Sous les cendres du Vatican [QUETE]

Le lourd soleil estival écrase de sa chaleur les ruines de la cité du Vatican. L’air brûlant vibre devant les yeux, faisant danser le paysage à son tour, entraînant les murs à demi-écroulés et les arches brisées dans une farandole au milieu des gravats. Pas un souffle de vent, pas un cri d’animal ne vient casser le silence de ce paysage en ruines.
Rien qui viendrait trahir ce qui se passe sous la surface. Les petites mains qui préparent la grandiose cérémonie de ce soir.

Samuele siège sur son trône
Son trône d’or et de sang
Son regard brûlant se pose sur le défilé de fidèles, qui s’empressent en contrebas
Pour que tout soit prêt pour ce soir
La cérémonie sera magnifique

Ces souterrains qui servaient de passages secrets et de lieux de réunion aux pontes religieux du Vatican sont désormais un véritable royaume, où Samuele règne en maître et sans partage. Situé au fond d’une pièce immense, dans une caverne creusée à même la roche, se trouve le trône depuis lequel elle régit son monde souterrain. En contrebas de l’estrade, la surface est pavée de marbre et d’or. D’immenses colonnes ouvragées s’élancent vers le ciel de la caverne. La pièce est une véritable réplique de l’intérieur de la basilique Saint-Pierre-de-Rome qui, récemment encore, se tenait juste au-dessus de leurs têtes.

Le Royaume de Samuele. Le lieu est souterrain, mais il n’y fait pas sombre pour autant ; le plafond, en réalité, a été modifié par la matière noir de manière à pouvoir être traversé par la lumière du jour – la lumière divine, la lumière d’il Sole – et la nuit, les fidèles se relaient pour entretenir les nombreuses sources de lumière réparties aux quatre coins de la pièce et qui permettent de maintenir la luminosité de manière quasiment constante. C’est toujours le jour au royaume d’il Sole.

Une silhouette émerge de la foule. Un fidèle s’avance cérémonieusement vers elle, gravit les escaliers de marbre, avant de se pencher pour glisser quelques mots à son oreille. Samuele hoche la tête en silence, son visage revêt une expression difficile à déchiffrer.

Qu’ils viennent ces intrus, s’ils l’osent
Qu’ils pénètrent dans son royaume
Qu’ils viennent la chercher, qu’ils essaient
Elle saura les accueillir.

CCCrush

usrjoined : 02/07/2019

Et, si avant tu ressentais ce sentiment de stress, cette boule au ventre qui rendait ton pas lourd.
Aujourd'hui, ton pas est normal, naturel - ce même pas trainant et fatigué qui ta caractérise.
Si avant tu luttais, si avant tu avais cette haine qui bouillonnait en toi et qui te donnait la rage de détruire - détruire tes ennemis, te détruire toi même.
Aujourd'hui cette haine est occultée par ton dégoût - dégoût de cette vie, dégoût de toi même. Aujourd'hui ces batailles te paraissent bien amères et cruelles, elles qui rient encore et toujours de toi, en emportant ce qui t'entoure sans être fichues de t'emporter toi même.

C'était donc devenu tout naturel pour toi. Risquer ta vie, c'est naturel, te battre, c'est naturel, tuer, c'est naturel ?
Seule ta rédemption, l'unique fil qui donne un sens à ta misérable vie et tes actions, te donne encore cette rage de combattre. Tu t'en es souvenu, Akira. Quand ton oeil s'est posé sur la tombe de ta soeur, quand il a lu ce nom - ces noms - que tu as toi même gravé avec son sang.
Tu t'en es souvenu. Tu ne peux pas te laisser abattre, Akira. Peut importe ta fatigue, peut importe tout le sang que tu as perdu au cours de nombreuses batailles.
Cette rédemption, c'est la punition que tu t'es toi même infligée. Justement parce qu'elle est pire que la mort, pour toi.

Et si un soldat comme toi avait l'habitude de ces missions, si tu avais pris l'habitude d'obéir à un organisme à la morale pourtant plus que discutable, cette fois pourtant tu t'énerves.
Une gamine médecin qui t'accompagne. Ça doit être une blague.

-Vous voulez juste l'envoyer à la mort ou vous êtes juste stupides ?

Tu étais cru dans tes mots, tu étais grossier aussi.
Mais tu te souviens. De cette mission, pendant laquelle tu as accompagné le chat blanc. Tu te souviens de cette mission, pendant laquelle tu devais le protéger. Et tu te souviens, qu'à cause de ta propre faiblesse, il a été gravement blessé.
À ce souvenir - des souvenirs que tu ne pourras jamais oublier - ton coeur se serre. Si tu n'es même pas capable de protéger ce en quoi tu tiens, comment peux tu protéger le reste ?

Tu avais grogné, tu avais protesté, mais ce n'est pas toi qui fais les ordres, Akira. Alors, quitte à passer pour un vieil aigri - c'est ce que tu es, de toute façon - tu adresses très peu la parole à la gamine à tes côtés. Fumoir en bouche, un nuage de fumée s'échappe de ta bouche, que tu as tout de même la civilité de souffler dans la direction opposée de la blonde.

-Surtout, tu ne t'éloignes pas trop de moi, et à la moindre activité d'akuma, ne fais pas l'inconsciente et va te cacher. Tu es venue ici pour sauver des vies, pas pour ajouter au tableau des disparus.

Tes mots sont durs encore une fois, mais tu sais à quel point la jeunesse peut être inconsciente et impulsive. Décidément, tu te fais vieux, Akira...
Ton unique oeil scrute le paysage apocalyptique, ce paysage où tu as combattu aussi, ce paysage dans lequel tu as lamentablement échoué.
Tu serres les dents. Si nouvelle bataille il y aura alors.
Tu ne peux pas laisser ce schéma se reproduire.

usrjoined : 23/04/2016

Désolation

« Vous voulez juste l'envoyer à la mort ou vous êtes juste stupides ? »

La culpabilité t’enserrant la poitrine, tu lèves ton regard clair sur l’homme à l’innocence, bien incapable de prendre la défense de tes supérieurs. C’est ton choix, pourtant, de te joindre à sa mission. Tout ceci était né d’une énième bêtise lorsque, prise d’une idée, tu avais été plongée ton petit nez retroussé dans les papiers des grands. Une idée te trottait en tête suite aux histoires que tu avais pu entendre et il te fallait plus d’informations pour être sûre de toi. Au fil des lignes, tes bribes d’idées prirent peu à peu la forme d’une petite phrase, tournant en boucle jusqu’à ce que tu ne puisses plus la retenir.

« Et si l’explosion avait empoisonné les romains ? »

Après tout, il ne s’était pas seulement agi d’une bombe classique, aux effets connus, mais de matière noire et de déchu. Qui sait quel effet cela aurait il pu avoir sur les civils ayant survécu à la catastrophe, et ceux trop près pour être épargnés par les cendres macabres. Alors tu avais décidé de prendre la route, toi aussi, afin d’effectuer quelques relevés auprès de la population et de t’assurer que les évènements de Central n’avaient eu aucun effet secondaire. Les médecins avaient bien tenté de t’en décourager, t’expliquant que les ruines d’une ville n’étaient pas la place d’une enfant, mais à leurs arguments tu en trouvais d’autres. Et, surtout, qu’importe leur volonté la tienne était mille fois plus forte, plus hargneuse, car tout ceci était ton idée à la base et tu refusais qu’on puisse se l’approprier. Tout ce projet serait tien, du début à la fin, qu’importe ce qu’ils en pensent.

Et puis, avec tout ce qu’il se passait en ce moment, les rumeurs sur les entrailles du Vatican et le regain de puissance des Descendants de Noé, il était pertinent d’accompagner les escouades exorcistes de médecins, au cas où. Encore plus dans une ville réduite de moitié en cendres — tu étais prête à parier que les docteurs locaux avaient déjà trop à faire pour s’occuper d’un inconnu de plus, qu’importe son garde.

Alors voilà, tu avais beaucoup argumenté, un peu crié, fait de grands gestes et promis mille et une fois de rester bien sage, loin du danger et de revenir à la Congrégation au moindre danger. On aurait aimé t’accompagner mais les sous effectifs rendaient tout cela impossible alors, pour se rassurer, il fallait croire en tes mots et en tes capacités. Après tout, tu avais déjà survécu à bien pire, n’est-ce pas ?

« Surtout, tu ne t'éloignes pas trop de moi, et à la moindre activité d'akuma, ne fais pas l'inconsciente et va te cacher. Tu es venue ici pour sauver des vies, pas pour ajouter au tableau des disparus. » Sa voix te tire de tes pensées et il te faut quelques secondes pour retrouver tes esprits, avant que tu ne lui répondes, dans un grand sourire « Bien entendu. Je ne serai pas un fardeaux, vous verrez ! »

Le paysage autour de vous ne tarde à changer et les maisons chargées d’histoire laissent place à des décombres d’où sortent encore des restes de la vie d’avant, comme autant de témoignages de mort, de fantômes errant parmi les pierres froides. Puis les ruines disparaissent à leur tour et ne reste qu’un grand vide, et en son centre un cratère. Alors c’était là. Tu avais beau avoir entendu les combattants en parler, beau avoir lu les rapports les plus détaillés, rien ne t’aurait préparé à ce qui se trouve sous tes yeux, à cette destruction pure.

« Alors c’est ici ? » murmures tu, ta voix soudain éteinte, avant de secouer de la tête et de reprendre « Allons y. » avec plus de conviction.

GASMASK

Sous les ruines du Vatican

D’un geste de la main, Samuele invite l’un de ses fidèles lieutenants à la rejoindre sur l’estrade. Ce dernier obéit et gravit les quelques marches de marbre ; puis penche la tête pour la saluer avec tout le respect qu’il lui doit. Samuele l’invite à se redresser.

« Montre-les moi. »

L’Akuma s’exécute. Il pose ses doigts monstrueux sur la paroi de la colonne la plus proche : une surface rectangulaire apparaît, semblable à un miroir. Au lieu de réfléchir la lumière de la pièce, la surface se ride, se déforme, comme de l’eau. Enfin, elle se stabilise à nouveau, laissant apparaître deux silhouettes aux uniformes des plus reconnaissables.

« Ce sont eux ? »

Le premier Akuma, celui qui était venu lui annoncer la présence des deux intrus, acquiesce. Le sourire paisible de Samuele devient rictus (sanguinaire). Elle le congédie d’un geste de la main avant de se retourner vers l’image des exorcistes et l’akuma qui la génère.

« Bien. Toi, tu restes ici. Je veux les garder en vue. »

Elle dirige alors son regard un seul instant vers un des coins de la pièce. Aussitôt, une panthère dorée sort de l’ombre.

« Approche, j’ai des instructions précises à te donner. »

Le fauve se déplace jusqu’à l’estrade, puis bondit pour gravir les quelques marches. Alors son corps change, se déforme, se redresse, jusqu’à faire place à un humain. L’Akuma se penche, et Samuele lui susurre quelques mots à l’oreille. Il acquiesce – bien entendu – et quitte l’estrade, s’en va mener à bien la mission qui lui a été confiée.

Le regard de Samuele se dirige à nouveau vers l’écran. Elle observe plus attentivement les deux silhouettes, qui ont continué à avancer. L’homme qui porte l’uniforme des exorcistes ; il semble morose, vidé de toute énergie (cela changera bientôt). L’autre est juste une gamine ; son rôle en ces lieux n’est pas des plus clairs. Sa petite tête blonde détonne au milieu de ce paysage dévasté. Elle ferait bien meilleure figure ici, sous terre, parmi sa collection de fidèles qui s’agrandit chaque jour.

L’or de ses cheveux s’accorderait parfaitement avec celui des riches décorations des colonnes.

Samuele réfléchit déjà à la place qu’elle pourrait occuper dans la cérémonie de ce soir.
Un long hurlement retentit alors, amplifié par l’écho dans le gouffre qu’est devenu la place Saint-Pierre. Samuele reste imperturbable ; le spectacle va bientôt commencer.

HRP:

CCCrush

usrjoined : 02/07/2019

Trop penser

Akira & Aesa & Samuele

Et tu progresses, machinalement, inéluctablement, car ta destination se trouvait tout droit, car c’est là où tu devais aller. Tu faisais ce que tu devais faire, et tu ne pensais surtout pas au reste.
Le reste. Ces souvenirs, parasites. Ces souvenirs, pas si lointains – les cris les larmes le sang la défaite.
Tout ça, tu ne devais pas y penser.
Mais enfin, Akira.
Depuis quand réussis-tu à contrôler tes pensées ?
Et plus tu refoulais ces souvenirs parasites, plus ils revenaient en force dans ton esprit, et plus tu tendais tes muscles, plus ton regard se posait un peu partout, plus ton regard se faisait anxieux, et plus tu voyais de dangers derrière les moindres décombres, et plus tu…
Tu penses trop.

Tu t’étais arrêté un moment. Tu essayes de ne rien lasser passer auprès de la blonde – surtout ne rien laisser passer, tu dois la protéger tu te souviens ? Tu dois réussir cette fois tu te souviens ?
Mais comment se souvenir de quelque chose que tu n’as jamais réussi à accomplir ?
Tu inspires. Tu expires un nuage de tabac.
Tu penses trop.

Tu en profites pour tirer une fiole de sang de ta poche. Parfois, l’avantage de trop penser, c’est que tu ne prends jamais assez de précautions. Tu lances la fiole vers la jeune fille.

-Bois ça s’il y a un danger. Ça te permettra de ne pas mourir du virus akuma et de te soigner. Et de communiquer aussi.

Tu omets les détails un pu malgré toi. Tu n’as jamais su expliquer comment marche ta télépathie.
Après cette courte « pause » tu te remets en marche. Déjà, le cratère est en vue.
Le cratère, oui. De cette explosion, de ce pouvoir dément qu’on t’a décrit.
Car tu n’étais pas là. Ton œil s’était fermé avant d’assister à la destruction, et, si d’autres exorcistes n’étaient pas à proximité, tu aurais sans doute péri dans cette explosion.
Oh mais non. Ce ne sont pas les exorcistes qui t’ont sauvé. C’est cette fugitive, qui a eu pitié de toi, et qui t’a même évacué à dos d’akuma.
Pitoyable, pour un exorciste sanguinaire comme toi
Pathétique, alors que tu dois te repentir, alors que tu as juré à Central de les ramener, de les éliminer, tu as juré que tu serais victorieux, tu as juré non ? Alors qu’est ce qu’il s’est passé ce jour-là, Akira, HEIN ?
Un énième nuage de tabac s’élève dans les airs.
Tu penses trop. Et tu n’arriveras jamais à contrôler ça.

Mais tu ne vas pas très loin avant de t’arrêter à nouveau.
Tu vois, plus loin. Une silhouette. Humaine. Humaine ?
Tu entends aussi. Un cri, à l’aide. A l’aide ?
Et tes sourcils s froncent.
Et tu penses trop, encore.
Alors tu tends le bras, comme pour empêcher la petite d’aller plus loin.

-Ne bouge pas.

Toi par contre, tu bouges – c’est injuste mais tu es un adulte, et les adultes sont injustes. Tu te rapproches la silhouette, te posant alors mille et une questions.
Enfin, surtout une.
Pourquoi y a-t-il seulement un survivant restant ici, alors qu’il aurait pu aller demander du secours en s’éloignant de la zone la plus dangereuse ?
Sur tes gardes, tu ne le quittes pas des yeux.

-Qu’est-ce qu’il vous est arrivé ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Mais enfin, Aira.
Toi, tu le sais.
Tu ne le sais que trop bien.