"en catchana baby tu dead ça" — Djésus

C’était ma première fois en Amérique et elle promettait d’être inoubliable (même si je grince des dents et des os parce qu’on ne peut pas vraiment dire (pas vraiment affirmer) que partir en mission soit une des choses que je préfère en ce bas monde (ce monde foutu et pourri et puant)) -Il faut juste que tu t’assures de bien répandre la Peur ma petite Lena hohoho une peur aussi glacial que le regard que tu me jettes là hohoho- la Peur la Peur se répand si facilement encore plus facilement qu’une simple traînée de poudre parce que la Peur est déjà là cachée vicieuse mais attentive présent dans le cœur (même dans mon cœur glacé (qui fond (un peu))) de chaque être humain qui foule de ses pieds cette planète (condamnée).

Il suffit de bien la chercher (et je vois tout) de la cajoler (doucement) de lui parler gentiment et lentement elle sort elle prend possession de son hôte et elle le paralyse et par mimétisme (évident) ses consœurs font de même et les peurs se répandent et la peur se répand (et la Peur c’est moi) et j’amène l’irrationalité la violence et la mort et de la mort sortent de (terribles) regrets et les regrets font de terribles machines (ce sont les akumas).

Ce ne fait que quelques jours que je suis là et pourtant les rumeurs se sont bien vite répandues (les vents qui soufflent et qui chuchotent au creux de l’oreille des gens qui savent écouter (ils sont rares)) les tremblements ont commencé paisiblement (paisiblement oui) un crescendo (parce qu’en musique un prélude se démarre toujours en douceur piano comme on dit pour préparer correctement l’auditeur au forte final (c’est ce qui fait que le prélude est beau sinon on dirait Chopin Chopin c’est tout plat Chopin on s’ennuie avec Chopin (et on aurait sûrement été jusqu’à oublier son nom (ou bien on ne l’aurait jamais retenu))). Et puis les explosions s’étaient faîtes plus fortes et les tremblements plus alarmants et ça y est la Peur est là (trop tard) installée et il y a déjà des morts et des regrets (et j’entends les machines pleurer (et je m’amuse).

Je m’ennuie je flâne dans les rues de la (futur ex) belle ville de San Francisco et je vois les gens inquiets ils parlent ils jettent des coups d’œil derrière leur épaule s’attendant peut-être à voir la Mort en personne leur annoncer la nouvelle (et je rigole) et personne ne fait attention à cette sale gamine qui se balade l’air joyeux dans cette ville où la Peur rôde à l’effleurement des pavés et je me demande si j’aurai de la visite quelque chose pour me divertir (parce que je m’ennuie ferme) et je me demande si je ne devrais pas frapper un gros coup ici -BOUM- au centre même de la ville et me délecter de leurs visages se déformant terrorisés.

Les rues les passants la peur les rues les passants la peur et je me réjouis et je sautille et je cherche (avec application (je prends à cœur de réaliser correctement la tâche que l’on m’a confiée (malgré tout)) l’endroit (le bon) le cœur de la ville le centre d’un cercle parfait et d’où la peur se répandrait parfaitement de l’intérieur vers l’extérieur (c’est l’infinité des rayons du cercles qui formerait l’aire du disque (parfait) et si la peur avait une couleur elle aurait été celle du disque). Et je sais (j’entends les pleurs et les regrets des machine (qui meurent)) que mon divertissement est déjà là et je sens la fébrilité remontée le long de ma colonne vertébrale et je vois le frisson d’excitation parcourir et mes mains et je me demande s’il(s ?) me voie(nt ?) et s’il(s ?) s’amuse(nt ?) autant que moi ?

Et soudainement je décide que ça sera ici sur cette grande place remplie de dizaines de personnes (du mendiant à la comtesse du chérubin à l’adolescent ils grouillaient dans un joyeux (morbide) capharnaüm telle une fourmilière paniquée dans laquelle on aurait donnée un coup de pied bien placé)) ; Et si je montais sur cette jolie petite fontaine ? Et si l’eau gelait doucement ? avant de manger la pierre et de se répandre avide sur les pavés grisonnants ? et je le vois lui qui se balade insouciamment l’image de l’uniforme des exorcistes gravé dans mon esprit ne me trompe pas et je souris (je suis folle) et je vais m’amuser (cette demi-lune démente sur mon visage). Avec son espèce de pipe bizarre (un kiseru apparemment me souffle-t-on du fond de mes pensées désordonnées) il détonne de toute façon dans le paysage contrairement à la terreur que je peux lire (je suis une grande lectrice vous savez) chez les habitants lui affiche une mine déterminée qui m’énerve (et m’amuse) profondément.

Je monte (svelte et légère (complétement dérangée)) sur la fontaine et les gens me regardent incertain et ma main glacée touche la pierre et le premier craquement se fait entendre (diabolique) et c’est le bruit de la glace qui mange le granit le bruit de l’eau qui se cristallise et la glace dévore affamée la fontaine et commence déjà à s’attaquer aux pavés et bientôt la grande place n’aurait plus rien à part l’art d’un tableau de l’hiver figé à jamais. Et les machines terriblement pleureuses se montrent et les regrets attaquent et les gens hurlent et la glace dévore et moi je ris démente et dans mes yeux dorés on pourrait voir mes vieux démons qui reviennent me hanter. Et la Peur se délecte.

C’est la chaos les gens se bousculent et n’hésitent pas une seule seconde à abandonner derrière eux ceux qui ne suivent pas les cris de détresse fusent de partout les premières larmes commencent à couler (les larmes de la peur de ceux qui savent qu’ils vont peut être mourir (et même si le peut être est une énorme inconnu dans l’équation il suffit à provoquer les sanglots les pleurs (insupportables) les humains sont faibles et ils ont peur (de la mort)) et moi devant cette joyeuse prestation je souris (arrête de rigoler) et la glace déborde (la fontaine a déjà une couleur neige immaculée) et les pavés s’ornent à leur tour de blanc et un malheureux (c’est amusant il va hurler) se retrouve coincé ces chaussures gelées immobilisées mais (tristement je voulais le voir paniquer et mourir (?)) il semblerait qu’il ne soit pas aussi idiot (que lui) il dégage ses pieds précipitamment et reprends sa course folle (un visage déformé ce masque de pure terreur).

Mon attention porte enfin sur l’exorciste (je veux me battre) et je sens l’excitation monter dans mes veines et je me demande (alors alors ?) que vas-tu faire vas-tu essayer de me tuer ? (tue moi ou je tuerai avant) mais les regrets hurlent et leurs canons sont tournés vers les civils (les innocents ? (jamais tout le monde a quelque chose à se reprocher (ils méritent donc fatalement de disparaître)) tu le vois incertaine manipuler un objet dans ses mains et tu plisses les yeux (rapproche toi viens me voir viens me tuer) je te vois te précipiter vers un regret (pauvre petite chose) et pouf il disparait (le regret) et curieuse je suis curieuse qu’as-tu donc fait ? Néanmoins soufflé par une explosion le voilà qui atterri maladroitement non loin de ma fontaine (parce que maintenant elle est mienne) et la voilà qui lance quelque chose dans ta direction (dis-moi exorciste je veux tout savoir).

Analyse en cours (si rapide car
                                                  réellement cela ne dure que
quelques centièmes de secondes (perdues)).

Veuillez patienter

…

Analyse terminée,

Récupération des données



                                   
Liquide ; Sang ; Composition : plasma sanguin 55% ; élément figurés 45% —détails ; érythrocytes (95%), leucocytes (0,2% — détails non demandés), thrombocytes (0,9%), SubStaNce InCOnnu (OU NoN IdeNtIFIAble (4%)) — InNOceNce ??

Vitesse estimée (accélération et frottements compris) : 45km/h ; visé tête ; dégâts potentiels — mortels, touchera dans 7s ? 5s ? Temps de protection estimé 3s ; esquive (détails — temps de réaction) 4s choisir ?

Ce n’est pas très gentil ça lancer des poignards bizarres à la tête des gens comme ça voyons ce genre de choses ne se fait pas je baisse la tête rapidement et le poignard (sanguin ?) vient terminer sa course dans un mur derrière (quelque part où ? je m’en fiche (haussement d’épaules)) je passe la main dans mes cheveux et je rigole je descends de mon perchoir (et déjà la glace s’attaque au premières habitations qui entoure la place je lève les yeux (?) en l’air je souris il commence à neiger. « Alors déjà c’est pas très gentil de balancer des trucs à la tête des gens, ensuite franchement si tu veux réussir à me toucher un seul projectile c’est facile à esquiver tu vois, même si celui-là il est pas passé loin, je rigole (encore), regarde. » Regarde et là mes petits (petits parce que ce sont mes bébés assez petits pour transpercer vos poitrines voyez ?)  stalactites se forment rapidement au-dessus de moi et à mon tour monsieur l’exorciste d’essayer de vous trouer ? (hahaha une passoire).  

Je vois je vois bien que tu réfléchis tu es dans une situation bien épineuse exorciste dans le pétrin comme on dit ici-bas te voilà paralysé par ma glace (ma vie mon bébé mon moi) elle dévore tout et elle te dévora exorciste sois en sûr je te tuerai (parce qu’il le faut je dois te tuer il faut que je le protège tu sais dis tu sais exorciste ? que (moi aussi) j’ai quelque chose de précieux à protéger (si précieux) et pour ça je dois inévitablement te tuer (te tuer ?))) et ma glace (celle qui mange tout) s’arrête et (le résultat c’est un cercle (le cercle parfait) si pure si beau si clair (si dangereux et si glissant (à se casser les dents (une chute si vite arrivée)) moi je marche sur ce parquet glacé si facilement je pourrais (même) danser (et si tu dansais toi aussi exorciste ?). Et des flocons aux reflets dorés du Soleil viennent éclairer mes cheveux blancs.

Mais tu es surprenant exorciste tu veux te battre (as-tu toi aussi quelque chose à protéger ?) tu veux me tuer (m’élimer me supprimer m’anéantir (c’est la négation même de mon existence) mais que fais-tu donc ? Je sais je vois je sens que quelque chose se passe derrière ton dos de comploteur mais je suis septique je dois bien avouer que je ne vois pas l’intérêt de te jeter sur ce sol gelé et quand je vois deux nouveaux poignards (les mêmes ?) se diriger pleine vitesse vers moi je (panique ? hahahaha ça t’apprendra gamine à étaler ta confiance pourtant si fragile au lieu de rigoler observe bats toi et tue le gamine) me fige (un instant fragile).


{Analyse en cours}


Liquide ; Composition identique à celui examiné précédemment (réaffiché ? non) – danger : Innocence (certitude ? non, calcul — 67% non confirmé demande d’examens supplémentaires (impossible ; fermé)

Vitesse estimée (accélération et frottements compris) : 69km/h ; visé tête ; dégâts potentiels (estimation fiable à 99,9999763848% — mortels, touchera dans 4s ? 2s ? Temps de protection estimé 3s ; esquive (détails — temps de réaction) 4s : impossible, choisir ? non. Protection estimé (79% attention incomplète) essai ?

Je réagis vite (mon corps de Noé si puissant je n’ai pas encore (vraiment l’habitude) la vérité est que j’aime tuer mais je n’aime pas me battre (c’est drôle en fait) et le mur de glace se forme rapidement devant moi (solide et fort) et j’entends le terrible crissement et la fracture et les poignards qui se sont enfoncés jusqu’à la garde dans la glace et qui se sont arrêtés à quelques centimètres de mon œil et mon vide (j’ai eu peur) et la glace se fissure car énervée (par moi-même c'est à diire que je m'énerve (seule)) moi sa maitresse je la détruis voilà les bruits terribles des cassures d’un vase qui se brise emportant avec lui ces magnifiques roses couleur sang qui allaient (me tuer) s’épanouir dans ce paysage d’hiver (si parfait) et une goutte de sang coule juste en dessous de mon œil droit (car tu m’as touché saleté d’exorciste) c’est douloureux tu sais même si ce n’est rien en fait une petite égratignure au plus mais cette foutue innocence me brûle (j’ai l’habitude donc). « Tu as fini de jouer avec ses petits poignards ridicules ? » Maintenant c’est à mon tour de jouer et je suis très mauvaise perdante et ma main se tourne vers toi exorciste les stalactites aussi et ils se meuvent et foncent vers toi (à ton tour : choisir ? oui/non ?) tu m’énerves et je veux te voir mourir avec ton sang qui viendrait tacher mon paysage immaculé. Crois-tu que ce sang formera des larmes sur la neige poudreuse ?

Avec un rictus sanglant (sanglant parce que le sang coule le long de ma joue, vient caresser la commissure de mes lèvres avant de venir tâcher délicieusement la fine couche de neige qui commence lentement à se former à mes pieds), je vois mes (précieux) projectiles atteindre leur cible (même si tu as réussi à en esquiver deux, mauvais joueur tu triches (moi aussi)) l’épaule, la main et la joue (c’est de bonne guerre je l’avoue j’ai la rancune facile) et le sang coule et comment oses-tu tâcher ce paisible paysage d’hiver que je me suis efforcée de créer ? Ne vois-tu donc pas que tu ruines toute mon inspiration artistique ? (En vérité la seule chose qui m’inspire c’est de te faire cracher ton sang) Et si nous peignons ensemble dans la neige ? Dessinons ensemble la tombe dans laquelle je vais t’envoyer à jamais, tâchons le blanc et créons (soyons des artistes sanguinaires) je crois que l’adrénaline du combat commence à avoir raison de mon équilibre psychique hahaha je vais te tuer exorciste.  (oui non ?). Amuse-moi.

Il se relève pitoyablement et je peux lire la haine et la rage qui l’animent sur son visage et je fronce les sourcils ce n’est pas drôle tu es vraiment un tricheur tu devrais hurler et je devrais voir la peur déformer ton visage, pourquoi me prives-tu donc de mon plus grand plaisir ? Tu es déjà bien amoché alors que tu m’as à peine effleurée, que crois-tu donc encore pouvoir accomplir ? J’ai un peu pitié de toi je veux bien l’admettre (je suis folle mais pas encore imperméable à toutes émotions (c’est que quelqu’un est en train de faire fondre mon cœur (tout doucement))) mais je dois t’abattre car je dois abattre ceux qui se dressent devant le Comte (je te déteste (car (tu sais) je déteste les gens donc par syllogisme (je déteste les hommes tu es un homme donc) je te déteste)) et revoilà un de ces maudits poignards mais je me demande si tu sais que plus tu me montres plus je comprends et plus je trouve le jeu amusant (même si la balance commence à tristement osciller vers mon côté de l’échiquier).

{Analyse en cours (eNcoRe ?) }

Liquide ; Composition identique à celui examiné précédemment (connaissance acquise) – danger : Innocence (certitude ? oui, présence ? toutes cellules (impossible ? ; accepté) — Sauvegarder ? oui/non ? oui. Sang = Innocence ; hypothèse vérifiée ; validation en cours ; validée.

Il s’approche ridiculement de moi et tu me fais pitié mais tu m’amuses si fort que s’en est grisant  « je vois, je pensais qu’il y avait de l’innocence dans ton sang mais en fait l’innocence est ton sang pas vrai ? mmmh que crois-tu donc faire ? dis ? tu veux me tuer ? » et mon œil fou de regarde avancer tu ressembles à un condamné et je me ferai une joie d’être celle qui aura l’honneur de devenir ton bourreau, je descends d’un bon léger de mon perchoir  « dis ? tu ? veux ? me ? tuer ? » mon bras doucement se gèle et une couche de glace vient grignoter jusqu’à mon épaule (c’est l’heure de manger) rapide, je m’avance et dans un sourire dément écrase mon poing glacé sur sa poitrine l’envoyant valser un peu plus loin  « c’est pas comme ça que tu vas y arriver tu sais ? relève toi exorciste, viens m’amuser encore un peu » .

Mon poing l’atteint de plein fouet et je le vois s’écraser au sol avec un petit sourire satisfait, il tente laborieusement de reprendre son souffle devant ton visage à l’expression perpétuellement moqueuse (s’amuser, se dire qu’on est dans un jeu et qu’il y aura toujours la bouton « recommencer » qu’on me meure pas vraiment, qu’on ne souffre pas vraiment (juste un jeu) que ce soit toi ou moi (c’est-à-dire que si j’obtiens le terrible game over je peux toujours choisir le « reprendre à la dernière sauvegarde » (peut-être que c’est parce que Soren n’as pas choisi cette option que j’ai été effacée ?) ou s’amuser pour oublier (finalement l’Oubli est toujours là, présent) s’amuser pour oublier qu’on ne s’amuse pas et que la guerre n’est pas un jeu)(se moquer, pour s’éloigner, oublier qu’ils existent, pas de noms, pas d’empathie, pas de passé, pas d’histoire, juste des formes à abattre, et froidement exécuter (les)).

Il y a la rage dans tes yeux exorciste, si forte, si intense, (si triste déjà) que je me demande même qui est le plus monstrueux d’entre nous (moi, l’oubli m’a fait changer, m’a sauvée sûrement, pour lui, cette rage pourrait être dans mes yeux aussi tu sais ?) et tu me lances ce regard empli de haine (et je me dis que tu es déjà perdu exorciste) et en y réfléchissant j’aurai du immédiatement te tuer à ce moment-là car (perdue dans mes pensées, il y avait Soren), j’ai été négligente, probablement trop confiante ; il se relève d’un coup et surprise je recule d’un pas (réflexe traître car ainsi gamine ton équilibre est bien précaire tu sais mais voyons comment tu te débrouilles)

Vitesse de la chute estimée (accélération et frottements compris) : 1,2 m/s ; visé gorge ; dégâts potentiels (estimation fiable à 94,08% — mortels, touchera dans — ? Information incomplète. Temps de protection estimé — ErrEuR impossible ; esquive (détails — temps de réaction (non renseigné)) : eRReuR ? impossible, choisir ? non. Pas de solution au problème. Ouvrir sauvegarde ? —

Dans un réflexe de survie primaire j’agrippe le poignet avec lequel il tient son poignard mais emportée par sa force, et l’élan que lui a donné ma glace dans sa chute, je tombe vers l’arrière impuissante, ma main se resserre sur son poignet et alors que mon dos touche le sol son poignard vient s’enfoncer dans mon épaule, je laisse un sifflement aigu m’échapper (foutue innocence et foutue pouvoir) tu m’énerves à t’accrocher à la vie comme un parasite alors que tu es pris jusqu’au cou dans la toile de l’araignée (qui va bientôt venir te dévorer) dans un cri de rage je l’attrape par le cou de mon autre main et inverse nos positions, ma glace se fissure sous la force de l’impact (tu vas mourir maintenant) comment as-tu osé me blesser ? alors que j’avais promis ? je lui avais promis de faire attention et toi ? tu as tout gâché. « crève » . Et mes doigts qui se recouvrent de gel et qui enserrent ton cou presque délicatement, le poignard toujours fiché dans mon épaule meurtrie, ma respiration irrégulière.

Et lentement je veux voir la vie quitter tes yeux et ton corps je veux te voir mourir (et je savais déjà à ce moment-là que je ne pourrais jamais changer (triste moi et triste Soren (surtout triste moi))) je me délecte du tableau qui s’offre à mon œil solitaire (triste (si triste si fou si perdu (dans les abîmes de la folie))) et l’air qui quitte à jamais tes poumons tes vaines tentatives de retrouver de l’oxygène et la glace qui toujours plus enserre ton cou (si fragile ton cou d’humain faible) tu es si faible exorciste et la douleur sourde de mon épaule (car c’est toujours la même épaule encore et encore inexorablement sanglante pauvre épaule (je me souviens de l’autre exorciste) et la rage commence à enfoncer ses serres aiguisés dans mon cœur fatigué (mon esprit malade (si malade que même lui (un jour ?)). Et la douleur de l’innocence qui se répand et mes muscles qui se crispent et mes dents qui se serrent et m’exorciste qui meurt.

Je comprends trop tard quand je vois sa main bouger (si tard si lente) il agrippe le poignard encore profondément enfoncé dans mon épaule (est ce que l’on appelle l’énergie du désespoir ? (non toi tu es juste plein de haine (une haine que tu cherches à déverser à tout prix (comme moi ? non moi je la cache (parce que je suis lâche ?))) l’arme te lacère le bras jusqu’à la brisure de mon coude et ma chair tendre s’ouvre et les muscles crispés se déchirent et moi impassible (je hurle intérieurement) je lâche son coude et ma main lentement (elle tremble de (haine ?)) vient se poser sur la sienne et le poignard lentement est retiré sous la force de ma poigne (toi exorciste tu respires comme si ta vie en dépendait (car elle en dépend) tu cherches frénétiquement des goulées d’air frais) et la plaie de mon bras béante pleure, et le sang coule chaud (et je ne supporte pas la chaleur) et la glace rouge se cristallise autour de la blessure pour arrêter l’hémorragie et mes yeux (mon œil fou si vide) vient se poser sur ton visage encore blême et (pourquoi tu ne meures pas ?) ;

Et lentement je me redresse et mon bras intacte (et renforcé de la glace (blanche immaculée)) vient s’écraser sur ton visage en plein sur ton nez (ton nez exorciste il se tord dans un craquement sinistre et c’est drôle tu sais c’est ton innocence que je vois couler le long de tes narines) et je recommence encore une fois (celle-ci je l’admets c’était pour le plaisir) je me relève lentement mon bras droit pendouillant lamentablement (orné de glace rouge et dans ce paysage ravagé (figé dans la neige) « dis ? pourquoi tu ne meurs pas dis ? » Pourquoi n’es-tu pas encore mort ? Pourquoi me fatigues tu comme ça exorciste ? Pourquoi n’abandonnes-tu pas ? Pourquoi t’accroches-tu à la vie comme ça ? et mon pied qui vient s’écraser contre ton estomac et toi qui te tords de douleur et moi qui regarde impassible et quand la rage vient animer de nouveau mon visage c’est un dernier coup de pied qui te fait voler, puis atterrir lourdement sur la fontaine oubliée qui gisait encore par là.