[INTRIGUE, CHAP. VII. PHASE V. GROUPE IV] sebastian, edith, saphira & pandélis

Et la peur et la haine et l'anxiété et la rancune et la terreur, tout ça fut balayé à la simple vue de Célania. Son point de repère. Tout était tracé : maintenant qu'elle avait retrouvé la trace de la Bleue, il ne pouvait plus rien lui arriver. Et le plus important de tout : elle allait rentrer chez elle. En sécurité près des autres Pacificateurs et toute cette journée ne serait qu'un cauchemar de plus à rajouter à sa -déjà trop longue- liste. Qu'importe le pourquoi ils s'étaient retrouvés ici, à partir de maintenant, Saphira ne voulait que s'en aller bien loin de cette ville de malheur.

Tout lui échappe : la mission, le combat, même le contrôle de son Innocence qu'elle maîtrisait pourtant si bien. Et elle déteste ce sentiment. L'impression d'être inutile, de ne servir à rien. De n'être capable de rien. Si elle s'était enfoncée plus profondément dans la guerre, c'est pour justement trouver une utilité à ses valeurs et à sa fuite. Pour être capable de tout arrêter. Elle pensait tellement pouvoir le faire Saphira, car boostée par cette idée nouvelle, elle s'était crue capable de tout. Elle aurait pu soulever des montagnes et complètement changer le monde ! Elle avait toujours été très positive quant à ses capacités.

mais là, deux échecs simultanés, aussi gros? c'était trop. Et le pire, le pire dans tout ça?
C'est que ce n'était que le début.

Alors qu'elle était prête à établir un plan pour repartir et échapper aux akumas, voilà qu'à nouveau la Guerre la rattrape.

Et à nouveau, la situation lui échappe.

Elle n'eut pas même le temps de dire un mot. En quelques secondes, le Cauchemar s'était téléporté à elle et elle n'eut le temps que d'arborer une mine effrayée elle savait très bien ce qui l'attendait, elle n'aurait pas le temps pour réagir et ne pourrait que subir à nouveau avant que sa main ne s'étale sur sa joue, dans une violente gifle. Elle fit quelques pas en arrière, portant la main à sa joue, choquée tout d'abord puis en colère -personne n'avait jamais osé la frapper de la sorte- puis interloquée. pourquoi? Il aurait très bien pu l'attaquer, pourquoi l'a-t-il juste frappée ainsi, comme ça?

Et puis, elle vit la raison. Enfin plutôt, elle comprit, car justement, elle ne voyait plus. Son environnement n'était que ténèbres et elle se mit à paniquer un instant, se tournant et se retournant sur elle-même. Impossible, c'était impossible, elle ne pouvait pas ne plus voir.

Et si elle restait ainsi pour toujours?
Et si c'était la dernière fois qu'elle apercevait les couleurs et monde, si beau -celui qu'elle s'évertue à sauver-?

Toutes ses pensées l'accaparaient, le Papillon proche d'une crise d'angoisse -la respiration rapide, les larmes qui montent et le corps qui tremble, elle ne connaît que bien- avant d'entendre le combat qui semble se mettre en place. Les poings crispés, elle tente de se calmer au mieux et de se tourner vers les origines des bruits, portant une main dans sa chevelure dans un geste tout sauf assuré.

- Pandélis ! cria-t-elle alors, ne pouvant évaluer la distance la séparant de l'Exorciste, je... je ne vois plus rien... vraiment rien... il faut que tu m'aides ! dit-elle avant de tenter de calmer sa respiration, à nouveau, secouant la tête et fermant fort les yeux pour chasser les larmes venant, s'il te plaît...

En même temps, ses cheveux prirent forme entre ses doigts et lorsque sa main sortit de sa chevelure scintillante, elle était attachée à une lance d'Innocence. Arme pratique pour tenir les ennemis à distance -surtout quand on ne les voit pas- venant alors la saisir à deux mains, d'une manière mal assurée et tâtonnante.

- Vraiment... ça ne sert à rien ce que vous faites, dit-elle, semblant s'adresser à l'akuma responsable de ses ténèbres tout en crispant ses mains sur son arme, on ne veut pas se battre. Je... on veut juste s'en aller !

Juste s'en aller. C'est toujours tout ce qu'elle avait souhaité depuis le début de cette Guerre qui lui avait tout pris. Absolument tout.