[INTRIGUE - PHASE II] CHAPITRE IX — CHOEUR II ; IRAM

Le châtiment avait vu beaucoup de choses cruelles et horribles dans sa vie, mais il fallait être réaliste ; la scène sous ses yeux allait très vite monter dans le classement. Tant de questions se bousculaient dans la tête d'Adelheid, et il n'était malheureusement pas l'heure de prendre le temps. Il s'était déjà passé beaucoup de choses entre le moment où ils firent leur macabre découverte et l'instant présent. Elle n'avait même pas eu le temps de digérer les informations, elle s'était sentie prête à se battre, à revenir sur le champ de bataille pour rester en place pendant le début du combat. Elle se pensait prête ; et pourtant, qu'en était-il en réalité ? Pas grand chose, n'est-ce-pas ? Et le spectre de Viktoria, son rire strident, comme si elle était là, se moquant d'elle et de sa peine. Qu'elle aille au diable, comme le reste. Ils iraient tous en enfer, avec elle ; allez, venez, approchez, et mourrez. Et la seule chose, ou plutôt la seule personne, devant elle, bien occupée à, à quoi au juste ? (elle n'entendait rien) ; la seule personne qui semblait réelle, celle qui la maintenait sur terre, disparut sous ses yeux.

Ce qui la sortit de sa torpeur, outre la disparition d'Ada, ce fut une bruine, en plein désert. Elle ne voyait plus ses frères et soeurs, tout ce qu'elle voyait c'était ses ennemis et une vapeur provenant du sol. Elle comprit assez rapidement que la vapeur du sol ne pouvait provenir que l'un d'entre eux, l'un de ses alliés, sinon elle verra de qui il s'agit ; n'est-ce-pas ? Bon, elle prendrait le risque. Si elle ne voyait plus ses frères et soeurs, c'était que l'un d'entre eux était sûrement intervenu. Elle ne s'attarda pas spécialement sur ça, pas pour l'instant du moins. Cela dit, elle comptait aussi éliminer la menace de cette pluie, elle n'était clairement pas naturelle et il faisait étrangement froid. Elle porta ses yeux vers une sorte de poisson, qu'elle n'arrivait pas vraiment à discerner précisément plus loin. Elle remarqua également une, disons, ancienne connaissance, près de ce poisson. Et un sourire en coin se dessina sur son visage, ô Adelheid qu'elle était agréablement surprise de la voir ; visiblement la mauvaise herbe était tenace. Pas pour longtemps, voyons. Invoquant sa hache et six hachettes, l'apôtre prépara le châtiment de ses sorcières. Deux hachettes étaient dirigées vers le poisson pour le détruire, dans le meilleur des cas. deux hachettes étaient dirigées vers un bras et une jambe de chacune des deux sorcières dans l'objectif de paralyser certains de leurs membres et ça ferait gagner du temps à ses frères et soeurs, peu importe leur plan.

Ethon, à moi, dit-elle, solennellement, restant à distance du combat, ses yeux fixés sur les sorcières. Apporte moi ce qui se cache sous la vapeur, veux-tu ? Peu importe le prix. Je compte sur toi. Et à l'aigle de s'envoler vers la position de la vapeur, la bataille avait fait rage et c'était à lui de se débrouiller pour attraper ce qu'il se cachait là pour le ramener à sa maîtresse. Il s'envola et en voyant la scène, interrogeant sa maîtresse ; que faire ? Même s'il n'était pas visible, il ne pouvait pas juste s'approcher et attraper ce qu'elle souhaitait. Alors, sur ses ordres, il créa une bourrasque de vent, relativement légère ou plutôt assez puissante pour faire reculer ceux qui se trouvaient près de la vapeur. Et si les conditions le lui permettaient, il attraperait ce que voulait sa maîtresse. Apporte moi ce qui se cache sous la vapeur. L'ordre était clair. Peu importe le prix.

La priorité avait été de soigner Viggo ; et c'était fait. Destiny avait totalement ignoré les paroles de la Noé qui avait tenté de la frapper, elle devait se concentrer sur autre chose. Son innocence ne servait à rien en corps à corps, elle aurait perdu. Et ce n'était pas son objectif de tomber sous les corps de l'inconnue ; pas tant que ses élèves n'étaient pas en sécurité. Et étrangement, Méliona fut la seule à l'entendre et comprendre. Et de voir les Noés disparaître. De voir disparaître Lucie (Bonnie (Amorem (l'inconnue (les toits de Londres)))). C'était compliqué de l'appeler par un autre prénom. Et ce n'était pas aujourd'hui qu'elle le ferait. Mais l'inquiétude gagna la maréchale ; ils courraient tous à leur perte. Et les premiers accords d'une nouvelle musique, une plus familière. La plus basique, non, peut-être une des plus importantes, qui t'a sauvé la vie plus fois. A chaque note jouée, la jeune femme s'imaginait ce qu'elle voulait faire. S'ils ne pouvaient pas les voir, ce n'était pas si grave. Le bras tendu, l'autre plié, le violon bien placé, et l'archet tenu dans la main. Douce mélodie, des notes qui se succèdent ; au milieu des chants, de la danse, la maréchale accompagnait. Vraiment, quel dommage qu'elles soient dans des camps opposés. Elles auraient pu faire un très bon concert. Cela dit, son esprit restait focalisé sur ce qu'elle voulait faire ; une image bien précise qu'elle cherchait à transposer dans sa musique. Ce ne serait pas très long. Puis, elle enchaina les accords pour accélérer la musique, une sensation de menace ; il fallait agir plus vite. Et ton idée, c'était de créer un mur de sable. Tu avais visualisé le sable dans ton esprit, et il fallait éviter que la maréchale soit attaquée en pleine musique. Elle voulait soigner Sorcha au plus vite, alors elle devait se protéger, au cas où. Ils étaient certes bien occupés, mais elle serait vulnérable et son élève était déjà bien blessée. Et Viggo partagea également son inquiétude. Que faire, que faire. La priorité est d'exfiltrer Sorcha et de nous rassembler ! Ils ont déjà l'avantage, et on est juste en train de leurs servir nos vies sur un plateau. Elle ne releva même pas le rappel de Méliona ; cela dit, elle était beaucoup plus préoccupée par Sorcha et Elena, qui ne l'avaient pas écouté. Et les accords du violon, plus rapides pour en terminer, l'urgence, toujours, plus vite ; et si on l'écoutait peut-être, ça ils arriveraient à quelque chose. Volkova, Sgot, on se regroupe, TOUT DE SUITE. Si elles n'avaient pas compris que c'était un ordre, elles le comprendrait maintenant. Viggo était déjà à proximité, mais Sorcha, en quelques instants, n'était même pas en mesure de revenir. Il a fallut de quelques instants pour qu'elle ne puisse plus se relever. Et les notes finales, l'archet glissant sur les cordes du violon ; son mur de sable était prêt.

Il se passait beaucoup trop de choses, beaucoup trop vite mais l'objectif de Destiny restait le même. Et elle devait se préparer à soigner Sorcha le plus efficacement et le plus rapidement possible. Surtout qu'elle sentait qu'elle s'affaiblissait, c'était léger mais elle n'était pas censée se sentir comme ça. L'urgence, encore et toujours, franchement, quelle idée d'être venu. Et les voix dans sa tête, et leurs visages quand elle fermait les yeux pour se concentrer. Quel cauchemar, pitié, voulait-elle vraiment se réveiller ? Pourquoi ne pas juste les laisser faire ? Ses élèves pourraient partir et elle... Mais ce n'était pas le plan de Méliona qui força et attrapa Sorcha pour la lancer vers la Maréchale. La lancer. Pourquoi pas, après tout ? Destiny écarquilla les yeux avant d'élancer pour ramener son élève derrière le mur. Bien joué, Méliona, vraiment. Makela, je vais avoir besoin de votre aide ! Tentez de faire reculer l'ennemi s'il venait à trop s'approcher. Je m'occupe de Sorcha. Et sur ses mots, Destiny se mit en position, après avoir veillé à positionner Sorcha derrière le mur ; et elle, la maréchale, entre le mur et Sorcha, au cas où. Pour la protéger, avec l'aide de Viggo. Et sa main, pour positionner l'archet sur le violon, et de jouer les premières notes, une mélodie douce pour apaiser son élève, mais l'urgence, ne l'oublions pas ; parfois, des notes plus douces, parfois des notes plus rapides, un accord imaginé, une mélodie propre à la personne devant elle, ce qui semblait être le plus approprié, ce qui semblait être juste. Gentille Sorcha, celle qui voulait faire le bien et aider, sous ses yeux, dans un état grave ; et si elle devenait ? et si elle aussi ? Non, la jeune femme se le refusait et elle jouait, comme si sa vie en dépendait. Celle de Sorcha en dépendait, l'état mental de Destiny en dépendait également. Des accords justes, qui pourraient émouvoir, qui pourraient faire sourire ; qui réparaient l'irréparable. Douce Sorcha, son coeur serait peut-être réparé, son coeur serait peut-être apaisé. Mais il ne fallait pas s'endormir, pas maintenant, car le combat était loin d'être fini et la maison ? Est ce qu'il était même possible de rentrer ? Courageuse Sorcha, laisses toi bercer par la mélodie de ta maréchale ; tu rentreras à la maison, coûte que coûte, et les accords, les entends-tu ? Tu seras ramenée à la maison, et ces paroles, t'étant destinées, transformées en mélodie pour que tu puisses écouter et être soignée. N'écoute plus les ravages du combat, ne te concentre que sur les accords joués par Destiny ; ça ira mieux, tu verras.