Présents sont les esprits. On les croit légendes voir mythes, mais ils prennent possession de nous et insufflent des courants que l'on croyait inconnus. Sur les terres rouges et sable parsemées de quelques buissons secs, ils flottent sous forme de vent et embrassent nos peaux d'humains, à la recherche de leur hôte parfait. Là sont les pensées de nombreuses cultures, qui certes se détachent chacune d'elles par un détail qui font leur identité. Et que dire quand poussières se lèvent en tempête, accompagnées des soubresauts du tonnerre frappant ce sol éphémère ? C'est en ce lieu que médite un bien étrange homme depuis quelques jours. Hors du temps, c'est ainsi que l'on pourrait qualifier sa présence car l'homme possède des cheveux blancs, un teint entre brun et blancheur ainsi que d'étranges marques sur le menton. Des passants dans les rues de quelques bourgades, des caravanes l'ont vu bouger, besace sur l'épaule. Ils ont d'abord cru voir un fantôme et ont pris peur. Et la rumeur se répandit comme la farine sortant de son sac crevé.
Le mérite de dire que quelque chose a changé leur journée, sans nul doute
« Ha ! Et déformer pour mieux se rassurer. Sachant que l'abomination dans ce cas ce n'est pas moi. C'est eux. »
Ether soupire mais approuve. Ceci est un soupir de désolation, aussi désolé que la terre qui s'étend face à eux. Combien de jours avait marché son hôte, avec deux simples poses ? Deux, presque. Au vu de l'éclat sanglant de l'astre solaire et des sombres sillons violet s'emparant du ciel. Le jeune homme enfonce encore son bâton dans la poussière, faisant cliqueter des talismans décorés de divers joyaux et os dits nobles. Transpiration tombant le long de son torse, traînant son épaisse valise de son autre main, Aniel pourtant sourit dans sa souffrance. Tout ce qu'il a vu de ce pays jusque là encore inconnu pour lui l'émerveille. Passer des terres perdues entre mers et marécages où il a pu affronter les grands crocodiles à cet univers inhospitalier où règne cependant silence et changements exceptionnels de couleurs ... c'était un bonheur sans pareil. Mais la raison de sa venue est à double cause. Certes, il a le droit de méditer et étudier le lieu. Le travail est là aussi, malheureusement ... ou heureusement. Rapporter une Innocence a toujours quelque chose de grisant, sachant que ces dits fragments rapprochent un peu plus de l'eden parfait dont parle si souvent le Comte.
Gorge sèche, souffle coupé, le Noé reste en admiration devant cet édifice que la nature a forgé. Certes l'on la voit à un kilomètre d'ici, baignée par les reflets rougeâtres du soleil couchant et ponctuée de quelques lumières. Ses doigts armés de lames se resserrent et plantent sa chair tant il s'excite tout seul face à cette vision hors du commun. Et il sent, il sent que l'Innocence n'est pas loin. Alors ce sourire enfantin prend un accent sadique, macabre. Il sait qu'il devra tuer quelques âmes pour mener à bien sa mission. Ici, sur Uluru. Ses cheveux blanchis par d'innombrables décolorations flottent tels des filins de soie laiteuse, perdue au milieu de l'aride lieu, eux si purs mais si souillés par les levées du soir. Car oui, bientôt s'illumine le ciel et tombent les premières gouttes de pluie. L'orage déchire le sombre violet de sa lumière destructrice et frappe au hasard, sans se demander si sous sa pointe se trouvera une pauvre victime. Quelques montées faites sur les amas de roche de l'imposant golem, Aniel regarde ce qu'il se passe depuis que la pluie est tombée. Les aborigènes qui jusque là se trouvaient encore là où se trouve le métisse ont décampé. Et l'innocence avec eux.
Sous la pluie battante et les vents chauds et secs de l'Australie se tient une nouvelle lumière. Elle a la forme d'un corps humains qui, de ses bras tendus attend. La foudre elle n'attend pas et vient le frapper mais ... durant cet affrontement de la nature, une surbrillance nait. D'étranges formes brillent d'une lumière bleutée puis c'est l'explosion. L'homme est toujours là. Parce qu'il est énergie et il la défie pour en devenir le maître. D'un simple rocher jeté la foudre fut déviée car elle a été attirée par l'énergie cinétique. Et maintenant que se sont calmés les tumultes du temps via cette concentration d'énergie, l'homme peut s'assoir en tailleur, fermer les yeux.
Les plumes de son armure son secouées par le vent. Son torse brille puis s'assombrit peu à peu. Ça y est le Sage se projette dans un autre monde, où le vide et les fragments du passé se rencontrent. Il médite.