La jeune femme aux cheveux de neige, aux yeux d'azur et à la robe si sombre qu'on la penserait malade se saisit d'une tasse de thé et de quelques gâteaux, venant grignoter, le tout avec élégance et bienséance, comme on lui a appris. Elle se permettait de l'observer, bien adossé à son fauteuil fasse à la roseraie, ses yeux parcourant le jardin apaisée par la vue de la nature et du bois qui s'offre à eux. Ses oreilles sont également à l'écoute, opinant à chacun de ses dires.
Elle n'était pas au courant, du fait de la traitrise, vivant la plupart du temps, ici, reclue dans ce vieux manoir entretenu du mieux qu'il peut, alors qu'elle y vit seule. Même s'il est relativement propre, on peut voir la vétusté se dessiner sur les sols, les murs qui craquèlent légèrement, les quelques tâches sur la tapisserie, la poussière qui se dépose par endroit comme un tapis grisâtre.
Après eut-elle fini d'expliquer son ressenti et les faits concernant son travail de noé
-Ok, Faustine alors !
- Quoi ou qu'est ? Je vous écoute.
Elle porte son thé aux lèvres, fermant un instant les yeux pour profiter de la chaleur de cette boisson chaude et détendant, avant de le fixer, yeux dans les yeux.
-En gros, tu joues double jeu, c'est ça ? C'est très intéressant pour nous, ça... Ça nous permettra de glaner des infos, et à toi de rester avec nous sans les avoir au cul. Par contre, fais juste gaffe à quelques Noés. La Sagesse, le mioche qui lit dans les pensées. S'il a un soupçon sur toi, t'es foutue. Et le Regret, le type qui fait parler ses dessins à sa place. Il peut créer des dessins qui peuvent littéralement faire n'importe quoi. Un conseil : ne les croise pas. Autant pour ta sécurité que la nôtre.
Elle haussera légèrement les épaules, une sorte de forme de désinvolture dans ce corps frêle et sage. Au vue de la situation, elle n'a plus rien à perdre réellement et peu importe si la sagesse le sait, elle ne changera rien.
- Je préfère largement me tenir loin de nos soi-disant "confrère", je ne peux les voir, ne serait-ce qu'en peinture. Je sais également et pertinemment que je risque gros et je suis certaine que la Sagesse le sait déjà. Mais cela ne m'arrêtera pas, et ne me fera pas changer à ce sujet là. Ce manoir m'appartient, et aucun Noé n'est au courant de son existence ni de sa position géographique, à part les quelques disciples qui sont passés ici et vous.
Elle repose sa tasse contre le pan de sa robe, jouant avec le liquide ambré à l'odeur sucrée contenu dedans, comme traduisant un éventuel stress, ou une tension.
-A moi de te présenter ma p'tite activité, du coup.
Je pense que tu l'as remarqué, mais chez les disciples, on est une poignée. Mais même si on est pas beaucoup, si on est ensemble, on peut constituer une force de frappe qui n'est pas négligeable. Et c'est pour ça que je me suis donné la mission de nous rassembler. Voir ce qu'on vaut tous ensemble, voir ce qu'on peut faire tous ensemble. C'est aussi pour ça que je suis venu te voir, d'ailleurs.
Le résultat, c'est qu'on est pas beaucoup, ouais, mais plus que ce que j'espérais. Assez pour constituer une force de frappe invisible mais efficace si on agit bien.
- C'est une chose que je comprends très bien...Et il est difficile de convaincre les gens à vouloir rejoindre les disciples. Que ce soit chez les Noé ou les Exorcistes, nous sommes matraqués et manipulés dans la haine de l'autre, et même en jouant la carte de la bienséance envers eux, j'ai soixante-quinze pourcent de change de me faire tuer...
Elle opine, continuant de l'écouter, délaissant le dossier de son siège pour se tenir droite, reposant la tasse sur la petite table. C'est qu'il faisait frais ici, avec la fenêtre ouverte. Elle se leva pour aller la fermer rapidement, se couvrant un châle avant de se rasseoir, ce qui n'est pas évident avec tous ces cerceaux, jupons et le léger faux-cul qu'elle trimbale derrière elle, très en vogue chez les anglaises, parait-il.
-C'est là où on arrive à la question du rôle de chacun. Les disciples ne sont pas les Noés : personne ne te forcera, ni à toi ni à un autre disciple, à te battre si t'en as pas envie. On s'entraide chacun à notre manière. Le minimum étant l'échange d'infos et la communication, et, si possible, l'entraide comme cacher les disciples s'ils en ont besoin. Perso, je me suis engagé à faire partie des forces de frappe des disciples. S'il le faut et quand il le faudra, j'irai me battre au front et protéger les autres.
Il prit une pause avant de continuer, celle-ci opinant à nouveau, d'accord avec ses dires, serrant son tissu entre ses poings, sûre d'elle.
-Et maintenant, je te demande à toi : qu'est-ce que tu es prête à faire, pour les disciples ? Je t'obligerai à rien, mais je dois juste savoir. Histoire de s'organiser et de savoir qui fera quoi avant de pouvoir partager nos contacts et nous rassembler en étant sur de ne pas avoir de traître parmi nous.
- S'il faut que je défende les disciples corps et âmes, je le ferai. Je sais me battre, et je n'hésiterai pas à le faire. Ici, ils pourront venir autant qu'ils veulent pour se reposer, se cacher et se remettre de leurs blessures. Et sache que dans se lieu, je suis la maîtresse et le premier qui essaye de s'approcher peut vite le regretter. Je peux également me porter volontaire pour de la prise d'information, mais cela peut être risquer, à cause de certains membres du clan.
Elle se lèvera, l'invitant à le suivre et ainsi visiter la propriété.
- Ce manoir appartenait ma famille, il était un peu délabré quand je l'ai récupéré et le bois qui se situe autour nous appartient également. Il est donc difficile de le repérer et surtout de faire le lien avec notre présence ici.
Elle se dirige dans les couloirs, l'endroit semblant être vraiment paisible et vaste pour accueillir plein de gens.
- Il y a ici une dizaine de chambres, de salles d'eau, des lieux pour se réunir, des cuisines, une grande bibliothèque avec un bureau, des jardins et de quoi être à peu près autosuffisant au niveau de la nourriture. Il m'arrive parfois de sortir d'ici pour aller faire quelques emplettes au village le plus proche, en masquant mon identité, mais je n'aime pas vraiment ça...Alors j'ai essayé de cultiver quelques petites choses et d'avoir quelques volailles.
Elle s'arrête, face à lui, le laissant explorer un peu les différents endroit, le suivant peut être dans ses trajectoires pour le guider et donner quelques explications.
- Il y a quelques chambres de bonne au rez-de-chaussée, mais je pense qu'il vaudrait mieux les conserver pour les urgences ou en tant qu'infirmerie au besoin... Oh, et n'hésite pas si jamais tu as quelques questions à me poser, je tâcherai de te répondre.