à l'aide
Mélusine s'est décidée à sortir de sa léthargie et participer activement à la vie des Noés. Et ce dont les Noés ont le plus besoin, c'est de la présence du Comte. Alors, elle a cherché des renseignements (laissé traîner ses oreilles partout dans les couloirs). Une piste d'une source inconnue sous-entend qu'il serait en Amazonie. Ah. Comme si c'était possible.
Et pourtant, Mélusine a fait le déplacement. Ce qui est pratique avec l'Arche, c'est qu'elle peut se rendre n'importe où en quelques minutes et sans se fatiguer. Quel bonheur. Si elle prend la recherche autant à cœur, elle n'est pas optimiste pour autant. Elle n'espère pas trouver d'indice mais empêcher toute médisance à son encontre ; elle aussi, elle est capable de faire des efforts. Ce n'est pas parce qu'elle est la plus forte (faible pour être exacte) des Descendants de Noé qu'elle se repose sur ses lauriers.
Ceci dit, Mélusine reste immobile depuis cinq longues minutes, le regard bloqué sur l'immense serpent qui roupille, à quelques centimètres d'elle. Ahah. La forêt d'Amazonie… Quelle beauté ce paysage, entre crocodiles et serpents, elle est incroyablement chanceuse.
Honnêtement, elle aimerait retourner dans sa bibliothèque.
Plus vite elle en aura terminé avec cette inspection, plus vite elle pourra repartir. Elle marche, d'un pas hésitant et prudent. A l'ombre des arbres, évitant de faire du bruit tout en agitant son regard dans tous les sens pour guetter des mouvements suspects.
Elle aurait dû demander à Lion de l'accompagner, il aurait accepté sans la moindre hésitation, elle en est certaine. Mais non. Elle n'a pas pu. Elle est une Noé, elle doit montrer qu'elle est capable de se débrouiller seule et n'a pas besoin de quelqu'un pour la protéger. Si elle se montre faible, sa présence au sein de sa famille n'aura aucune raison d'être. En plus, elle préfère que Lion veille sur celle qui ne peut pas se défendre, sur celle qu'il aime et doit protéger. C'est ça, son but à lui. C'est mieux ainsi.
La cité perdue de Kuhikugu se désigne derrière les feuilles d'un palmier -ou du moins un arbre qui y ressemble. Mélusine quitte les forêts pour se retrouver sur un sentier dégagé et plus agréable. Il y a quelques traces de pas, balayées maladroitement (Elle ne les voit pas). Il y a quelques voix qui se perdent quand elle s'approche (Elle ne les entend pas). Elle ne perçoit aucun son si ce n'est celui de ses souliers. C'est bizarre, dans la forêt nombre d'animaux se faisaient entendre. Pourquoi ici, aucun ne fait acte de présence ? Craignent-ils quelque chose ? (Ou quelqu'un ?) (Qui ?). Mysterium aimerait qu'il s'agisse du Comte.
Il n'est pas là…
Peut-être que si ?
Elle n'en sait rien.
S'il ne veut pas être retrouvé, est-ce bon de le chercher ? Elle n'aura qu'à lui demander une fois en face de lui.
A l'approche de la cité entourée de remparts de bois, Mélusine éclaircit sa voix et prend la parole. S'il n'est pas là, elle parlera simplement dans le vide et repartira bredouille.
—
PAN
Pan…? Une balle traverse son béret, laissant un trou en travers. Mélusine ravale sa salive, se retourne mécaniquement et prend ses jambes à son cou. Eddy dans les bras, penchée en avant, elle fuit et jette un regard derrière elle. Depuis quand les indigènes savent utiliser des armes à feu ? Depuis qu'ils sont des exorcistes ! Ahah. Alors les rumeurs ne sont que du pipeau. Uniquement pour appâter quelqu'un. Akuma ou Noé, ils le réduisent au silence.
Bon. C'est vrai, elle n'a pas pris la peine de vérifier l'information. Elle n'en a parlé à personne autour d'elle et comme elle reste cloîtrée, elle ignorait que ce scénario pouvait arriver. Tous les torts lui appartiennent. Qu'elle a été naïve.
Les balles effleurent ses oreilles, se heurtent au sol, s'enfoncent dans l'écorce des arbres. Les mots la ciblent, ils la coursent. Ils sont plus rapides qu'elle et ses petites jambes. Que c'est agaçant d'être aussi petite et lente.
Mélusine s'empresse de rejoindre la forêt, essaye de se camoufler dans les buissons mais ses cheveux d'or sont trop voyants. Elle serpente entre les arbres, se retrouve bloquée par un tronc qui est tombé et obstrue le passage. Elle pose Eddy dessus, se hisse difficilement sur le bois et l'escalade. Elle a du mal avec ses petits bras. Que c'est agaçant d'être aussi petite et molle.
Elle réussit, saute du tronc et continue de fuir. Sauf qu'à perdre tant de temps, les exorcistes sont derrière avec leur innocence à la noix. Un rayon de lumière fonce dans sa direction, s'apprête à l'annihiler. Elle tourne le regard vers cette attaque, écarquille les yeux et… Son pied se coince dans une racine. Elle tombe. Le rayon continue sa course et enflamme non loin de là, la végétation.
Un son, un son horrible semblable à une explosion. Ses oreilles sifflent, elle n'entend plus rien. Comme ce jour-là. Ses mains se posent sur ses oreilles, cherchent à réfréner ses souvenirs. Elle se recroqueville, se tourne d'un sens et de l'autre. Panique. Sa respiration s'accélère, sa poitrine se soulève plus rapidement, ses iris se dilatent.
Fusils, hommes, sang, meurtre, explosion, feu, foule, cri, rire, pleurs… Peur peur peur peur peur peur peur peur-
Les larmes lui montent aux yeux.
Crise incontrôlable.
—
Sua n'est pas là.
—
Lion n'est pas là.
—
Blasius est parti.
—
Ayden aussi.
Elle est seule. Personne n'est là pour sécher ses larmes ni pour la rassurer. Il n'y a que ceux voulant l'exterminer.
— Forêt d'Amazonie
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