais presque la cape chaude qui cachait mon uniforme et mon visage, mais bon, on peut dire que je n’avais pas réellement le choix. Vu le regard que les supérieurs m’ont lancé lorsque j’avais fait de ne pas entendre que la mission n’était pas pour moi, les options qui me restaient étaient plutôt réduites. Oui, je suis faible…Que voulez-vous !

Rester prostré dans sa chambre à l’Ordre Noir tout en râlant ou aller tuer des akumas pour faire plaisir aux chefs…D’un autre côté, cette mission me permettait de sortir un peu de mes habitudes, de prendre l’air et de m’éloigner de ces gens que je ne peux plus voir. Attention, je n’ai rien contre les exorcistes; j’ai une pensée pour tous ces jeunes gens qui partent sans savoir s’ils vont s’en sortir, mais entre nous cette guerre… Enfin, je ne veux pas en dire trop, il y a des oreilles partout dans ce monde ! J’ai donc choisi l’option numéro deux, plus mortelle que la première, mais moins désagréable à l’instant présent.

C’est ainsi que je m’étais retrouvé dans cette petite ville du Sud de l’Italie, à la recherche d’un akuma, qui selon les rumeurs assassinait les couples qui venaient ici au crépuscule profiter de la vue sur la mer dans ce parc. Avec cette histoire, vous pensez bien que les gens évitent de sortir et l’akuma n’est sans doute pas aussi bête que ça non plus. Voyant le vide dans le parc, je reprends ma route, la lettre et les documents contenant le résumé et les faits à ce sujet dans mes mains.

Je n’aimais pas vraiment mon uniforme. Je portais régulièrement des costumes cravates lorsque j’étais jeune, et j’adore ça, mais là…Je m’y sentais à l’étroit dans cet apparat qui couvrait mon corps de la tête aux pieds et renforcé dans le dos pour supporter au mieux la pression exercée par l’innocence qui était fichée au niveau de ma colonne vertébrale. Il était affreux. Et pourquoi devrais-je la porter ? Qui, de sain d'esprit, porterait un uniforme noir et rouge bien voyant pour travailler à l’église? C’est à cause de ce genre de choses que les sous-fifres du Comte Millénaire se fichent de nous. Nous reviendrons dans quelque chose de plus discret et de plus solide (non parce que deux bouts de tissu ce n’est pas très protecteurs), nous aurions moins de perte et nous pourrions attaquer par surprise !

Lorick Baker, lui-même, visiblement.

Le grand professeur de mathématiques dans une tenue de militaire religieux. Je soupirai à nouveau, la vapeur s’élevant vers le ciel qui se parait peu à peu d’étoiles. La nuit entamait son court et moi je n’avais toujours pas mis la main sur cet akuma. Si seulement le gamin qui pouvait les détecter était encore là, nous aurions pu faire cela fissa…Enfin bref. Je pourrais aller prendre un verre de vin dans un bar non loin et peut-être essayer de récupérer des informations, mais j’avais décidé de retarder un peu ce moment pour m’asseoir sur un banc en pierre pas très confortable, mais très tranquille à l’orée du parc, pour y reposer mon corps tiraillé par ces douleurs qui survenaient encore des années après cet incident.

Après un long moment perdu dans mes pensées où j’avais sorti une ancienne photo de classe pour me rassurer, je la rangeai et soupirai à nouveau, fixant le ciel pendant dix bonnes secondes. Puis je me levai avant de reprendre ma route, direction ce fameux bar, alors que mon esprit divaguait sur autre chose, comme si quelqu’un me suivait. Je détournai alors le regard, mais je ne vis personne. J'entendis du bruit un peu plus loin. Quelqu'un approchait ? Je poussai un grognement. Si le nouvel arrivant cherchait des ennuis, je n'aurais d'autre choix que de le remettre à sa place.

Fuite

Ayden & Lorick

Bordel de merde. Ils sont partout. Pire que des fourmis, pire que de la peste. C'EST la nouvelle peste !
Les akumas.

Je sais qu'il y en a, dans cette ville. Je le ressens, à cause - ou plutôt grâce - à mes putains de pouvoirs de Noé. Et je pourrai rapidement m'en débarrasser. Même pas besoin de bouger mon cul, en un mot je peux tous les faire péter. C'est ça quand on est le boss.
Mais si je fais ça, je me fais repérer directement par le Comte. Ses petites machines vont pas s'auto-détruire toutes seules, il saura qu'un Noé a provoqué ça, et vu qu'ils sont encore en train de me traquer, ils vont directement savoir que j'étais là.
Je peux pas me permettre ça. Je peux plus me permettre de m'exposer. Je deviens trop imprudent...

Donc je traçais, tout simplement, Colin et Virginia me suivant. La meilleure solution là, c'est la fuite. Alors autant se casser le plus vite possible d'ici, le plus loin possible des akumas. Parce que c'est comme de la mauvaise herbe, ça pousse partout...
Et pourtant, peut-être qu'il y a une meilleure solution qui se présente à moi.

C'est ce manteau avec le rosaire : un exorciste. Ok, normalement ça pue du cul. Mais si je réussis à provoquer une bataille entre un exorciste et les akumas, je peux me faire la malle dans mon coin en toute discrétion ! Je suis un génie.
Problème : je crois que ma gueule est assez connue à la Congrégation. Ouais, je suis devenu vraiment populaire, maintenant, piouh...
Mais bon, c'est fini les conneries. A cause de ça, je peux pas agir comme je veux, et si je vais directement aborder l'exorciste en me faisant passer pour une pauvre victime des akumas, il risque de me griller direct.
Du coup c'est Colin, mon fiston, qui s'est proposé de le faire à ma place. Ça m'a pas plu, mais il faut bien admettre qu'il y a très peu de chance que quelqu'un de la Congrégation le reconnaisse.
Donc il s'était avancé vers l'exorciste, tout content - dès qu'il peut faire un truc un peu dangereux il est content - et l'avait abordé avec un faux air paniqué, mimant à la perfection la victime.

-Monsieur, Monsieur, c'est vous qui chassez les monstres ! S'il vous plait il faut que vous nous aidiez, les monstres, ils... Ils sont apparus, là-bas !

Et alors que Colin montre la direction opposée à celle où on veut aller, j'observe mieux l'exorciste, caché derrière un mur avec Virginia.
Depuis le début, j'avais un sentiment de familiarité.
Je me suis pas trompé. Je connais ce type.
Je sors alors de ma cachette, me dirigeant droit vers eux, alors que Virginia me regarde paniquée, se demandant ce que je fais. Peut-être que c'est un risque, peut-être que c'est devenu un gentil petit toutou de l'Ordre ?
Mais peut être qu'on peut aussi recommencer à parler comme avant.

-Laisse tomber Colin ! Pas besoin. Enfin, j'espère...

En fait, j'en sais rien. Ça fait des années qu'on s'est pas vus et il a pas de raison de me faire une fleur.
Mais bon, qui ne tente rien n'a rien, hein ? La Chance de Fortuna me murmure que ça ira.

Je m'arrête à quelques mètres de lui, alors que Colin revient vers moi, ne comprenant pas la situation.

-On se connait, Monsieur l'exorciste ?

Bien sur, qu'on se connait. Ou plutôt, on s'est connus.

Délais: