Tu n'aurais jamais du venir ici.
Tu errais comme un fantôme dans cette trop grande ville qu'est San Francisco, ombre parmi les passants.
Tu te sens mal, ici.
Souvenirs trop lointains et en même temps trop récents qui refont surface - souvenirs que tu aurais voulu oublier. Mais tu ne peux t'en prendre qu'à toi même, Akira. Ta mission n'était pas à San Francisco même, mais tu as délibérément choisi de faire un détour. Tu pensais que te recueillir sur la tombe de ta sœur - tu sais, celle que tu as tué - te permettrait de te faire pardonner - de te pardonner - d'aller de l'avant.
Ça n'a fait que te rappeler tout ce que tu as fait et tout ce que tu es et tout ce que tu aurais souhaité – disparaitre à sa place, ce jour-là.
Autour de toi, les bruits et l'agitation de la ville te rendaient fou, et c'est à peine si tu engueules une passante lorsqu'elle te bouscule malencontreusement.
Tu n'aurais jamais du venir ici.
Les rues par lesquelles tu passais, celles que tu as toujours connu – celles de ce jour-là - te ramènent quelques mois en arrière – toujours ce jour-là.
Tu as l'impression d'entendre ces voix – la sienne, alors qu'elle s'évertuait à vous séparer. Tu as l'impression que les ombres reprennent vie – jouant la scène de ce jour-là. Tu as l'impression que le monde tourne autour de toi.
Tu t'arrêtes au milieu du chemin, enfonçant tes ongles dans ta peau, fermant les yeux et reprenant une inspiration difficile.
Tu n'aurais jamais du venir ici.
Et pourtant, tu es incapable de fermer les yeux sur ce qu'il s'est passé, incapable de passer sans juste ignorer. Hanté, par des souvenirs qui ne font que te consumer.
C'est donc tout naturel de te voir y retourner.
Le cimetière était presque vide à cette heure-ci. Une pointe d'appréhension monte en toi alors que tu te souviens avoir croisé deux silhouettes bien connues ici la veille. C'est que tu avais carrément fui devant ta propre famille, tu as disparu à leurs yeux - regarde, ils ont même fait une tombe pour toi à côté de celle de Mizuki ! - alors tu n'as pas le droit de revenir et chambouler encore une fois leur vie.
Le meilleur cadeau que tu puisses faire à ta famille pour les protéger, c'est de disparaitre.
Et ton appréhension devient concrète lorsque tu vois une silhouette devant cette même tombe - celle qu'il n'y a que vous qui visitez. Tu te figes, restant au loin, dissimulé sous ta capuche. Tu es prêt à tourner les talons, ne voulant surtout pas te faire remarquer par tes cadets.
Mais quelque chose retient ton attention.
C'est cette chevelure blanche que tu distingues au loin, et qui n'appartient ni à Ryu, ni à Haku. C'est cette chevelure blanche avec laquelle tu n'es pas familier, mais que tu crois reconnaitre – celle de ce jour-là.
C'est impossible.
Il était censé avoir disparu ce jour là - il avait disparu pour toi. Ce jour-là lorsqu'il est revenu après avoir disparu après toutes ces années - où il n'aurait jamais du revenir. Ce jour là où il avait provoqué tout ce qui n'aurait jamais du arriver - ce jour-là tu lui en as voulu à mourir.
Ce jour-là, tu as vu qu'il faisait désormais partie d'une autre famille, ces Noés qui t'ont tout ravi.
Ce jour-là, Yuki est mort, pour toi.
Tu ignores combien de temps tu restes ainsi, presque immobile tant l'effroi te fige sur place, mais tes pas finissent par t'en approcher. Un mélange de colère – il n'a pas le droit d'être ici, pas après ce qu'il s'est passé - de haine – pas après ce qu'il a fait - et de désespoir aussi – ÇA N'AURAIT JAMAIS DU ARRIVER - t'anime, et tu t'arrêtes à quelques pas de la silhouette.
C'était bien lui.
Et tu as envie de rire et de crier en même temps, tu as envie qu'il disparaisse et qu'il reste pour lui vomir toute ta haine en même temps, et toutes ces contradictions remontent en toi en même temps jusqu'à t'en étouffer presque.
Tu ne fais rien de tout ça.
-Tu n’as pas le droit d’être ici.
Tu n'aurais jamais du venir ici.
Takk Seo pour ce magnifique vavas
Takk Beth pour ce superbe AkiBeth
- Aesthetic:
Akira
AkiBeth
- Takk :
de Djijy
de Seo
- djadja:
Takk Djijy et Nina