Une histoire de golems (partie 1)
Pandélis avait la tête posée contre la vitre du train qui filait à toute allure, la machine chevauchant les rails en crachant sa fumée épaisse. Les yeux du garçon observaient les arbres et les villages alentour défiler en filet de couleurs mélangées, mais ses pensées n'étaient pas préoccupées par la beauté du paysage qui se dessinait devant lui. Son esprit était ailleurs, emporté par ces paroles qu'avait prononcée Célania lorsqu'ils s'étaient retrouvés – après un temps sans nouvelles, l'espoir de la revoir vivante effondré lorsqu'il avait appris sa disparition – et son regard s'abaissa vers ce morceau de papier marqué par les plis qu'il avait gardé à l'intérieur de sa veste avant de le ressortir, scrutant l'adresse du point de rendez-vous auquel il devait se rendre aujourd'hui. Le recrutement de la nouvelle Exorciste lui donnait l'avantage de pouvoir prétexter avoir pris plus de temps que prévu pour la ramener à la Congrégation, et Pandélis sourit, heureux de savoir que Célania lui faisait confiance en l'invitant à retrouver un certain Soren qui lui parlerait de cette première mission qu'ils devraient effectuer ensembles.
Son palpitant cognait dans sa poitrine – battant d'impatience et d'un enthousiasme nourri jour après jour – et Pandélis referma le papier, laissant ses pensées défiler encore et encore. En quittant la Congrégation, le jeune homme se libérerait d'un poids qu'il avait toujours fait semblant de pouvoir supporter, traînant à sa cheville un boulet dont il pourrait bientôt se dépêtrer. Ses idéaux n'avaient jamais collé avec ceux de l'Ordre Noir et malgré le fait qu'il ne côtoierait plus certains membres à qui il s'était attaché, il était certain de les revoir et de pouvoir les rencontrer sous un nouveau jour – loin de la guerre, loin du bruit sourd des explosions, loin de toute cette horreur dont se revêtaient les batailles. Et plus encore, il pourrait être libre de passer du temps avec Lullaby sans se soucier de devoir rentrer, de devoir retourner entre ces murs froids en abandonnant toute la chaleur que portait son monde.
Le train va bientôt arriver en gare. Veuillez vous assurer de ne pas oublier vos bagages. La voix du personnel résonnait dans les wagons, et Pandélis, voyant de loin la ville se rapprocher, attrapa son sac de voyage avant de se lever, traversant la voiture pour être prêt à sortir dès lors que la machine arrêterait sa course. Les portes s'ouvrirent bientôt, et le porteur de Pandore mit pied à terre, se frayant un chemin à travers les familles qui venaient accueillir leurs semblables. Il avait atterri dans une petite ville de France et devait retrouver son interlocuteur dans une auberge qui lui parût conviviale lorsqu'il s'en approcha, ses yeux, curieux, se baladant sur les vitrines de magasins, les maisons aux fenêtres grandes ouvertes alors que les rayons du soleil réchauffaient sa peau et que le vent soufflait dans ses cheveux ébouriffés. Plongeant sa main dans sa poche toujours pleine de petits objets en tout genre, Pandélis en sortit une petite montre qu'il avait réparé avec pépé Bias. « Et bah, encore en avance. » souffla t-il en relevant les yeux vers la bâtisse dans laquelle il rentra, saluant le gérant d'un sourire avant de monter au deuxième étage, prenant place sur une petite table près de la fenêtre. Son excitation grandissait au fur et à mesure, alors que ses yeux étincelaient de volonté à réussir cette première mission et à ne pas décevoir cette amie qui lui était si chère. Il était impatient de rencontrer son partenaire et de quitter le chemin qu'on lui avait forcé d'emprunter pour en prendre un autre – meilleur et rempli d'espoir.
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