Ses pieds foulaient le sol enneigé, et la nuit dévorait les dernières lueurs de l'astre de feu. Un nuage de buée se formait à chaque expiration du petiot dont le palpitant battait à vive allure derrière sa cage thoracique. Il avait mal partout, mais ne voulait pas s'arrêter avant d'avoir retrouver la chaleur de son foyer et ses yeux sombres étaient fixés devant lui, brillant d'appréhension alors que l'idée de se faire rattraper défilait dans son encéphale. Il avait réussi à prendre la fuite après avoir poussé violemment l'un de ses agresseurs et fait un croche-patte à un autre, mais leur ténacité à lui mener la vie dure les avaient fait se relever en toute hâte pour se remettre à ses trousses. Ne pouvaient-ils pas le laisser tranquille ? Cet ami que Viggo s'était fait n'était pas là non plus pour veiller sur lui et se retrouvant seul, il devait ainsi faire de son mieux pour se débrouiller par ses propres moyens pour les faire lâcher l'affaire.
Cependant, rien n'était gagné. S'apprêtant à bifurquer sur une nouvelle ruelle qui le mènerait ensuite chez lui, il entendit les voix saccadées des trois énergumènes résonner dans la même direction que celle qu'il souhaitait prendre : ils avaient tenté de le devancer et de le prendre par surprise. S'arrêtant précipitamment avant de tourner la tête dans toutes les direction, le visage décomposé par la panique, il aperçut un hangar dans lequel une faible lueur émanait et s'y engouffra discrètement, se cachant derrière un amas d'énormes caisses en bois. Les battements de son cœur étaient si forts qu'il avait l'impression que son organe vital allait exploser à l'intérieur, et Viggo porta ainsi sa main à sa poitrine martelée par les pulsations cardiaques. Il se laissa tomber sur les genoux, laissant les doigts de son autre main tâter le bleu qui avait pris forme sur l'une de ses joues. Une grimace s'ancra sur ses traits alors qu'il perçut des voix posées et adultes provenir du milieu de l'entrepôt. Qui étaient-ils ? Il n'entendit pas les pas d'une silhouette se rapprocher de lui, et celle-ci, posant une main menaçante sur son épaule, prononça quelques mots d'une voix qui glaça le sang à l'adolescent. « Qu'est-c'que tu fous ici, gamin ? »