[Quête] Scientia Potentia Est • ft Ada, Leonard, Akira

 
C'était ridicule.
Une mission d'infiltration. D'accord. Ça pouvait tomber sous le sens. Ca pouvait être pratique de récolter des informations sur les ennemis pour mieux pouvoir les manipuler puis les faire tomber. Tu le reconnaissais.
Mais une mission d'infiltration sur une ennemie dont presque tout était connu ? C'était ridicule, en plus d'être une énorme perte de temps.

Tu avais rouspété, avais protesté - avant de carrément t'emporter et d'enrager. Être assigné à la mission ? Oh, non, ce n'était pas ça, qui te dérangeait. Au contraire : si tu pouvais toi-même en finir avec le Savoir, tu le ferais avec grand plaisir.
Le problème, c'était la nature de la mission : une mission d'infiltration.
Premièrement, tu n'es pas doué, pour les missions d'infiltration. Au début, tu n'avais rien voulu entendre, niant ces accusations. Mais on te l'avait dit une fois... deux fois... dix fois... Tu n'y croyais pas, mais s'ils le disaient...
Deuxièmement, tu n'y voyais aucun intérêt. Ce qu'il fallait faire, c'est l'attendre sur son lieu de travail, le soir quand elle allait le quitter et que tout le monde serait déjà parti, pour la piéger à ce moment-là. Pas juste enquêter pour découvrir son signe astrologique.
Tu avais critiqué ce plan devant Komui, tu t'en étais moqué, mais ça n'avait rien fait. Après tout, tu n'es qu'un exorciste - depuis quand on te demande autre chose qu'obéir ?
C'est donc d'une humeur exécrable que tu t'es rendu à cette mission. Accompagné de deux exorcistes. L'un que tu ne connaissais pas, l'autre que tu connaissais bien.
Beth.
C'est la première fois que vous allez en mission ensemble, après tous ces mois. Et tu sais, que la jeune femme déteste les missions. Et ça ne te plait pas, de la voir envoyée en mission - justement parce qu’elle non plus, ça ne lui plait pas, d’être envoyée en mission. Et tu sais, que ta priorité, ça ne sera pas la Noé ça sera de protéger Beth. Et pour une fois, ton objectif, ce n’est plus détruire, c’est préserver.
Et pour une fois, tu as trouvé quelqu’un de précieux, à tes yeux. Assez précieux pour te donner une faible volonté de vivre - vivre pour la protéger, aujourd’hui.
Enfin, en attendant, même si tu voulais la protéger - malgré toutes les pensées que tu ne lui avais pas formulées - n'empêche que là, elle te faisait chier.
Tu venais à peine de te poser dans la chambre d'hôtel avec Leonard - avec qui tu n'as pas engagé la conversation, trop occupé à ruminer - que la demoiselle arrive en trombe dans la chambre. Tu te masses les tempes, t'attendant déjà à ce qu'elle te rabâche le but de la mission "IN. FIL. TRA. TION." qu'elle disait.
Et à peine ouvre-t-elle la bouche que tu roules de l'œil.

-Arrête avec tes surnoms ridicules. Je suis déjà à la limite de ma patience, avec cette mission.

Et ta limite est déjà naturellement basse.
Tu les regardes tous les deux, blasé. C'est vrai, c'est toi qui a le plus d'informations sur la cible. Et si le dossier sur elle est bien complet - grâce à tes soins - tu as une opinion différente sur la manière d'appréhender les choses.

-Je ne vais pas vous apprendre beaucoup plus de choses que ce qui a déjà été écrit dans les dossiers. La cible est la Noé du Savoir. Une femme jeune, cheveux longs et noirs. Elle invoque des guerriers qui se battent à sa place. La meilleure stratégie contre elle, c'est de la provoquer, car elle perd assez facilement son calme.

Donc jusque là, rien de nouveau.

-Il y a quelques mois, j'ai été envoyé ici, pour découvrir qu'elle travaille dans cette usine, sous sa fausse identité humaine. Qu'elle en est à la tête, même.

Et cette fois, tu croises les bras, contrarié.

-Et c'est pour ça que cette mission est ridicule : on a déjà assez d'informations sur elle. On a de quoi la piéger comme ça. Pas besoin d'en faire sa biographie. Et comment on va s'infiltrer ? Personne ne parle anglais dans cette usine, et je ne connais pas la langue d'ici.

Ton doigt tapait nerveusement sur ton bras, tes sourcils froncés.
Vraiment, cette mission - comme toutes les autres - était une grosse blague.