Fin " A tout vivant une fin."Ce n'est pas possible, non, je dois être en train de rêver, ou bien de faire un horrible cauchemar. Il n'a pas pu faire ça, Cyclamën n'a pas pu s'en prendre à Jean, non.. je refuse de croire que ce que je vois actuellement est la réalité. Jean ne peut pas être mort, Charly ne peut pas avoir assisté à ça, Cyclamën n'a pas pu faire un tel coup en traitre, alors que nous nous battions.. Peut-être que j'avais raison, peut-être est-il vraiment un monstre, peut-être en suis-je également un, celui qui a engendré celui-là. Je ne sais pas, je n'ai pas envie de savoir. Je veux juste me réveiller de ce cauchemar, dans cette petite auberge, et me dire que tout ceci n'était qu'un affreux cauchemar. Mais la morsure du monstre est bien trop réelle, l'horreur aussi.. et tout ce sang, tout ce sang.. ... Est-ce de ma faute ?
Comme un véritable rapace qui fondait sur sa proie, l'Âme Errante avait planté son unique serre dans la poitrine de l'insecte, tandis qu'un liquide poisseux s'échappait de sa plaie béante, au niveau de son cœur ; mais ça, elle n'y fit pas attention. La Créature, elle, dut sans doute le remarquer, et plutôt deux fois qu'une même. Dans l'instant, elle se mit à hurler, à hurler de cette voix infâme, de ce cri que sans doute Nora fut la seule à entendre dans cette sombre ruelle ; un hurlement qui lui vrilla les tympans, la fit même saigner des oreilles, tandis qu'un bourdonnement sonore s'installait dans sa tête, cohabitant avec ce chant funeste. Et pourtant, malgré ce cou porté en pleine poitrine, la bête n'arrêta pas de se mouvoir, parvenant même à se libérer de la morsure des griffes de la Vagabonde, tandis que les pieds de cette dernière menaçaient de lâcher tant son hurlement avait perturbé ses sens. Pourtant, quand la créature reporta son attention sur Charly, la jeune femme trouva encore la force d'attaquer ; pour l'empêcher d'apporter le chaos, pour ne pas le laisser recommencer.
Mais le monstre continuait de charger, de hurler, de se débattre ; tandis que son sang poisseux et noir recouvrait les murs et les deux pauvres âmes de la ruelle. Il frappait, il tentait, griffait et mêlait son sang noir à celui rouge de la fuyarde.. jusqu'à ce qu'il ne finisse pas s'écrouler par terre, trop amoché pour se relever, mais encore trop vivant pour disparaître et mourir. Et pourtant - pourtant ! - il trouva la force de se relever une dernière fois, comme dans un dernier espoir de vaincre, tendant une griffe en direction de son adversaire, de sa proie.. avant de s'écrouler et de redevenir encre à nouveau. Comme s'il n'avait jamais existé, comme s'il rien ne s'était passé. Et l'Âme Errante, elle, sentit toutes ses forces disparaître, tandis que ses jambes se dérobaient sous elle et que ses genoux tapaient contre les pavés de la rue. Aimait-elle vraiment encore la pluie ?
Le calme semblait être revenu dans la pauvre petite ville d'Oslo, et pourtant, des bruits de pas se firent à nouveau entendre ; là, juste devant la bohème, à seulement quelques mètres d'elle. Sur le qui-vive, mais également ravagée par ce combat, elle se contenta alors de lever péniblement la tête, avant de sentir un éclair d'adrénaline la traverser ; l'autre du le sentir aussi."Paix. "
Il avait signé, et elle, bien sûr, elle l'avait compris ; même si à cet instant précis, Nora avait totalement oublié savoir parler le langage des signes. Ce n'était pas le plus important, car face à elle, Cyclamën continuait d'avancer, d'une démarche lente, désespéramment plus vacillante à chaque seconde passée ; à chaque centimètre parcouru de la flaque d'encre vers son maître. La Vagabonde, elle, ne comprit pas, ou alors, trop tard ; de toutes manières, elle ne pouvait d'ors et déjà plus rien faire pour lui.Death is locked in.
Puis, doucement, ses genoux à lui rencontrèrent le sol, comme les siens, tandis que ses mains se portaient au niveau de la blessure du monstre, et que du sang s'échappait de sa bouche, un sang rouge, tellement humain, s'écoulant d'un visage souriant ; étrange, vivant, presque réchauffant. Et face à ce spectacle hors du commun, la jeune femme et le bambin restaient silencieux, les yeux grands ouverts, comme s'ils n'étaient que les spectateurs d'une pièce tragique, commençant petit à petit à se douter que leurs actes avaient mené à cette fin ; tout du moins, ceux de la Lockwood. Et celle-ci, la pauvre, croisa le regard si humain de celui qui disparaissait, un regard brillant, vivant, mais gorgé de larmes. Étaient-elles joyeuses ? Tristes ? Ou bien seulement terrifiées ? L'Âme Errante ne le sut pas, ne le saurait jamais ; après tout, un sourire cache bien des sentiments, elle le savait mieux que personne. Et pourtant, elle, ne souriait plus, n'y parvenait plus, comme si celui de Cyclamën avait puisé dans toutes ses forces.
Et le voilà lui, qui finit par s'écrouler sur le sol, tandis que la pluie continue de s'abattre sur la ville. Il n'était plus un Noé, il n'était plus un homme non plus ; à moins qu'il ne fut jamais autant humain qu'à cet instant précis, celui où un dernier souffle s'échappa de ses lèvres, et où ses larmes se mélangeaient à son sang et à la pluie. Et face à ça, toujours ces deux spectateurs.
Un long silence s'abattit alors sur Oslo, un silence de mort, seulement interrompu par les plic ploc irréguliers et pourtant si harmonieux de la pluie. La jeune femme ne pouvait croire à la scène qui se déroulait devant ses yeux et pourtant, elle commençait enfin à comprendre ce qu'il s'était passé - ce qu'elle avait fait - lorsqu'elle se souvint de cette sinistre nuit à Salzbourg. Les pantins d'encre souffrent, et le maître finit toujours par écoper de leurs blessures ; elle se souvenait de son bras coupé par Alexander, et là, il avait absorbé les coups portés à la bête. Elle, la jeune bohème de Montmartre, la chanteuse des rues qui prônait la liberté et la paix, elle qui avait fuit pour ne plus causer de torts, voilà qu'elle venait d'assassiner l'un de ses semblables. Car oui, derrière le Regret, il y avait bien eut un être humain, un simple adolescent lancé dans une guerre qu'il n'avait pas désiré, un peu comme elle. Oh, ils auraient pu être amis dans d'autres circonstances, à n'en point douter, amants peut-être même, ou de simples connaissances ; mais voilà que la guerre les avait poussé à s'entretuer.
Alors, des gouttes de pluie salées se mêlèrent à celles du ciel et à celles de sang : elle pleurait, et resta même un long moment ainsi, dévastée par cette erreur. Il lui avait prit quelqu'un qu'elle aimait, mais elle n'avait pas le droit de lui prendre la vie. Voilà une deuxième personne qui périssait à cause d'elle ; quitter l'Ordre Noir n'avait au final rien changé. Dieu seul sut combien de temps la Vagabonde resta là, le regard plus vide que d'habitude, éteint ; mais une chose était sûre : elle se réveilla lorsqu'elle entendit la voix de Charly, quand bien même elle ne sut pas ce qu'il avait dit.
Péniblement, l'Âme Errante trouva alors la force de se lever, tandis que ses griffes disparaissaient plus ne plus que laisser les mains ensanglantées et meurtries.
" Viens, viens Charly.. " souffla-t-il d'une voix tiraillée, à peine vivante, comme éteinte, " Il faut que nous partions d'ici.. "
L'enfant, trop perturbé pour dire quoi que ce soit, ne prit même pas la peine de hocher la tête pour répondre à la question de la Vagabonde ; pour dire, il ne se leva même pas. En silence, elle s'approcha alors de lui pour le prendre doucement dans ses bras, malgré la fatigue, son poids loin d'être plume, le sang qui tâchait ses vêtements et ses blessures à elle ; après tout, Nora ne pouvait pas le laisser comme ça, ni même le forcer à se mouvoir s'il n'en avait plus la force. A dire vrai, elle non plus n'en avait plus aucune, mais une lionne blessée n'abandonnerait jamais son petit, malgré la famine et la mort. Petit homme tremblant dans les bras, elle se mit alors en route, en silence, après avoir adressé un dernier regard aux deux âmes sans vies.
Puis, comme des ombres, ils disparurent ; et demain matin au petit jour, la ville d'Oslo se réveillerait dans l'horreur, en découvrant deux corps aux âmes arrachées trop tôt.
Pourtant, jamais ils ne connaitraient la vérité.
Re: « I'm not a Monster ; im just ahead of the Curve. » • Nora
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