Ne meurs pas devant moi {feat Norrin Omens

Marre. D'être ici. Marre. De cette ambiance lugubre. Sur l'Arche Aureum, l'atmosphère qui règne ne s'améliore pas. Le manque de bonnes nouvelles accable les apôtres, transmettant leur dépit aux Akumas. Agir, elle l'a déjà fait une fois, en compagnie de Sébastian, ce n'est pas assez. Il leur en faut plus, pour ne serait-ce qu'esquisser un sourire, ne serait-ce qu'oublier, que le Comte les a quittés.

Emi ne cesse d'essayer, de s'engager dans chaque mission qui nécessite quelqu'un. Elle se porte volontaire, afin de les soulager, afin de diminuer la peine de ceux qui comptent à ses yeux. Lily lui manque. Elle a peur de la voir. Elle a peur de voir la souffrance sur son visage, les larmes aux creux des yeux. Rien que de l'imaginer, c'est douloureux. Lâchement, elle préfère l'éviter, pour lui laisser le temps de guérir.

[...] Aujourd'hui, il y a un peu plus d'animation. Emi n'a pas besoin de chercher la cause, la nouvelle se répand rapidement. Un Souvenir de Noé se manifeste. Une lueur d'espoir gagne l'endroit. La voilà, la bonne nouvelle. Elle arrive à point nommé. Comme elle a pris l'habitude de le faire et pour éviter de perdre du temps, Emi lève la main, se désigne immédiatement comme volontaire. Prête à aller n'importe où, ce n'est pas compliqué en étant dans l'Arche. Le trajet va être rapide. Il s'agit d'aller récupérer un descendant de Noé, il ne devrait avoir aucun problème à la suivre. Elle obtient l'autorisation et s'éloigne, dans sa robe pourpre.

En un claquement de doigt, Emi se change. Tenue de combat ok. Armure... Armes... Mieux vaut éviter, elle risque d'attirer l'attention avec. Elle va se limiter à ses vêtements noirs corbeau. Elle ouvre la porte qui mène vers la destination désignée. Sauf qu'à peine met-elle un pied sur le sable des plages d'Océanie que les rayons puissants du soleil la font fondre sur place. La sueur roule sur son visage, sur son corps.

Sa première visite sur ce continent lui servira de leçons. Plus de trente degrés, même en septembre. Heureusement, elle n'a pas pris son manteau, c'est mieux que rien. Sa main glisse sur son visage, l'essuie et observe le paysage autour d'elle. Hormis la chaleur, c'est plutôt joli, le sable fin, l'océan à perte de vue, des palmiers et autres végétations ici et là... Et plusieurs dizaines d'îles. Toutes les visiter est tentant. Or, Emi a d'autres objectifs en tête. D'autres priorités.

L'Akuma se sert de ses sens, du lien qui relie l'outil au maître afin de situer le Souvenir de Noé. Lentement, elle ferme les yeux, tourne la tête, d'une direction à l'autre. Un pas d'un côté, de l'autre. Personne pour la déranger. Personne de menaçant pour l'attaquer. Il ne lui faut que quelques minutes pour le localiser.

Trouvé. Ses paupières s'ouvrent, Emi tente de courir, ses talons s'enfoncent dans le sable, la ralentissent. Elle peste, contourne la végétation et se retrouve face à... l'océan. Et la destination, un peu plus loin. Un peu trop loin. Parce que s'il y a bien quelque chose qui lui fait défaut c'est... Qu'elle ne sait pas nager. Pourquoi apprendre à nager lorsqu'on est incapable de quitter le lit ? Aucun intérêt.

Emi pose ses mains sur son visage, pousse un lourd soupir.

Et maintenant ?

Voler serait le moyen le plus efficace de parvenir de l'autre côté. Sauf qu'elle ne sait pas voler. Nager serait aussi une bonne solution... Si elle savait nager. Alors, elle n'a qu'à sauter. Un humain peut sauter environ huit mètres de longueur, un Akuma, c'est du gâteau. Mourir noyer, ce serait vraiment ridicule. Personne n'y croirait. Tout le monde en rirait.

Avant de s'aventurer dans une épreuve sportive, par curiosité, Emi s'approche de l'océan translucide. L'eau claire lui permet de discerner quelques poissons qui nagent et surtout de voir le sable. Elle n'a pas besoin de se casser la tête. Elle a pied. Une goutte de sueur roule sur son front. Elle est tellement habituée à la difficulté qu'elle se creuse la tête pour rien.

Un peu déçue de ce manque de péripéties, Emi rentre dans l'eau, au fur et à mesure qu'elle marche, elle lui arrive au niveau des hanches avant de redescendre. Ouf. L'Akuma essore sa robe, secoue ses jambes pour retirer l'eau dans ses bottes et reprend sa marche. Sur ce récif abandonné, de pierres et de sable, au gré des vagues, un corps est emporté, inerte. L'instinct ne trompe pas, elle sait qui il est.

Et la constatation est amère.



Plus elle s'approche, plus elle constate à quel point il est jeune. Pour peu, elle l'identifierait à son frère. Sauf que ce n'est pas lui. Emi relève son regard, vérifie qu'il n'y a personne. Personne à part lui. A-t-il été abandonné ? A-t-il fait naufrage ? Elle l'ignore. Il n'y a aucun indice. Juste lui, inconscient.



La jeune femme se penche, attrape son vêtement et le tire vers la berge, afin qu'il cesse d'être ainsi agité par les eaux. Son Souvenir serait la paresse ? C'est pour cela qu'il met autant de temps à émerger ? Probablement. Emi s'assoit à côté de lui, fixe son visage, son torse. Ses yeux s'écarquillent lentement d'effroi en remarquant un détail essentiel. Un détail que toute personne en vie possède. Et qu'il n'a pas.

Elle s'approche de lui, vient poser une oreille contre son coeur.



Elle a beau essayer de l'entendre, il ne bat pas, son coeur. Il est mort... C'est impossible. Les Noés sont immortels. Pourtant, c'est bien un cadavre qui se tient à ses côtés. Prise de panique, Emi attrape sa chemise, tire dessus afin de faire sauter les boutons. Elle s'excusera du manque de délicatesse une fois qu'elle l'aura sauvé (s'il est encore possible de le faire). Ses mains se posent au niveau de son sternum, dosant sa force pour ne pas lui broyer les os. Elle effectue des compressions, comptant dans sa tête. La série terminée, elle espère une réaction sans en voir.



Sa voix tremble. Emi recommence ses gestes, les gestes de premiers secours qui ne servent à rien. Elle se mord les lèvres, repense à cette discussion si vieille qu'elle a eu avec l'auteur. Ne pas perdre ses couleurs. Mais si elle perd cet enfant, elle en perdra forcément. Désemparée, Emi ne sait plus si c'est la sueur qui roule sur son visage ou si quelques larmes s'y mêlent.


agora

Encore. La mort. Permanente, constamment présente. Devant ses yeux, ce corps inerte, vidé de son âme fait écho à ses souvenirs. L'image de sa famille gravée dans son coeur se superpose à lui. Lui aux cheveux noirs, comme les siens, lui au corps d'adolescent, comme le sien -non ce n'est pas vrai. Elle mélange le passé et le présent, désire un garçon qui a cessé de vivre il y a longtemps. Ses mains ne sont destinées qu'à faire couler le sang, ses mains ne peuvent pas sauver qui que ce soit qu'importe sa volonté ?

Emi s'interrompt. Ses épaules se soulèvent frénétiquement, ses bras tremblent. Elle tente de reprendre son calme, de ne pas céder face à l'anxiété. Un Noé ne peut pas mourir, un Noé est immortel. La noyade n'en tuera aucun. N'est-ce pas ainsi, la logique derrière leur existence ? Et s'il meurt avant de le devenir, sera-t-il quand même sauvé ? C'est cette question qui l'effraie.

Pour y répondre, elle n'attend qu'une chose de sa part. Un unique signe prouvant qu'il n'est pas trop tard. Qu'il n'a pas trépassé définitivement. Juste un signe.

La poitrine du garçon se relève, il ouvre les yeux, respire. Délicatement, l'Akuma pivote son corps sur le côté pour qu'il puisse cracher l'eau sur le côté et ne pas s'étouffer avec. Même à ce moment, elle n'est pas certaine qu'il soit vraiment en vie. Pourtant c'est le cas. Même un être aussi sombre et maléfique qu'elle est capable de sauver quelqu'un. Un sourire reconnaissant apparaît sur son visage humide tandis qu'elle pousse un soupir, soulagée.

Avant qu'il ne disparaisse, ne laisse la place à l'étonnement. Le jeunot se tire sur le sable pour s'éloigner d'elle. Ah. C'est vrai, se réveiller avec une femme aussi effrayante, vêtue de noir et dégoulinant de sueur, ce n'est pas le tableau idéal. Emi ne cherche pas à s'approcher, elle ne fait aucun geste qui pourrait l'alerter. Elle se contente de l'écouter afin de pouvoir lui répondre.



Une réponse courte, vague pour lui. Son corps fût en effet décédé, pendant quelques minutes. Ce n'est pas un mensonge. C'est juste trop peu pour expliquer la situation. Ce qu'elle fait là, ce qu'il est en train de devenir. Le mystère est le mot d'ordre et elle ne désire pas le brusquer de trop.



Lance-t-elle en relevant les épaules. A son malheur ou à son bonheur, il est revenu et elle en est la responsable. Si cela l'ennuie, il est libre de la faire exploser puisqu'il est un Noé en devenir, cela ne devrait pas être difficile. La mort la laisse de marbre, elle n'a rien à perdre à la fréquenter d'aussi près.



Distinguer clairement la terreur sur son visage est douloureux. Ce n'est pas ce qu'elle veut lui inspirer. Peu importe à quel point elle est monstrueuse, Emi aimerait qu'il ne la craigne pas. Simplement parce qu'elle ne lui infligera aucun maux et sera là pour les panser. Elle est vraiment trop douce avec les enfants...



Pendant qu'il garde le silence, cherchant sûrement à jauger la situation, Emi continue de prendre la parole, sans peur et sans hésitation. C'est elle qui possède les clés du savoir et elle désire les lui transmettre afin de l'éclairer.



Dans les grandes lignes, c'est ce qu'il a besoin de savoir. Les détails viendront après, s'il ne s'enfuit pas. Il a l'air prêt à détaler. Pourquoi ? Qu'a-t-il subi pour ainsi craindre une femme ? D'habitude, les femmes sont moins susceptibles d'effrayer par leur frêle apparence... Frêle apparence ne la désigne sûrement pas assez pour qu'il baisse la garde. Sinon ce serait trop facile.



C'est le rôle d'un objet que d'être utilisé.
agora

Emi l'observe, remarque les larmes qui glissent sur ses joues, difficiles à discerner, perdues parmi les gouttes de la mer, un mélange mélancolique, amer. Sa voix s'élève, les questions s'enchaînent. La panique se lit et la peur se ressent. L'incompréhension règne en lui comme en elle lorsqu'elle a été contrôlée afin de massacrer sa famille. Au moins, son réveil fût moins cruel. Au moins, ses mains ne sont recouvertes d'aucun sang.

Peut-être que le sien sera versé. Qu'importe, si cela lui permet d'être apaisé.



Il est une coupe en train d'être abreuvée de liqueur. La tête tourne, les sens s'amenuisent. Renaître n'est pas aussi simple. Renaître est effrayant. Une frayeur qu'il va lui falloir dompter, au fur et à mesure du temps... Emi ne peut contrôler, le pincement qu'elle a, au coeur, prouvant qu'il bat toujours, qu'elle est capable de ressentir, encore et encore, la détresse des autres.

Son corps s'avance de lui-même, il désire s'approcher, influencé par les souvenirs du passé. A chaque fois que Kin souffrait, c'est ainsi qu'elle venait l'apaiser, par une étreinte chaleureuse, étouffante. Il la rejetait mais finissait par s'y noyer et pleurer, s'il en avait besoin... Des câlins qu'elle ne peut se permettre de donner puisqu'il a l'air si angoissé...

N'est-ce pas au contraire la raison qui devrait la faire se mouvoir ? Qu'est-ce qui l'en empêche au fond ? Rien. Il n'a pas la force de l'en empêcher. Il n'a pas le pouvoir de la faire exploser, pas encore. Il est inoffensif comme un enfant, un enfant dont l'avenir est devenu incertain. Et si ce n'est pas le cas, tant pis. Ainsi se finira sa seconde vie.

Emi ravale sa salive, s'approche. Un pas après l'autre, lent, par le poids de l'eau et du sable qui colle à ses jambes. Arrivée à son niveau, elle s'affaisse doucement, attrape le tissu qui constitue sa tenue afin de l'arracher sans difficulté. Elle le dépose sur ses épaules, les frictionne. Il ne doit pas se rendre compte de son corps frigorifié. Ses doigts caressent ses joues, remontent sur son front pour essuyer le sang qui y coule. Délicatement, elle l'amène vers son corps.


Emi est assez forte pour encaisser le rejet, capable d'en faire abstraction et de se concentrer sur le plus important : sa santé. Sa présence n'a pas pour but de le forcer, il peut aisément se défaire de son étreinte et s'enfuir. Il est libre. Libre de lui échapper mais avant cela, elle lui glisse quelques mots, d'une âme détruite à une autre brisée.


C'est ironique. Le Monde a toujours représenté l'adversité, les personnes qui le composent ne sont pas toutes bonnes, c'est même le contraire. Pourtant, depuis qu'elle est devenue une institutrice, depuis qu'elle s'est autant attachée aux enfants, elle veut croire qu'il est possible de les épargner, de les protéger de toute la noirceur qui règne dans l'air. Qu'au moins eux pourront vivre sans que rien ne leur retire leur sourire ni leurs couleurs.
agora

La machine reste à la disposition de l’Apôtre, silencieuse, docile, elle l’écoute, lui fournit des réponses à ses questions tout en essayant de ne pas l’effrayer. Ce n’est pas facile, c’est la première fois qu’elle est chargée de ce rôle, d’habitude, ce sont les Noés qui s’initient entre eux, les Akuma ne viennent que s’ils ont besoin de se défouler en en faisant exploser quelques-uns, pour passer le temps.

Emi ne saisit pas entièrement ses inquiétudes, elle n’a pas eu le choix de renaître, c’est le Comte qui le lui a imposé, faisant d’elle une meurtrière, leur situation est radicalement différente. Il a la possibilité de devenir ce qu’il désire, de faire ce qu’il souhaite. Il n’est pas enchaîné, contrairement à elle.


Aussi lente soit son approche, elle suffit à le faire reculer, à lui faire peur. Aussi perdu soit-il, comment se fait-il que la vision d’une femme l’inquiète autant ? Qu’a-t-il subi de si horrible pour être terrorisé par autrui ? Emi n’a pas besoin de le savoir, un jeune enfant jeté par-dessus bord, elle comprend ce qui lui est arrivé. Et si elle avait assisté à cette scène, nul doute que les hommes seraient tous morts après avoir imploré pour leur vie. Ils ne mériteraient rien de plus.

Cependant, ce n’est pas ce qu’elle doit faire tout de suite. Tout de suite, c’est une étreinte délicate qu’elle lui offre. Il n’est pas Kin, elle ne veut pas l’étouffer de son affection, elle se contente de le consoler comme elle le peut. Et peut-être que cela fonctionne puisqu’il ne se débat pas, il la laisse faire. En revanche, elle sent qu’il tremble comme s’il était persuadé que douleur viendrait après réconfort.

Le Monde n’est pas ton ennemi. Ah, c’est en le prononçant qu’elle se rend compte d’à quel point c’est hypocrite. Exorcistes seront ses nouveaux ennemis à partir de maintenant, il n’aura plus à craindre les humains mais devra se méfier d’une espèce bien plus dangereuse et persistante. Le rire qu’elle perçoit la fait desserrer sa prise sur lui, elle porte son regard dans le sien. Un regard qui n’est pas animé par la haine, la colère mais par un vide profond et sincère.


Exactement comme elle l’aurait fait pour son petit frère. Qu’importe qui s’oppose à lui, elle se chargera de le tuer quitte à devenir une poupée ensanglantée. Ses mots sont trop violents, c’est certain. Emi se rappelle qu’au moindre faux pas, elle risque d’empirer sa torpeur. Et ce n’est pas son but.


Loin d’être insensible à ses pleurs, ses pouces viennent essuyer ses joues avec douceur. Elle effleure le haut de son crâne, d’une caresse fugace pour ne pas abuser de sa proximité. Si elle a toujours été tactile, ce n’est pas le cas de tout le monde.
agora

Personne n’a jamais été de son côté ? Ce n’est pas grave, à partir de maintenant, elle le sera. Pourquoi lui dit-elle qu’elle va le protéger ? Parce qu’il lui rappelle son frère cadet ? Parce qu’il lui rappelle celui qu’elle n’a pas réussi à sauver ? Non. Tout simplement parce qu’elle en émet la volonté. Elle veut le protéger, de ceux qui lui ont fait du mal, de ceux qui voudront lui en faire à l’avenir. Quitte à tous les exterminer. 

Un bougonnement pour seule réponse, son regard s’affaisse sous la fatigue, ses paupières se ferment et son corps chute contre le sien. Lourd, épuisé. Il s’est endormi. Simplement. C’est la première fois qu’elle assiste à la naissance d’un Noé. Puisqu’il est vulnérable pendant son sommeil, sa destination est claire. Emi le soulève avec douceur, elle cale sa tête contre sa nuque, le porte comme elle le ferait avec un enfant et emprunte la route du retour. Le sable, l’eau de mer la laissent indifférente. Elle fait en sorte qu’il ne soit pas mouillé jusqu’au retour sur l’Arche Aureum. Ses bottes cuirassées résonnent dans le couloir désert. 

Emi avance, sans savoir où le déposer. Elle n’aura pas à y réfléchir bien longtemps, une pièce se matérialise près des autres chambres, une porte apparaît. L’intérieur est sobre, vide comme l’est l’Apôtre de la Vie. Avant de le poser sur le lit, Emi attrape des serviettes pour le sécher, retire sa tenue trempée et le frictionne avant de lui mettre une chemise de nuit. Ses vêtements sont épinglés après avoir été correctement lavés. Ses tâches accomplies, Emi le recouvre de couvertures, dépose une bassine d’eau à son chevet et y reste pour veiller sur lui. Elle passe un tissu humide sur son front lorsqu’il a des suées et attend. 

Elle a promis de l’aider et elle le fera. 

Elle ne reviendra pas sur ses mots avant qu’il n’ouvre les yeux. 

Cependant, après plusieurs heures, elle s’absente de la pièce une poignée de minutes. Emi se dirige vers les cuisines afin de changer l’eau de la bassine et de préparer un encas. Sans émettre le moindre son, elle épluche une pomme, la coupe en morceau et la dépose dans une assiette. Des gestes répétés qu’elle effectuait souvent de son vivant. D’une main, elle tient l’assiette, de l’autre, la bassine. Quelque chose qu’elle n’aurait pas pu faire, avant. En revenant sur ses pas, elle aperçoit une silhouette, entend son prénom. 

Il s’est réveillé ? Déjà ? 

Comment s'appelle-t-il ? 

Il ne lui a pas dit. 

Elle élève la voix afin qu’il la repère, si ce n’est pas déjà le cas. 


L’Akuma s’abaisse pour déposer le récipient au sol. Sa main se dirige vers le front du garçon, dégage ses mèches et se pose sur sa peau. Elle oublie qu’il n’est plus endormi et que ce qu’elle faisait quand il était inconscient peut être inconfortable pour lui. 


Emi retire sa main, si fraîche par rapport à tout le reste et lui présente l’assiette. 


agora