[INTRIGUE ; NOÉ AND CO] CHAPITRE IX — CHOEUR I ; ZERZURA

Le sable fouette mon visage les grains de sable se collent à ma peau grisée alors que je tente d’avancer c’est difficile vous savez c’est vraiment difficile ce n’est pas parce que l’on est Noé que l’on sait tout faire comme marcher sur le sable et les dunes je m’enfonce de plus en plus au fur et à mesure de mes pas voilà j’ai toujours dit qu’il n’y avait rien dans la nature que je n’aimais pas en fait je n’ai rien dit j’ai trouvé, le désert c’est horrible

Ça sent la mort
Il porte le rien
Et le rien c’est vraiment peu inspirant

Pourtant la mort le saviez-vous est une des meilleures inspirations avec la tristesse l’amour la joie enfin toutes ces émotions très fortes que l’on ressent tous finalement et même si parfois je me demande si j’en suis réellement pourvue ou si je ne fais qu’imiter ce que je vois ce que les autres ressentent m’affecte et donc je ne sais pas trop finalement comme d’habitude, je finis un peu perdue par toutes mes questions.

Pourtant l’heure n’est pas à la perdition car se perdre dans un désert c’est ne jamais plus pouvoir se retrouver alors j’avance j’avance je vous promets que je fais de mon mieux, je me suis mise en arrière parce que je ne veux pas gêner ceux qui peuvent avancer avancent et moi je les rattrape une fois que j’ai compris le rythme que je dois appliquer c’est comme une musique, une partition, il faut juste pouvoir trouver son rythme et ainsi ne plus se perdre.

Les anciennes bâtisses se lèvent et je ne peux cacher mon étonnement mon admiration c’est vraiment je ne sais que dire ils ont élevé leur grandeur fut un temps et même si maintenant elle n’est plus que ruines je ne peux que comprendre toute l’ingéniosité la créativité l’imagination tout ça je le ressens cela a dû être grandiose à une époque une époque où peut-être nous étions présents et je n’en ai souvenir mais je ne peux que m’imaginer au milieu de toutes ses ruines, dansant, peignant, observant le monde vivre et tourner comme je l’ai toujours fait

Et je dois bien avouer
Que cela m’enchante un peu

Les étoiles dans mes yeux brillent un peu alors que je me rapproche et oh qui vois-je là Typhaine ? j’aimerais te demander ce que tu fais à terre mais bon je sais qu’avec toi il y a beaucoup de questions et souvent peu d’explications c’est juste comme ça que tu le sentais et moi j’aime bien tu sais alors je passe mes doigts dans ma chevelure argentée, les démêlant du sable alors que je m’arrête à tes côtés, chacun part de son côté mais toi tu restes là

Ils sont là dit l’Amour ils sont là mais où sont-ils je les sens aussi et pourtant je ne vois rien alors je m’accroupis auprès d’Atreus parce que j’ai mal aux jambes et je t’écoute attentivement alors que j’observe nos frères et sœurs s’en aller vers l’exploration de cet ancien mythe à la recherche des disparus

Il n’y a pas rien à faire tu sais justement
Il reste tout à reconstruire

Je tourne la tête je te souris gentiment tu sais Typh je n’ai pas envie de partir de rester seule je me sens en sécurité quand je suis avec toi sinon j’ai l’impression que le danger vient de partout qu’il peut m’engloutir et pourtant toi la glorieuse toujours courageuse je ne sais pas dans un sens tu m’apportes l’apaisement que je cherche en combat la sécurité l’assurance que je ne pourrai jamais me perdre alors tu sais je ne pars nulle part sans toi

« Je n’ai pas envie de m’aventurer là-bas sans toi » c’est un murmure presque un aveu parce que je suis un Souvenir je devrais ne pas avoir peur et pourtant l’Innocence m’enrage me rend triste me blesse et je suis si effrayée car je me sens si impuissante alors s’ils venaient moi je ne sais pas ce que je ferais « alors je reste ici. » je souffle un peu alors que je me redresse je regarde les autres qui avancent en groupe et je suis rassurée personne n’est seul alors tu sais Typhaine moi je ne te laisserais pas seule non plus « tu sais, ce sont dans les ruines comme celles-ci que se sont écrites les plus belles histoires, les plus belles batailles et les plus belles victoires » je ne sais pas vraiment ce que je dis mais

Je ne suis pas seule
Alors je ne suis plus perdue

Parce qu’aller en ville serait évidemment trop simple. Non, après le volcan et le Vatican, la destination idéale était une oasis en plein désert. Sérieux, qu’est-ce que je fous là ? Le sable me colle à la peau, parasite mes voies respiratoires malgré le foulard sur mon nez et le soleil tape comme jamais. Je soupire un instant, fermant les yeux avant de continuer d’avancer.

La tempête fait rage, le vent et le sable combinés empêchent toute visibilité correcte. Pourtant je sens quelque chose. Ce quelque chose réveille la rage en moi : c’est l’Innocence. Evidemment que l’Ordre Noir allait rappliquer. J’espère juste qu’il ne s’agit que d’eux et pas d’une Innocence plus puissante. Mieux vaut s’avancer de manière prudente.

Mais sérieusement, quand je regarde certains de mes camarades -oui je vise les Jasdebi-, je me dis que la prudence ne sera pas adoptée par tous. Ce n’est rien. Ils n’auront qu’à foncer dans le tas, ce sera une bonne distraction pour les ennemis pendant que nous pourrons nous occuper de ce qui nous amène ici.

Typhaine est assise dans le sable, l’air las alors que chacun part de son côté, en groupe. Celle qui est restée seule est Bonnie. J’expire, l’air rassurée. Au moins, je ne dois pas me taper un boulet. Je m’entends bien avec l’Amour et je sais qu’elle sait agir avec discernement. On s’est déjà retrouvées ensemble dans des situations similaires. Cocasse dans un sens qu’on finisse toujours avec les mêmes personnes.

Je m’active un peu pour la rejoindre alors qu’elle parle. Ils sont déjà là. Ce n’est qu’une gêne parmi tant d’autres finalement, comme les grains de sable qui nous empêchent de respirer. Ils peuvent bien être là. J’espère surtout pour eux qu’ils ne croiseront pas notre chemin.

« Je reste avec toi » lui dis-je alors que j’arrive à sa hauteur « Soyons prudentes. Même si je te fais entièrement confiance, je n’aime pas vraiment cette tempête de sable » d’un œil qui peut paraître dédaigneux pour quelqu’un d’externe, j’observe les ruines qui nous entourent. Ce sont de supers cachettes pour poser des pièges ou pour nous prendre par surprise.

Nous n’avons pas encore localisé nos ennemis et ça m’ennuie fortement. Je ne me laisserai pas avoir. Je ne nous laisserai pas avoir. Je tends alors la main et invoque la classe Rider. C’est Chrysaor qui a été choisi. Je suis rassurée. Avec Pégase, ils pourront prendre de la hauteur pour voir ce qui nous est inaccessible.

« Chrysaor, va et repère les environs. Viens me rapporter la moindre chose intéressante ou suspecte. Si tu vois un porteur d’Innocence, tu redescends immédiatement pour nous prévenir et nous indiquer sa localisation. » Sur un vigoureux hochement de tête, le guerrier part sur sa monture, armé de sa lance. Je porte mes mains en visière, l’observant voler avant de me retourner vers Bonnie. « Nous prendrons moins de risques ainsi. Et nous saurons vers où nous diriger ou pas. »

Car il y a des erreurs que je refuse de reproduire à nouveau. Aujourd’hui, nous avons une mission, et je refuse d’échouer. Encore.

Overnight
Makin the world my own
Moi je veux le monde

Je veux le monde il me manque ce monde où j’étais reine pourtant j’ai l’impression qu’il n’est pas si loin, peut-être était-ce hier, peut-être jamais me diriez-vous mais j’y crois savez-vous à ce monde inspirant et c’est drôle de dire ça lorsque je clame toujours haut et fort que les choses les plus inspirantes sont la mort l’amour la tristesse la joie finalement c’est bien beaucoup pour pas grand-chose

Penses-tu que nous les trouverons ici ?
La mort l’amour la joie la tristesse
Penses-tu que nous pouvons toutes les rassembler dans ce vaste désert ?

Moi tu sais je ne sais pas vraiment mais je pense que ce qui s’annonce sera grandiose et même si je pleure finalement j’y trouverai quelque chose d’inspirant et alors je me sentirai un peu plus vivante parce que c’est cela aussi l’inspiration, trouver le beau dans le mauvais et le mauvais dans le beau et s’en servir comme d’un instrument, comme d’une arme, comme d’une larme.

C’est un peu ce que tu es finalement la gloire on la trouve dans le mauvais comme dans le beau elle peut être synonyme de tout et de rien tout dépend de celui qui la tient tu vois voilà c’est exactement ça la gloire dépend de celui qui la tient dans le creux de sa main, en sera-t-il digne ? et toi ? et moi ? sommes-nous dignes d’un tel fardeau ?

Je regarde les autres partir j’aimerais leur crier de ne pas se séparer de ne pas se perdre j’ai peur pour vous mais ma voix n’est pas assez puissante, elle ne porte pas jusque là-bas alors je me tais dans le silence je m’y complais finalement je leur fais confiance mes frères mes sœurs nous sommes ce qu’il y a de plus inspirant

Alors montrez-leur s’il vous plaît
Et surtout revenez-moi.

Je ris doucement à la remarque de Typhaine « oh tu sais, l’histoire est écrite par les sages et les raisonnables. Mais ceux qui la vivent, ceux qui m’inspirent moi et les autres, ce sont les audacieux, les ambitieux, ceux qui foncent vers les opportunités et qui voient quel genre d’explosions ça peut créer » une explosion de couleurs de chaos de sons de lumière de bataille de sang je n’en sais rien mais ce que je sais c’est que l’on retient ceux qui osent et moi je te retiendrai Atreus car tu es de ceux que les peintures décrivent donc j’ai chanté les louanges bien sûr.

Pourtant tu sais, je ne te le dirais pas mais j’ai un mauvais pressentiment, quelque chose de mauvais se prépare et je ne sais pas si je serai en mesure de l’endiguer tu vois je ne pense pas être un mur face à la tempête loin de là je n’ai pas cette audace moi je suis

Et bien je suis ce que je dois être
Ce que les autres ont toujours voulu que je sois
Car c’est là ce qu’est l’Inspiration non ?

Et si des autres j’étais séparée ta question me surprend alors je fronce les sourcils avant de m’adoucir il le faut bien un peu de douceur dans cette tempête qui nous mord et qui menace de nous emporter je réfléchis « et bien j’attendrais que vous me retrouviez » je dis ça naturellement en souriant c’est vrai j’ai déjà durant les treize dernières années dût me battre seule mais je ne tiens jamais longtemps Typhaine tu sais ce n’est pas que je suis faible c’est juste que

Je suis celle qui donne les armes aux autres
Je les reforge selon les besoins et les empêche de tomber

« je suis très forte pour me cacher mais ça je pense que tu t’en doutes » je ris doucement « c’est fait exprès. Seuls vous » et par vous j’entends vous les vrais humains, les noés, mes frères, mes sœurs « pouvez me retrouver. Vous savez qui je suis sans me voir. » puis je hausse les épaules, ramenant mes bras autour de mes genoux « Mais nous ne serons pas séparés. Je le sais. Je te fais confiance. Tu feras des merveilles.»

Oh je sais que tu ne me laisseras pas mourir que tu ne laisserais rien m’arriver c’est bien pour ça que je me sens en sécurité avec toi que je me sens inspirée je me sens glorieuse parce qu’avec toi à mes côtés, nous aurons le monde sois-en certaine.