Blood must have blood

Et dire que ça me fait bizarre. D'être libre. D'être juste... libre. Pouvoir aller où je veux. Quand je veux. D'avoir Yulala, quelqu'un sur qui je peux toujours compter. De plus être constamment dans la crainte et l'obéissance, mais de pouvoir faire ce que je veux. J'avais oublié que c'était ça, la "normalité". Et si ça en fait chier beaucoup, s'ils trouvent ça chiant comme la pluie, j'ai pas l'intention d'être comme eux.
C'est vrai. Pour moi, c'est beau, cette "normalité". Mais je la laisserai pas se transformer en quotidien.
Je vais vivre au maximum, pour me venger de toutes ces années où je n'ai pas pu vivre.
Pour me venger de cette mort qu'on m'a infligée.

Enfin. J'ai de beaux discours, c'est vrai. J'ai plein de rêves dans la tête, aussi.
En attendant, j'ai toujours aucune idée de comment les mettre en place. Donc, autant en profiter, hein ?
J'ai décidé d'aller flâner par ci par là. Yulala fait des trucs dans son coin, mais là, j'avais envie de me dégourdir les jambes. De penser à autre chose, ou plutôt à rien. Même si ça c'est impossible. Il y a toujours un truc à penser. Disons, penser à autre chose. C'est mieux.
Ha. J'aurais jamais pensé tomber sur ça.
Ça s'était fait complètement par hasard. Après avoir goûté à la liberté, j'en aurais presque oublié tout ça. Tout ce qu'il s'est passé, sur les mers. Enfin, non. Ça, c'est impossible. Je pourrai jamais oublier. Disons que pendant un moment, je pensais goûter à cette liberté. Penser à autre chose, oui.
Et il a fallu que je retombe sur un fantôme du passé.

Cette femme. Je m'en souviens. Je me souviens de chacun d'entre eux. De chacun de ces salopards qui m'ont fait souffrir. De chacun des salopards qui ont posé un pied sur ce bateau. De chacun de ces salopards dont je vais me venger.
Elle est l'une d'entre elle.
Ouais. Cette grande perche. Cette femme aux longs cheveux noirs et aux yeux violets, là. Je m'en souviens aussi.
Elle aussi, était avec eux. Ils commerçaient avec eux. Régulièrement.
Et les amis de mes ennemis sont mes ennemis.

Tout autour de moi, le vent commençait à s'agiter. Les quelques passants se dépêchent, surpris par de telles bourrasques. Évidemment, moi, je suis pas affecté.
Évidemment, la femme, elle, est affectée.
Je me dirige vers elle. Lentement, mais surement.
Hors de question que je la laisse s'échapper. Pas alors que je tiens ma seule piste pour remonter jusqu'à eux.
Pour pouvoir les crever jusqu'au dernier.
J'arrive à sa hauteur, et je reconnais son visage. Pas de doute. C'est bien elle.
Dommage pour toi. Je suis plus le même gamin qu'autrefois.
Je lui lance un regard de haine pure, glacial.

-Yo. Pirate.

Eh bien ? Tu ne te souviens pas de moi ?
Oh, ne t'inquiète pas...
Parce que je vais te rafraîchir la mémoire.