Une Innocence Autonome, portant l’identité d’Apocryphos, voilà donc la raison de cette sensation étrange qui picote tes deux index où se trouvent tes bagues d’Innocence depuis tout à l’heure. Tu n’es aucunement surprise de cette nouvelle, de cette information que te transmet Adalie-Elisabeth. En fait, cela confirme tes soupçons, tes théories qu’une chose bien plus inquiétante se trouve dans cette ville, à la recherche de ton fugitif. Tu n’as malheureusement aucune donnée au sujet de ce soi-disant curé qui est au-delà des piètres Exorcistes et Maréchaux. Ça t’agace et tu ne peux t’empêcher de plaquer ta langue sur ton palais pour ensuite la retirer afin d’y émettre un bruit d’irritation. Tu te mords ensuite l’ongle de ton pouce gauche, fouillant dans ton resplendissant et merveilleux palais mental. Tu tentes de te remémorer chaque conversation avec ta grande sœur, actuellement Inspecteur de Central et responsable en partie de la capture de l’Amour de Noah. Un plan qui est finalement tombé à l’eau. De toute manière, tu n’as pas hésité à reprocher à ta sœur que Central n’arriverait jamais à rien tant que des pourries et des esprits simplets resteraient au sein de cette grande organisation. Fabriqués des Exorcistes différents des troisièmes générations ont été le pire désastre de leurs manigances et projets. Par leur faute, des civils vont être mis en danger sur cette Guerre Sainte. Ce n’est pas que tu te soucies de la vie de ces gens car tu n’éprouves aucun sentiment pour eux, c’est juste que désormais tu vas devoir pourchasser ton gibier en enjambant des cadavres tout en constatant que le tisseur de rumeur est toujours en fuite. Voilà bien une phrase qui te revient. Que lorsque le gibier est levé. Suivez votre ardeur, et chargeant, criez : "
Dieu pour Harry, l’Angleterre et Saint George."
Tu poursuis donc ton enquête, en compagnie de ta dulcinée où tu continues pleinement de mentir que tu éprouves des sentiments pour cette ravissante beauté, mot d’ailleurs qui est une construction fondée sur les impressions, influences et modèles de l’enfant. Encore une fois, tu ne cèdes donc pas à tes sentiments car ils n’ont pas leurs places dans ton travail et cela peut te distraire beaucoup trop t’empêchant de ne faire qu’un avec ton palais mental. Cela dit, tu ne peux contester que tes yeux meurent d’envie de continuer à regarder cette brune. Ses cheveux par exemple, parlons-en, tu peux être certaine qu’ils sont doux au toucher. Puis abordons le sujet de ses yeux d’un bleu ténébreux qui te glace le sang et te donne des frissons non désagréables mais plutôt l’inverse. Ses lèvres, légèrement marquées par des pincements sûrement dût par son stresse constant, ou bien à force de trop réfléchir sur des sujets épineux ou banals. Ô Dieu, ô Seigneur, ne pas regarder cet ange est une épreuve insoutenable. Tu fermes donc tes paupières, tu inspires et expires profondément, tu chasses tes émotions, tu enfiles ton masque de sociopathe tout en caressant les pétales de Roses noires pour devenir la sorcière que tu es. Maintenant que tu es prête, que tu es parée pour continuer du mieux que tu peux les recherches, ton cerveau travaille désormais sur la position de Sasha Sidorov, le soi-disant sorcier de l’ombre, le fuyard, l’arme secrète de Central qui n’en fait qu’à sa tête, agissant comme un gamin capricieux qui n’a pas eu sa phase de puberté, d’adolescence.
Tout d’abord, les flèches qui indiquent une position ne sont pas anodines. Il s’agit soit d’un piège, soit de l’endroit exact où se trouve Sasha. Mais si c’est vraiment le cas, si ces créations viennent du sorcier, pourquoi s’embêterait-il à divulguer l’endroit de sa cachette, c’est idiot à moins qu’il s’ennuie beaucoup trop, tentant de pimenter l’affaire. Aucune action est aléatoire. La maîtrise des probabilités, allié à la connaissance de la psychologie et des dispositions d’un individu, réduit les variables. Tu connais toi-même cinquante huit techniques pour réduire la gamme infinie de possibilités au maximum variables plausibles. En d’autres termes, tu finis toujours par trouver le voleur pour l’emmener tout droit en justice. Il n’y a qu’Abigail Panabaker qui a réussi à l’emporter contre toi sur ce petit jeu et en y pensant d’ailleurs, ça te révulse. «
Elemantary Honey. » réponds-tu à Adalie-Elisabeth en tournant sur une rue à droite comme l’indique la flèche. «
Apocryphos ou non, je me fiches cordialement de ce personnage. Mon objectif c’est le sorcier de l’ombre et que fait-il en ce moment ? Il attend. Pourquoi ? Car les cibles attendent. Quoiqu’il se prépare, quoi que Sacha ait prévu, ça ne m’échappera pas. Je sais quand la partie commence. Parce que j’adore ça ! »
Soudainement, ton attention se focalise sur quelque chose en particulier. Un simple bruit. Une simple détonation. Le bruit d’un coup de feu. Tu te souviens alors du conseil de ta sœur avant de partir en mission. Que ta proie use d’une arme à feu, d’un fusil pour être plus exact. Cela doit être la souris qui court dans les rues, cherchant à échapper aux nombreux chats sur le sol ou rapaces dans le ciel. Tu fixes un instant le Savoir, hochant délicatement ton visage en lui indiquant que l’objectif est tout proche. À cause de la destruction de la moitié de ton masque, ton seul œil visible s’illumine d’un bleu océan plus ravageur, exprimant que le tsunami est en train de se créer pour bientôt s’abattre sur le sable de la plage. Tu accélères la cadence, tu cours tout en tentant de ne pas grogner sur les brûlures que tu as reçues récemment à cause du phénix Akuma. Tu observes au loin une forme dans le ciel, cela ressemble grossièrement à Lavi Bookman Junior, le nouveau traître qui s’ajoute dans une liste bien trop grande pour l’Ordre Noir. Décidément, les hauts représentants n’arrivent pas à tenir ses soldats dans les rangs. Ces fuyards sont tous des lâches, mais tu préfères ne pas te pencher sur ce sujet car voilà que ton dégoût pour la nature humaine t’empêche de te lier étroitement avec ta cervelle.
Une fois sur les lieux, tu te rends compte que tu n’es pas seule. Le traître Lavi est ici, l’Exorciste Cristal également et d’autres s’il y en a mais tu n’y prêtes guère intérêt. Automatiquement, tu penses ou plutôt tu es persuadée de te rapprocher de la zone où le fugitif vient de tirer. Tu fermes tes paupières, tu retires les bruits alentour, tu te concentres sur ta respiration pendant une petite minute puis, lorsque tu frôles ton mind palace, tu peux sentir des mots, des phrases, des suggestions qui tournent autour de toi. De tes épées, tu brasses l’air pour découper les théories qui se dressent sur ton chemin. Inutile de vouloir te parler, tu n’entendras pas. Inutile de l’attaquer derrière le dos car toi la Rose noire tu verras le coup venir. Te voilà redoutable, comme l’est toujours ta grande sœur Wanda Rosalia Holmes. Enlevant la couverture de tes orbes maritimes, tu revois la scène en tant que témoin indirect. De ce moment où Sasha semble inquiet, se précipite pour charger une balle à blanc afin de repousser d’un tir de son fusil les gêneurs qui se trouvaient un peu plus loin de sa position exacte. Il y a dû y avoir un inconvénient pour que les chats perdent la piste de la souris. Peut-être de la fumée comme le brouillard des anneaux de Poséidon que tu as utilisé tout à l’heure pour échapper à Tevak et l’Akuma sous forme de phénix. Si tel est le cas, le sorcier n’est pas loin, sûrement planqué dans une de ces baraques abandonnées, désaffectées. Il ne doit pas être sur un toit car le roux borgne aurait pu le trouver facilement en haut de son perchoir.
N’ayant pas le choix, devant donc retirer tes épées qui sont chargées au maximum, tu rengaines ces dernières dans leurs fourreaux tout en récupérant l’intégralité de l’eau qui a été drainée dans les lames tranchantes de tes armes. Tu poses tes plumes sur les pavés pour ensuite évacuer le liquide aqueux de tes bagues dans le sol. Des grognements se font entendre et alors que tu deviens sans défense, des formes aqueuses, ressemblant à des fantômes d’un coup d’œil rapide, sortent de la terre comme venant des enfers pour répondre aux ordres de la sorcière. Tes cerbères ont répondu à ton appel… Le premier chien à trois têtes prendra le chemin indiqué par les flèches. Le deuxième canin se contentera de fouiller les bâtiments alentour les plus proches, soit dans un périmètre de moins d’un kilomètre car tu es certaine que la souris n’a pas réussi à courir bien loin, surtout en transportant un fusil, surtout si Apocryphos a réussi ou non à le trouver en premier. Quand à toi, ô Daughter of the Sea, tu suis de loin ton premier chien, et accessoirement les autres qui empruntent cette direction sans émettre un seul mot, une seule note amoureuse à ta moitié qui est Ada.