Mauvaise rencontreLavi Bookman Junior
Dès le début de la journée, lorsque le soleil vient déjà de se lever pour tenter de remonter un peu la température glaciale du matin, la rebelle est obligée de se lever tôt pour se rendre à son nouveau lieu de travail de conseillère principale de cette Reine d’Angleterre. Le réveil ne fut pas si simple sur le sofa peu confortable du salon luxueux du manoir de son domaine. Au lieu de passer la nuit dans son lit bien douillet et chaud, l’albinos préfère dormir sur une chose moins moelleuse pour mieux se reposer. De toute manière, personne ne l’attend dans ce plumard de bourge, donc pourquoi entrer dans cette chose dont beaucoup de gens sont amoureux. La lumière du jour agresse les pauvres cristaux de sang de la femme qui cherche frénétiquement sa monture de lunettes afin de découvrir ce monde sous un autre point de vue. Cependant, sa main qui tente de trouver cet objet vital, ne trouve absolument rien sur la petite table en bois de sapin. Un grognement se fait entendre, quelques injures également puis son majordome réveillé depuis plusieurs heures lui tend sa convoitise du matin. D’un remerciement, l’Avocate du Diable saisit ses loupes pour les placer sur son nez. Sans un mot, Raven pose un plateau comportant quelques aliments préférés pour Cassidy comme petit-déjeuner. L’odeur du café noir caresse sensuellement l’odorat de la louve qui cache son gargouillement d’appétit pour ne pas que l’homme en face d’elle l’entend. Une fois que le majordome quitte les lieux, la Duchesse se met à manger pour prendre des forces sur la grande réunion qui l’attend. Jouer son nouveau jeu de rôles est particulièrement difficile, éprouvant, énervant, mais c’est une contrainte à prendre, une habitude à endurer pour accomplir ses objectifs.
Repas terminé, l’ancienne Comtesse s’habille de ses habits de classe supérieure après avoir pris le temps d’un bon bain chaud qui lui a permis de se reposer trente petites minutes. Elle sort de sa bâtisse, enfile son chapeau pour se protéger de ce vilain soleil et s’empresse de rejoindre la calèche qui l’attend. C’est en entrant dans cette pittoresque diligence que Cassie soupir discrètement en se rendant compte de ne pas être seul à bord. La puanteur de la noblesse assassine son odorat délicat à cause d’une femme portant sans doute le titre de Baronne et de cet homme qui doit être un Vicomte. C’est en ayant à peine posé son derrière sur le siège que des questions, des louanges, de l’admiration à l’égard de la Duchesse se font entendre dans ce transport se dirigeant à Londres. De manière professionnelle, la Dame Révolutionnaire engage donc la conversation avec eux en arborant un sourire doux et envoûtant qui cache ses envies de meurtre contre ces deux personnes de classe inférieure. Ça parle d’héritage, ça discute d’un futur prince charmant pour la Duchesse et ça mentionne également le sujet d’enfant. La patience de Danvers est à rude épreuve et bon Dieu que sa colère bouillonne dangereusement dans son corps. Elle s’imagine déjà en train de dérober la vie de cette femme et de cet homme. Ou bien de les manipuler pour qu’ils s’entretuent entre eux. Ou alors de les inciter à se révolter contre les pauvres pour y semer une petite révolution dans un coin de Londres. La langue de la carnassière caresse sa lèvre supérieure en pensant à ces idées excitantes et très tentantes. Puis, lorsque la femme lui demande pourquoi elle vient de commettre ce petit geste qui n’est pas digne d’une Duchesse que la cowgirl s’excuse en prétendant penser à une ravissante pâtisserie que son majordome compte lui préparer à son retour. Des rires hautains se dégagent des cordes vocales des nobles et Cassidy décide de les accompagner afin de ne plus penser à ses noirs desseins.
Devant les portes de la capitale de l’Angleterre, l’affamée décide de sortir de la charrette en abandonnant avec plaisir ses compagnons de voyage qui ont failli mourir à plusieurs reprises si Cassidy ne possédait aucune patience. La Duchesse s’incline poliment, baise la main de la Baronne, paye le cocher d’une somme bien plus importante en ayant senti en lui grâce à son flair de louve, sa petite révolte contre les bourgeois. Un sourire charmeur et envoûtant est donc adressé à cet homme ne possédant aucun titre.
« Garde la monnaie et n’hésite pas à revenir à mon domaine si tu souhaites obtenir un travail plus gratifiant. »
De quelques pas, la femme se recule et fixe le carrosse entrer dans Londres en y entendant des rires moqueurs sur le cocher par les bourgeois se trouvant dans la charrette. Un rictus apparaît sur son visage et ses orbes dévoilent pour quelques secondes le doré de sa nouvelle et véritable nature. Bientôt, ce monde ne connaîtra plus l’inégalité sur ce système décevant de classes inférieures et supérieures. Le titre de Comte ne sera plus qu’un nom médiocre, le titre de Reine d’Angleterre n’apportera plus rien non plus. Un frisson survient de ses pieds à sa tête, provoqué par ses instincts de Noah. Son cœur éprouve un dégoût inhumain et son estomac souhaite recracher le petit déjeuner qu’elle a avalé. L’Innocence, cette horrible chose, cet obstacle hideux se trouve tout proche de Danvers. Son comportement de Duchesse se change alors en une prédatrice comptant trouver sa proie pour la dévorer sur-le-champ. Son attention se porte alors sur un roux, séduisant, porteur d’un uniforme sombre de ses ennemis. Un Exorciste…
Ses sourcils se froncent, son envie de foncer sur lui pour l’assassiner est très grande mais Cassidy se retient. Dévoiler sa véritable nature aux yeux des Anglais est une mauvaise idée et peut dégrader voire éliminer son alliance avec la Reine Victoria. Si elle souhaite s’occuper du borgne, il faut l’entraîner un peu plus loin des regards des curieux. C’est donc quand une idée survole autour de son crâne, que la manipulatrice saisit cette chance pour tenter de rayer un nom sur la liste des Exorcistes à abattre. De pas de Loup, la Duchesse arrive derrière le gamin, affiche un sourire charmeur, puis subitement saute sur lui pour l’enlacer de tout son cœur.
« Mon Roméo !! » s’exclame d’une voix heureuse la Duchesse, amoureuse de la chair humaine. « Tu es enfin revenue de ton voyage !! Je n’ai pas arrêté de lire tes lettres d’amour à mon encontre. Tu m’as tellement manqué et je t’ai tant pleuré en me disant que tu étais parti trouver une meilleure partenaire. » La femme se met à pleurer, chose facile pour une grande manipulatrice. « Si mon titre de noble te dérange tant, je suis prête à tout laisser tomber, pour te rendre heureux et fonder une famille avec toi. Ton bonheur, ton sourire angélique, ta voix, sont les choses les plus importantes à mes yeux et encore je pèse mes mots car je ne vois que des qualités chez toi. »
️ Jawilsia sur Never Utopia