Un pas en avant. Deux en arrière. Tu en es incapable. Tu ne peux pas leur faire ça. Tu ne peux pas les trahir. Pourtant, tu n’as pas le choix. C’est pour leur bien que tu le fais, tu le sais. Mais c’est trop dur pour toi, c’est trop pesant. Non, vous pouvez encore vous en sortir, tu n’as pas à faire ça.
Tu fais demi-tour et traverses la rue bondée. Quelques personnes te fixent, intriguées par la gamine qui qui tourne en rond depuis des heures. Des heures, oui, que tu traverses l’avenue dans un sens puis l’autre. Des heures que tu tentes d’aller jusque la porte de l’Eglise, faisant toujours demi tour au dernier moment. Tu es passée par toutes les émotions, as retourné ton esprit pour trouver toutes les solutions. Mais aucune ne t’a semblée meilleur que celle-ci.
Que tu le veuilles ou non, tu n’es plus capable de protéger tes Garçons Perdus. Comme tu le redoutais, l’hiver s’est montré terriblement efficace, tuant deux de tes compagnons – dont le petit Léon, le soir de Noël. Et il n’est pas encore fini. Quelques nouvelles têtes ont rejoint tes rangs mais tu sais que tu seras incapable de leur donner de quoi manger ou même tout simplement de les réchauffer.
Et comme si ce n’était pas suffisant, Joe et Eugéne – ton Eugène, que tu aimais tant – sont portés disparus. Ils étaient partis travailler sur les quais et ne sont jamais revenus. Pourtant, ce n’est pas si dangereux que ça là-bas, et ils étaient tout à fait capables de se défendre. Tu es allée en personne enquêter, chercher à savoir ce qui avait bien pu se passer, mais on n’a pas su te répondre. Ils étaient là et la minute d’après, ils s’étaient envolés.
Et sans eux – sans Eugène – tu es perdue. Ils étaient les plus grands de la bande, tes bras droits. Ils t’aidaient à prendre les décisions et étaient capables de travailler avec toi. Maintenant, tu es toute seule. Seule et abandonnée. Avec tes enfants mourants sur les bras.
C’est pourquoi tu fais des allers-retours depuis ce matin. Tu ne peux plus gérer cette situation par toi-même, il faut que tu demandes de l’aide. Mais tu ne peux pas les abandonner. Ils t’en voudront. Et alors ? S’ils sont en vie, c’est le plus important, non. Mais toi, tu t’en voudras. Tu ne seras plus à leur côté pour être certain que tout va bien et qu’on ne s’en prend pas à eux. Tu ne seras plus à leur côté pour les rassurer et les consoler après un cauchemar. Et eux ne seront plus à tes côtés pour te rappeler que tu n’es pas seule, et que tu vaux quelque chose.
Emportée par la colère, tu viens frapper de ton point dans la brique. C’est douloureux mais tu t’en fous et recommences. Comme si, enfin, tu te donnais une bonne raison de souffrir. Bientôt, le sang recouvre ta main et viens tâcher le mur. Mais tu continues, encore et encore, jusqu’à entendre quelque chose craquer. Tu rouvres les yeux et regardes le mur, toujours intact, avant de baisser le regard sur ta main et de grimacer. Au moins, elle sera assortie à l’autre.
Un sourire amusé étire tes traits, quelques secondes, avant de laisser place à la tristesse. Les gens sont en train de partir et bientôt, l’Eglise sera vide. Il faut que tu y ailles, maintenant, que tu le veuilles ou non.« Du nerf, Max. »
L’air déterminée, tu traverses la rue et pousses les lourdes portes de bois. Dedans, tout est silencieux. Bien trop à ton goût et l’ambiance pieuse te pèse au bout de quelques secondes. A moins que ce ne soit la culpabilité ?
Après quelques pas, tu finis par apercevoir le prêtre, en train de discuter en compagnie d’un homme que tu n’as jamais vu dans les parages. Tu sais que ce n’est pas poli de les interrompre, mais tu n’as plus de temps devant toi. Tes Garçons Perdus sont seuls et ils sont encore sous ta responsabilité.« M’sieur ? » Non, tu ne peux te résoudre à l’appeler Mon Père. « J’peux vous parler ? ‘fin, j’veux pô vous déranger. Mais c’est important et j’ai pas trop l’temps. En fait …. Vous savez où j’pourrais mettre mes garçons perdus en sécurité ? J’peux plus m’occuper d’eux. »
Tu sais qu’il va refuser. C’est évident. Mais malgré tout, tu espères réussir à l’attendrir. Il est ta dernière chance. A moins que l'homme à ses côtés puisse faire quelque chose aussi, qui sait. Qui ne tente rien n'a rien. Et tu es désespérée.« Et vous ? Vous sauriez pas, par hasard, qui voudrait d'une bande de gamins des rues ? »
Le jour où Peter Pan est mort || Abel
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Re: Le jour où Peter Pan est mort || Abel
Le jour où Peter Pan est mort
Il se tient aujourd'hui face à ce prêtre qui lui annonce qu'elle est parti il y a quelques jours. Il était si prêt, parce qu'il le sait, il le sent, c'est elle, ça ne peut être qu'elle. La description correspond parfaitement. La bonne tranche d'âge, les cheveux et les yeux, tout correspond. Mais peut-être que tout ça n'est du une fois de plus qu'à son espoir. Peut-être qu'il y croit parce qu'il en a besoin. Mais et si ce n'était pas elle ? Et si ce n'était qu'une illusion une fois de plus ? Il oublie ces souvenirs et baisse de nouveau la tête vers le prêtre, ce n'est pas comme s'il pouvait la relever vu sa taille.
« Vous n'auriez pas une idée d'où elles pourraient être aller ? »
Sa voix grave résonnent dans le bâtiment pratiquement vide. Son ton est presque désespéré. Il est tout près, il le sait, ce dont il doute en revanche c'est de son esprit défaillant. Il ne sait pas quand celui-ci finira par le lâcher, quand il craquera et que la recherche de sa fille deviendra secondaire, si bien qu'il serait capable de l'oublier totalement. Il doit la trouver avant que tout cela n'arrive.
« Non, elles n'ont rien dit … Je suis désolé…
- M'sieur. »
Sa déception n'a pas le temps de le toucher qu'ils se font interrompre par une enfant. Les yeux de l'ancien corbeau, ses prunelles rouges et inquiétantes se posent sur elle alors qu'elle commence à demander de l'aide au prêtre. Ses garçons perdus ? Malgré l'aide qui vient de lui apporter le prêtre Abel sait très bien qu'il ne lui viendra pas en aide, il n'est pas naïf, il sait que c'est son implication avec le Vatican qui lui permet d'obtenir autant d'aide. Le prêtre trouve une excuse simple, racontant qu'il n'a pas de place ici pour des personnes en plus. Le géant sait que c'est faux, que le prêtre n'a seulement pas confiance en des gamins des rues qui pourraient tout voler dans cette église, la saccager sans qu'il ne puisse se défendre. Ca ne serait pas la première ni la dernière que des jeunes se permettraient de détruire un lieu de culte alors qu'on leur propose de l'aide.
Finalement elle se tourne vers lui, relevant ses yeux.
« Et vous ? Vous sauriez pas, par hasard, qui voudrait d'une bande de gamins des rues ? »
Le prêtre et lui échange un regard. Bien sûr qu'il saurait qui voudrait profiter de ces gamins. Il a vécu exactement la même chose des années auparavant. Abel comprend dans le regard du prêtre qu'il est bien heureux de lui refiler la question avant de partir en prétextant une cérémonie quelconque.
« Comment est-ce que tu t'appelles ? »
Il se tourna totalement vers, sa carrure imposante recouvrant de son ombre le petit corps frêle de la jeune fille. Il ne pouvait pas lui parler de Central, pas comme ça, pas tout de suite. Après tout Central n'était pas une institution qu'il conseillerait pour des enfants, bien qu'ils en recrutent énormément.
Re: Le jour où Peter Pan est mort || Abel
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Le Prêtre te répond, et sans surprise c’est un refus. A quoi tu t’attendais ? L’Eglise n’a jamais été présente pour vous aider, ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Ce n’est qu’une grande farce, tout comme leur Dieu. S’il existait vraiment, s’il en avait vraiment quelque chose à faire, il ne laisserait pas des gamins comme vous dans la rue. Il vous trouverait une vraie famille, une qui ne vous bat pas et ne vous affame pas. Mais il faut croire que c’est trop compliqué pour un vieux bar-bu doté de tous les pouvoirs. Imbécile.« Comment est-ce que tu t'appelles ? »Il se tourne dans ta direction et un frisson te parcourt le dos. Maintenant qu’il te fait face, tu te rends compte à quel point il est immense, comparé à toi qui es tout à fait minuscule. Il pourrait t’envoyer au sol d’un simple coup de pied, et te tuer d’un simple battement de cils. Mais il ne faut pas que tu abandonnes, Maxence. Il ne faut pas que tu laisses la peur prendre le dessus, pas en-core. Quand tu seras toute seule, tu pourras pleurer et trembler de tout ton saoul. Mais pour l’instant, tu dois rester forte.« Maxence. Mais mi on s’en moque. C’est d’mes garçons perdus qu’il s’agit. J’dois leur trouver un abri. P’têtre même un foyer, mais ça c’est trop demandé j’crois » Tu jettes un regard noir au Prêtre, qui s’agite dans un coin, avant de revenir vers l’inconnu « Ils sont sales, mais ils sont pas méchants vous savez. Et puis, ils sont même pas nombreux »Ta voix se casse et tu redeviens silencieuse. Les poings serrés, tu as envie de casser quelque chose, énervée par ta faiblesse et par toute cette histoire. Il faudrait que tu fasses sortir toute cette rage, toute cette tempête qui s’agite en toi. Peut-être qu’enfin, les gens sortiraient de leur brouillard et se rendraient compte de ta présence. Peut-être qu’ils t’aideraient. Et même si ce n’est pas le cas, tu serais plus légère. Comme libérée.
Mais tu ne peux pas faire cela pour l’instant. Tu passerais pour une folle, une gamine hystérique et dangereuse. Tu perdrais le peu de respect que t’accordes peut-être l’inconnu. Et sans ça, les autres sont perdus. Alors tu te contiens. Tu dessers tes poings, retenant une grimace de douleur, et adoucis ton regard. On y voit toujours cette tempête, sans aucun doute. Mais on y voit d’autres choses aussi. De la tristesse, de la peur, de la détresse.« Alors, v'pouvez faire quelque chose ? »
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Re: Le jour où Peter Pan est mort || Abel
Le jour où Peter Pan est mort
" Pour cette nuit, je peux faire en sorte que le prêtre accepte de vous héberger et vous nourrir, mais je ne pourrais pas garantir cette aide après mon départ. Ca t'irait ? "
Encore une fois il agit, une mission qui ne lui ait en rien demander par Central, pourtant il ne peut pas la regarder dans les yeux et lui dire qu'il ne peut rien pour elle, pour eux. Il est incapable de refuser d'aider des enfants. Un prêtre n'oserait pas refuser quoi que ce soit à un membre de Central et il en avait bien conscience, en particulier un qui serait en quelque sorte lié à l'organisation.
" Et puis peut-être qu'en voyant que vous ne faites rien de mal, il pourrait acceptez de vous garder plus longtemps. "
Abel aimerait pouvoir l'obliger à les héberger, mais il ne pourrait en aucun cas vérifier si le prêtre respecte sa part du marché. Central ne l'autorisera pas et avec sa santé défaillante, il n'a plus de temps à perdre. Il doit retrouver Abby avant de complétement flancher. La culpabilité le pousse pourtant à vouloir faire plus, autant qu'il peut, il aimerait vraiment pouvoir faire quelque chose, n'importe quoi pour leur venir en ide.
" Quel âge as-tu Maxence ?" "
Il sait que ce n'est pas le meilleur choix à faire, il sait qu'il ne devrait pas lui poser ces questions, qu'il ne devrait pas imaginer cette solution, parce que cela l'a détruit, cela la transformer et qu'il ne souhaiterait pas ça à sa propre fille, alors à cette gamine terrorisée ? Pourtant il y avait cette solution, Central. Après les évènements récents, ils étaient à la recherche de nouvelle recrue pour renflouer les rangs, ce qu'ils seraient prêts à faire pour cela restait à voir, mais peut-être qu'avec son grade Abel pourrait obtenir quelque chose, une aide pour cette gamine et ses amis ? Ce n'était pas dans les habitudes de l'organisation, mais peut-être, il pouvait toujours essayer.
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Il ne répond pas tout de suite, semble perdu dans ses pensées, alors tu restes silencieuse. Tu ne sais pas s’il réfléchit à ta question ou si c’est tout autre chose qui occupe son esprit, et cette hypothèse fait de nouveau gronder la colère au fond de tes tripes. C’est parce que tu la retiens depuis trop longtemps qu’elle ronronne comme ça dans tes entrailles. Comme une bête qu’on aurait essayé de contenir dans une boîte trop petite pour elle, en vain. Un jour, la boîte finit par exploser, et la bête par sortir.
Mais l’homme te répond, apaisant un peu la bête. Il semble réellement concerné par ton problème et tu lui en es reconnaissante. Après ces longs mois de galère, on t’écoute enfin. Et ça fait du bien, plus que tu ne l’aurais imaginé. Si seulement on avait pris le temps de faire de même, plus tôt, tu ne serais pas dans une telle situation. Et tes amis seraient toujours en vie.« Pour cette nuit, je peux faire en sorte que le prêtre accepte de vous héberger et vous nourrir, mais je ne pourrais pas garantir cette aide après mon départ. Ca t'irait ? »Non, ça ne te va pas. Mais comment lui dire ? Il t’offre déjà une trêve de 24 heures, qu’il va sûrement avoir du mal à obtenir, alors qu’il n’est pas obligé de le faire. Il ne te doit rien, et s’il voulait partir maintenant, sans t’accorder le moindre regard, il pourrait. Pourtant il reste là, et t’accorde une nuit de répit. Une nuit à l’abri de la rue, et tout ce qu’elle inclut de dangereux. Une nuit et un repas, dont vous avez cruellement besoin. Alors oui, même si ça te fait grincer des dents, ça te va.« S’toujours mieux qu’rien. Merci. »Si le début de ta phrase est encore emprunt d’amertume, ton merci lui est sincère et plus doux. Ce n’est pas de sa faute si vous vous êtes retrouvés à crever de faim dehors. Pas de sa faute si personne ne vous vient jamais en aide. Au contraire, l’homme fait un effort et se montre honnête avec toi. Il ne te fait pas miroiter une vie loin du besoin et de la douleur. Il mérite ce merci.« Et puis peut-être qu'en voyant que vous ne faites rien de mal, il pourrait acceptez de vous garder plus longtemps. »Un sourire narquois s’étend sur ton visage, avant que tu ne reprennes ta moue habituelle. Ça, tu en doutes beaucoup. Et tu sais très bien que l’homme aussi. Le Prêtre n’acceptera jamais de vous garder sous son toit, vous feriez fuir sa si précieuse clientèle. Il est évident qu’il ne prendrait jamais un tel risque ce sale c – On je jure pas dans une Église, Maxence, même si l’on n’est pas croyant.« Quel âge as-tu Maxence ? »Prise de court, tu restes silencieuse un instant. Que veut il ? En quoi ton âge peut il l’intéresser ? Ça te semble à la fois très suspect et pas du tout. Après tout, peut être qu’il a quelque chose pour toi, un travail ou tu ne sais quoi. Il faut que tu sautes sur l’occasion, au lieu de râler en silence et d’imaginer le pire. Jusque là, il s’est montré plutôt correct, qu’est-ce qui te dit qu’il ne va pas continuer ?« J’ai 13 ans. J’sais qu'c’est jeune, mais j'peux travailler. J'l’ai d'jà fait même ! J’ai fait toutes les tâches que j'trouvais et qu’on voulait bien m'donner, j'me moque de m'salir les mains. J’pas l’air comme ça, mais j'suis costaude et j’ai toute ma tête. »Tu caches bien que tu ne sais qu’à peine lire et absolument pas écrire. Tout comme tu caches ta main déformée derrière ton dos. C’est souvent ce qui a empêché les autres de te prendre, alors qu’elle ne t’handicape pas le moins du monde. C’est moche et parfois ça fait mal, mais ça fonctionne toujours parfaitement.« Si vous avez un travail, j’le prends. J’me moque de s’que c’est. J'vous l’ai dit, j'fais tout mi. Et j’apprends vite. j’suis pas bête. »Alors, Monsieur, vous avez un travail pour moi ?
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