(Et, fort heureusement, il s’accroche tout aussi fortement à toi. Des fois, tu songes qu’il doit avoir peur que tu te fasses emporter par le courant impitoyable de la vie.)
(Des fois, tu penses qu’il a peur que tu disparaisses. Tu ne comprends pas toujours sa peur, tu ne comprends pas pourquoi il est venu te chercher après ta fugue.)
(Mais, des fois, tu n’as pas besoin de comprendre. Tu as juste besoin de la main d’Olav dans la tienne et qu’il te dise que tout ira bien.)
Tu es encore couchée quand il fait de nouveau irruption dans la chambre, un large sourire sur ses lèvres fines. Quand il te voit réveillée, il te salue chaleureusement, avant de te dire qu’il s’en va faire des emplettes. Il a besoin de nouvelles chaussures, te dit-il sans réfléchir, et peut-être quelques bouquins, pour les nuits où il n’arrive pas à dormir. Tu le salus à ton tour, un peu maladroitement en te redressant sur ton petit lit. « Hade kjære. » que tu marmonnes en quittant le cocon chaleureux offert par ta couverture. « Vær forsiktig. » Tu ne sais pas trop contre quoi ou qui tu le mets en garde, tu désires juste qu’il soit prudent. Tu te glisses derrière le paravent pour aller te changer et te préparer pour la journée qui vient de commencer. Olav, lui, enfile sa veste et après quelques derniers mots sans grande importance, le voilà parti. Tu te brosses consciencieusement les cheveux, grimaçant chaque fois que la brosse tire sur un nœud un peu trop résistant. Une fois cela fait, tu te glisses dans ta robe du jour, puis tu t’empares de ton pyjama et le jettes en fouilli sur ton lit. Tu jettes un rapide coup d’oeil au lit d’Olav, à l’autre bout de la pièce. Son lit est fait, son pyjama très certainement rangé sous son oreiller. Puis tu regardes à nouveau le tien, tout en désordre. Bah, ça peut bien attendre. Tu sors de la chambre et descends rapidement les escaliers, arrivant bien vite dans la salle principale de l’auberge dans laquelle vous avez élu domicile depuis un peu plus de trois jours. Tu vas voir la gérante, qui t’accueille avec un large sourire. Tu demandes un bol de porridge et un peu de pain en guise de petit-déjeuner, puis tu vas t’asseoir en attendant patiemment que l’on t’ammène tout cela. Tu contemples un moment la surface de la table sans rien dire, attendant patiemment ton petit-déjeuner, l’esprit vide. Ce n’est que lorsque les quatre pieds de la chaise en face de toi grincent contre le plancher que tu relèves la tête. Un homme – entre la quarantaine et la cinquantaine, si tu devais donner une estimation – aux cheveux d’ébène vient de s’asseoir en face de toi. Tu balaies la salle du regard. Étrange, il reste encore pas mal de tables libres. « Uh … » fais-tu sans grande éloquence, la voix timide et hésitante. Tu clignes un peu bêtement des yeux. « J’peux vous aider ? » que tu finis par lui demander, méfiante.
- Spoiler:
- Hade kjære = salut dear
Vær forsiktig = fais attention