Tu étais restée stoïque tu n’avais rien dit (rien dit du tout tu avais attendu (que ? Quelque chose ? (je ne suis bonne qu’à attendre (c’est que probablement j’attendais))) en réalité tu avais arrêté d’écouter (tu t’étais arrêtée d’être là car (Bonnie ?)) tu étais restée à Bonnie est partie (encore Bonnie) Bonnie n’est plus là (est ce qu’encore une fois je t’ai perdue Bonnie (suis je donc condamnée à vous perdre encore et encore (Bonnie je dis ton nom Bonnie (où es tu ? (partie))) et tu regardais (Lena c’est le tien (ton nom elle l’avait dit et tu te souviens de ses bras chauds (les bras chauds de Bonnie)) récupérer Bonnie c’était l’objectif et tout détruire la finalité (c’était la fin ? (la fin?)) le combat inévitable (et nous irons (nous irons tous nous battre (et (nous) détruire ? (mais toi tu es déjà en mille morceaux donc (encore (encore ? (toujours))).
Mais tu te souviens (tu n’oublies pas toi (si tu oublies Lena alors qui leur rappellera? tu ne peux pas oublier) tu te souviens avoir regardé ses yeux bleus (et avoir pensé tristement aux reflets de la glace) et tu as dit (tu te souviens) que tu voulais protéger (surtout que tu les protégerais (et pourtant Bonnie?). Et tu savais (tu avais décidé alors) que tu irais les prévenir (pour en fait nous protéger) tu t’étais éclipsée (la mine livide) blanche de la stupeur à la colère c’était maintenant la panique qui te broyait la poitrine (qui t’ensevelissait méticuleusement (tu étouffais)) et tu t’engouffrais dans des couloirs que tu ne connaissais pas (car ce n’était jamais les mêmes couloirs et) la main posée sur le mur (toujours (comme pour pouvoir retrouver mon chemin si jamais (tu te perdais ?)).
Tes mains tremblent (et ce n’est pas le froid) tu restes un instant interloquée devant ces mains tremblantes (drôle ? c’est drôle Lena (que tu aies froid tu comprends ? Lena)) tu fermes les poings les rouvres (et?) tu contemples tes mains parfaitement statiques (comme si tu avais rêvé (si seulement)) et ce sentiment oppressant qui revient (il t’envahit et je me demande si je vais perdre le tête (à se demander si on peut perdre quelque chose que l’on a déjà perdu (tu crois qu’on dira en rigolant de toi que tu doublement folle Lena ? (qui sait je n’écoute pas les chuchotements des corbeaux (je veux juste entendre Bonnie redire mon nom (une dernière fois avant de disparaître (tu pars Bonnie?))) tu t’avances la gorge sèche vers le manoir (et Célania ? Est ce que tu seras là ? (est ce que tu voudras bien m’aider encore une fois ?) et je me raccroche désespérément à ce prénom comme si (comme si une fois encore ) une fois que j’arrêterais de le dire il se désagrégerait en un simple tas de sable fin (qu’on oublierait).
Tu entres dans la bâtisse et ton regard parcourt rapidement le hall d’entrée afin de constater que ce n’est pas là que tu trouveras ce que tu cherches tu ne t’arrêtes pas tu ne demandes pas (tu ne sais pas tu n’as pas le temps (probablement)) tu montes les escaliers quatre à quatre (tu cours à peine essoufflée) et bifurques immédiatement dans le couloir qui tu l’espères te conduira jusqu’à elle (Célania ? Tu?) et les larmes te montent aux yeux lorsqu’enfin tu la vois et de ta voix brisée tu prononces son prénom (encore une fois avant que le sable ne se disperse) : « Célania… ». Tu t’accroches à elle car (nous irons nous battre (et détruire) nous regarderons ensemble le sang tâcher le champ de bataille marquer nos âmes à jamais) je dois te dire Célania (c’est le Comte c’est Bonnie et c’est la guerre).